Publié le 19 Nov 2020 - 06:27
NON DISPONIBILITE DE L’ENVELOPPE DE L’ETAT

Menaces sur le Programme élargi de vaccination

 

Le coordonnateur du Programme élargi de vaccination (PEV), Dr Ousseynou Badiane, est revenu, hier lors d’un atelier, sur l’impératif, pour un pays, de disposer de vaccins contre différentes maladies. Il invite l’Etat a donné l’enveloppe destinée au programme pour ne pas mettre en péril les acquis et risquer des ruptures de vaccins.

 

Le plus grand défi de la vaccination est le financement. Le Sénégal est trop dépendant des partenaires. Pourtant, l’Etat gagnerait à investir dans le domaine de la vaccination qui est un moyen de sécurité pour la population. Selon le coordonnateur du Programme élargi de vaccination (PEV), l’Etat devait verser 3 milliards 117 millions F CFA au programme en 2019. Ce qui n’a pas été fait. Une note a été envoyée à l’autorité pour lui signifier qu’elle n’a pas respecté ses engagements. Et cette année, la situation ne s’améliore pas autant que cela, puisque seule la moitié de l’enveloppe a été donnée. Il l’a dit, hier lors d’un atelier de travail avec des journalistes, organisé par la Direction de la prévention du ministère de la Santé et de l’Action sociale.

Egalement, il faut noter que c’est une ligne de transfert que l’Etat devrait verser à la Centrale d’achat. C’est avec cet argent que les commandes de vaccins sont payées par l’Unicef. ‘’S’il n’y a pas ces fonds, on risque des ruptures de vaccins. Ce qui est déplorable. Vacciner, c’est prévenir et protéger les populations contre les maladies visées par le Programme élargi de vaccination’’, soutient le docteur Ousseynou Badiane.

C’est d’ailleurs pour cela que le coordonnateur du PEV affirme que l’Etat doit acheter les vaccins. Il soutient que ‘’la vaccination est trop sérieuse pour être assujettie à des jeux’’. Aussi, ‘’l’Etat n’organise pas des matchs pour acheter des armes. Les armes servent à la sécurité, donc à la prévention, au même titre que les vaccins. C’est pourquoi l’Etat doit acheter les vaccins et pas le contraire‘’, a-t-il appelé.

Il s’exprimait en marge d’une rencontre sur le sujet organisée par la Direction de la prévention. L’idée étant de renforcer les capacités des journalistes qui traitent les informations relatives au PEV.

Par ailleurs, le Dr Badiane ne fait qu’alerter. Car, aujourd’hui, il n’y a pas de rupture significative notée. Il n’empêche, pour assister à une rupture de quelques vaccins au niveau mondial, comme celui contre la fièvre jaune en 2016, il est d’avis qu’il faut rappeler l’importance des vaccins. 

Aujourd’hui, le Sénégal a de quoi s’enorgueillir. Il a un taux de couverture de 93 % de vaccination concernant la rougeole et le Penta 2 au niveau international. En 2018, il y a eu une baisse de 3 % des performances concernant le HPV. Pour rappel, le Sénégal est à 70 % du taux de vaccination. L’impact de la Covid sur la vaccination est général. Entre mars, avril et mai, il est noté une chute de 10 %. Depuis juin, les choses sont en train de remonter, même si le personnel de santé n’a pas informé les parents pour qu’ils ramènent les enfants. Le total des chutes peut être estimé à plus de 50 %.

Un gap à résorber le plus tôt possible, car, comme l’a fait savoir Sokhna Ndiaye Ndour du Service national pour l’éducation et la santé (Sneips), la gamme d’antigènes du PEV vise la protection des enfants contre 13 maladies évitables. Le PEV existe au Sénégal depuis 1979 et reste un programme dynamique   et performant.  Il vise la réduction de la morbidité et de la mortalité liées aux maladies évitables par la vaccination.

Selon l’EDS de 2017, le pourcentage d’enfants qui n’ont reçu aucun des vaccins du PEV n’est que de 3 %.  Cependant, selon les données du PEV, on a noté une baisse des performances en 2018. Celle-ci est liée au mouvement social dans le secteur de la santé et aux fausses informations sur les vaccins, en particulier sur le HPV. Le bilan du premier semestre 2019 montre une reprise et une réelle progression des couvertures vaccinales.

VIVIANE DIATTA

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