Publié le 27 Dec 2019 - 01:18
NOTE DE LECTURE – ‘’UNE FEMME ROC’’

L’homme, ce ‘’diable…’’

 

Accusés d’être à l’origine de la souffrance de la gent féminine, les hommes sont appelés à la barre par Mame Famew Camara, dans son livre ‘’Une Femme Roc’’, publié aux éditions L’Harmattan. Le réquisitoire est sévère.

 

‘’Une Femme Roc’’. Ne vous fiez pas au titre : le personnage principal du livre de Mame Famew Camara n’est pas si coriace qu’il le laisse imaginer. Elle s’appelle Faly, son époux Damel. Très doux et attentionné au début du mariage, ce dernier commence à montrer son vrai visage, au bout de quelques années d’union conjugale. Distant, menteur, manipulateur, réservé… Il est tout sauf le mari modèle qu’espérait trouver Faly. Et comme pour la narguer, il rentre quand il veut, à n’importe quelle heure de la nuit. Pourquoi un changement si brutal ? Faly veut comprendre. Mais elle a peur de découvrir la vérité.

‘’J’étais prête à tout, mais soudain une peur bleue m’envahit. Brusquement, l’idée du divorce me vint à l’esprit. Je perdis, sur le coup, toute l’énergie et toute la force morale qui m’habitaient, car c’était impensable pour moi d’aller jusque-là. J’aimais mon mari. Je devais juste le transformer en l’homme qu’il était’’, se résigne la Roc, impuissante.

Paradoxalement, Faly avait pour métier de s’occuper, en tant que membre d’une Ong, des Droits de l’homme, particulièrement ceux des femmes qui souffrent dans leur foyer. Elle en a vu de toutes les couleurs. A chaque fois, elle s’est évertuée à donner de bons conseils. Maintenant que ça lui tombe dessus, elle en perd tous ses moyens, même sa langue. ‘’C’était comme si je devais m’entretenir sur un problème de vie ou de mort. On me reprochait toujours de voir plus que ce que tout le monde voyait, d’en faire toujours trop’’, finit-elle par se consoler.

Dans cet ouvrage de 197 pages publié aux éditions L’Harmattan, l’auteure peint l’homme dans toute sa vilénie, la femme dans toute sa fragilité, la société avec toutes ses tares. Une véritable tragédie de la femme ‘’sunugalienne’’ que tente de décrire Mme Camara, à travers différents personnages assez singuliers. Le mal de Faly persiste. Sa douce moitié, plus que jamais désagréable… La manipulant et l’humiliant sans cesse. Puis, l’heure fatidique arriva. La femme Roc décide d’en finir avec le tabou.

Sur la corniche, le beau paysage qu’elle avait l’habitude et le bonheur de fréquenter semblait plutôt terne. Tout était hideux à ses yeux, voire morne. Arrivée chez elle, elle salue à peine sa voisine avec qui elle avait pourtant l’habitude de discuter. La causerie qui s’ensuit est simplement épique. Calmement, Faly interroge son époux. Mais ce dernier, tout furieux, fait feu de tout bois. Voyant que l’état de son épouse se dégradait, Damel décide de calmer un peu le jeu. ‘’Je suis le même, chérie. Pourquoi tu cries ? Il n’y a pas de raison. Je t’aime’’, lui dit-il simplement. Suffisant pour calmer la douleur de son épouse que l’amour a fini de rendre aveugle.    

Ainsi à ‘’Sunugaal’’, mariage rime avec malheur, si l’on en croit l’auteure. Et cela se voit à travers les dialogues passionnants et riches d’enseignement entre Oumou, Sala et Nafi aux pages 19 et suivantes. Si ce n’est l’infidélité des hommes, c’est tout simplement leur violence, leur irresponsabilité ou la polygamie dans ses aspects les plus vils. ‘’La peur de la solitude est souvent source des problèmes conjugaux. Car, estiment-elles, lorsque la femme n'ose pas mettre sur la table ses frustrations pour qu’avec son mari ils puissent trouver ensemble une solution, elle restera toujours à la merci de ce dernier’’, si l’on en croit le diagnostic.

Autre thématique abordée : c’est l’importance de la lecture, de l’éducation et des livres. Contrairement à la plupart de ses pairs à ‘’Sunugaal’’, Faly, la passionnée de lecture, se croyait ainsi émancipée. Elle raconte : ‘’C'est grâce aux livres que je vole, je vogue suivant mes convictions. Je suis là, je peux danser, sauter de joie, crier mes peines et surtout dire non. Non à tout ce qui n’est pas moi, à tout ce qui est pesant, tout ce qui me piétine et me ferait mal. Ainsi je sens mes ailes. Je les sens fortement ancrées dans mes valeurs et prêtes à me faire décoller à tout moment.’’

Maintenant, la voilà clouée à terre. Incapable de dire ‘’non’’ à son bourreau de mari qui se joue d’elle comme il veut. Elle ne sait que faire. Pour noyer sa douleur, se libérer de l’engrenage dans lequel l’avait jetée son mari, elle plonge dans la lecture. ‘’Lire, c’est se libérer. C’est échanger avec le monde extérieur, avoir une opinion différente de ce qu'on avait sur un point spécifique. Imaginer des scenarii différents…’’, explique-t-elle. Avec son époux, elle aurait souhaité un scénario différent. Hélas, le destin en a décidé autrement. Un beau jour, son Damel, par une simple lettre, l’informe de sa décision de dissoudre le lien matrimonial, puisqu’il a trouvé autre chaussure à son pied.

Ainsi fonctionnent les rapports hommes-femmes à ‘’Sunugaal’’. Du moins si l’on en croit le livre.

MAME FAMEW CAMARA, AUTEURE

‘’Pour l’homme, la femme, c’est ‘’soit tu restes, soit tu pars’’

Dans l’entretien qui suit, Mame Famew Camara défend sa thèse selon laquelle l’homme est à la fois source et cause du drame moral que vit la femme dans son foyer.

Pourquoi le titre ‘’Une Femme Roc’’ ?

J’ai choisi ce titre parce que je voulais mettre l’accent sur le fait que mon personnage principal, Faly, est une femme courageuse. Elle accepte de vivre l’inacceptable pour sauver son mariage. Le ‘’roc’’, est une pierre. Donc, j’ai utilisé la métaphore pour décrire mon personnage principal. Elle est solide comme le ‘’roc’’.

Seulement, elle est à l’opposé de la femme docile et manipulable que renvoie Faly…

C’est votre avis. Moi, j’ai créé un personnage ; je lui ai donné un caractère. J’ai voulu décrire la femme sénégalaise qui est ancrée dans ses traditions. Une femme sénégalaise à qui on a inculqué des valeurs comme le ‘’mougn’’, avant de rejoindre son domicile conjugal. Et à mon avis, lorsqu’on est imbu de cette valeur, on endure. ‘’Mougn’’, veut dire endurer. Et quand on endure, on ferme souvent les yeux sur certaines choses. Et cela ne veut pas dire qu’on est docile ou manipulable. C’est volontaire. On sait que ce n’est pas normal, mais on ferme les yeux quand même, pour atteindre son objectif, à savoir : rester dans son couple. C’est une stratégie.  Et cela a des limites pour Faly, car lorsque ça débordait, elle cherchait toujours à communiquer avec son mari. La preuve est qu’elle a tellement acculé son mari, que ce dernier a avoué avoir une maîtresse.

Quel est le personnage qui vous ressemble le plus dans ce livre ?

Faly est le personnage qui me ressemble le plus. C’est une femme moderne, mais ancrée dans la tradition. Elle a des valeurs. Elle est éprise de justice sociale. Elle est amoureuse de l’art et de la littérature, et c’est mon cas. Elle est sensible à la cause de la femme. C’est aussi mon cas.

Etes-vous féministe ?

Oui, si être féministe c’est dénoncer les violences et les injustices vécues par les femmes.

Quels sens donnez-vous au 8 mars ?

Le 8 mars est une journée où on magnifie la femme. On lui donne la possibilité de s’exprimer, de dire ce qu’elle a dans le cœur, mais aussi ce qu’elle aimerait voir de meilleur dans le futur. Nous vivons dans une société dominée par la gent masculine. Les femmes se battent pour rayer ce déséquilibre, chaque jour. Et à l’occasion du 8 mars, on entend en général beaucoup de plaidoyers, beaucoup de vœux, pour ne pas dire souhaits des femmes dans le sens du changement de leurs conditions de vie. Et pour moi, c’est une bonne chose.

Vous peignez l’homme comme un diable, alors qu’on pourrait reprocher la même chose aux femmes. Pourquoi ?

Je ne peins pas l’homme comme un diable. J’ai fait la remarque que ce sont les hommes qui ont le monopole de tout, dans notre société. Les femmes sont reléguées à l’arrière-plan. Les hommes sont nés chefs. Ils sont appelés à être chef de quelque chose, quel que soit leur niveau social. La femme n’a pas ce pouvoir. Donc, dès la naissance, il y a déséquilibre. Certains hommes utilisent ce pouvoir contre les femmes et c’est ce que j’ai voulu montrer dans ce livre. Notre rapport, nous les femmes, avec les hommes, doit être un rapport de complémentarité et non de dominant-dominé. Et c’est ce qui se passe dans les couples en général, lorsque le mari a une autre épouse ou une maîtresse. Parce que c’est soit tu restes, soit tu pars. Or le mariage doit être un lieu de partage. Et non de rapport de force. Et la femme sénégalaise, imbue de ses valeurs, qu’elle soit instruite ou pas, vit ce drame moral dans son ménage.

Pour vous, comment peut-on mettre fin aux violences faites aux femmes ?

On peut y mettre fin en punissant davantage ceux qui les commettent. Voter des lois qui seront appliquées à la lettre. On peut aussi mettre en place des campagnes pour lutter contre la pression sociale qui consiste à les faire taire, à les pousser à souffrir en silence. Aimer, ce n’est pas souffrir. On peut être heureux dans son ménage, mais pour cela, il faut plus de respect entre l’homme et la femme. Il faut que le mari voie sa femme comme sa sœur. Aucun homme n’aimerait voir sa sœur être tabassée. Alors pourquoi se comporter mal envers la sœur d’autrui ?

Il est question de livres, dans ce roman. Pourquoi ?

Pour moi, le livre est une œuvre d’art que tout un chacun doit s’approprier. Il permet de se cultiver, de voyager, de s’évader, de se créer des mondes qui n’existent pas. On peut vivre plusieurs vies, en lisant des romans. Et on est plus ouvert d’esprit quand on lit des livres. J’aimerais qu’on inculque aux enfants la passion du livre, puisqu’avec avec les livres, tout est possible.

M. AMAR

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