Publié le 27 Nov 2021 - 21:54
PECHE ILLEGALE, PIRATERIE, TRAFIC TRANSFRONTALIER… DANS LE GOLF DE GUINEE

Aissata Tall Sall identifie trois remèdes essentiels

 

Pour une meilleure réussite de la cogestion des amis du Golfe de Guinée par le Sénégal et la Grande-Bretagne, la ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur a misé sur trois enjeux essentiels. En outre, Aissata Tall Sall a lancé un appel à l’endroit de la population, pour qu’elle n’abandonne pas la mer au profit des pirates et pilleurs.

 

Dakar a abrité hier la 7e édition de la réunion ministérielle du Groupe des amis du Golfe de Guinée (G7+FoGG). Ce dernier est une plateforme importante, capable de contribuer à une prise en charge effective des défis colossaux qui se posent au Golfe de Guinée, une région stratégique.

Présidant cette rencontre hier, la ministre sénégalaise des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur a soutenu que les défis dans le Golfe de Guinée sont multiples et multiformes. D’après Aissata Tall Sall, ils ont pour noms la criminalité transnationale organisée, la pêche illégale, non-déclarée et non-réglementée, la pollution marine, la piraterie, le trafic transfrontalier de stupéfiants, d'armes, d'êtres humains et de ressources naturelles, entre autres.

Le Golfe de Guinée dispose de formidables opportunités dans le domaine de l’économie bleue, en particulier les importantes ressources halieutiques, minérales et d’hydrocarbures. Mais il demeure, par ailleurs, essentiel à la navigation maritime.

Pour toutes ces raisons, poursuit-elle, il y a le besoin de l’engagement de la communauté internationale, en particulier des Etats et organisations sous-régionales, suivant une approche holistique, en vue de prendre en charge avec efficacité ces priorités. La feuille de route de la co-présidence propose la coopération et la solidarité internationales comme réponse à ces défis. C’est tout l’enjeu de l’Architecture de Yaoundé qu’ils ont essayé de mettre en œuvre, dans l’esprit de la coopération Sud-Sud, Nord-Sud et triangulaire, et procède d’une volonté politique portée par les chefs d’Etat et de gouvernement de la région.

Cela dit, elle voudrait s’appesantir sur trois enjeux essentiels à la mise en œuvre effective de l’Architecture de Yaoundé, à savoir la remobilisation des acteurs, l’identification de ressources financières adéquates et la mise en place d’un Secrétariat léger du G7+FoGG. Ce dispositif favoriserait une meilleure coordination des efforts des différents pays, au double niveau stratégique et opérationnel.

Pour le premier point, selon elle, il s’agira, pour les pays du Golfe, d’assumer la sécurisation de leur littoral, en tirant meilleur profit du G7+FoGG. Leur appropriation de ce processus passe également par une participation effective et substantielle aux activités des six groupes de travail.

En outre, renseigne-t-elle, ils doivent œuvrer en faveur d’une ratification de la Charte africaine sur la sûreté et la sécurité maritimes et le développement en Afrique dite Charte de Lomé. Leurs efforts devraient aussi s’orienter vers l’adoption de mesures contraignantes, à la hauteur des défis et opportunités en question.

Concernant le deuxième point, renseigne la chef de la diplomatie sénégalaise, il est relatif à la lancinante question du financement. Il constitue l’un des enjeux majeurs de la mise en œuvre du Code de conduite de Yaoundé. En termes simples, poursuit-elle, la question du financement procède de la mise en présence de l’ensemble des acteurs, publics comme privés, pour identifier les ressources appropriées, à la hauteur des défis. C’est pour cette raison que la co-présidence sénégalo-britannique a engagé des efforts soutenus pour réactiver le Groupe de travail 2 sur le financement.

Enfin, il y a lieu de tenir la Conférence internationale des donateurs qu’ils avaient envisagée depuis 2013, en tant que mécanisme leur permettant de remobiliser la communauté internationale autour des enjeux du Golfe.

La dernière leçon qui a été retenue de ce processus annuel, est la nécessité d’assurer une continuité de l’action de son groupe qui ne cesse de se réinventer, au gré des co-présidences. ‘’C’est pourquoi nous proposons de mettre en place un Secrétariat léger du G7+FoGG, pour prendre en charge les transitions entre les coprésidences. J’insiste sur la dimension légère de ce mécanisme dont l’objectif est d’assurer la continuité entre les co-présidences. La session de Dakar offre ainsi l’opportunité d’engager la réflexion sur les modalités pratiques de mise en œuvre de cette structure allégée’’, a expliqué Mme Sall.

‘’Je pense que nous ne devons pas déserter la mer’’

En outre, la ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur a lancé un appel à l’endroit de la population à occuper la mer et de ne point la laisser à la merci des pirates et des pilleurs.

Sur ce point, elle  dit compter sur les médias pour être le relais de l’opinion pour que ce groupe du Golfe de Guinée, le G7+FoGG, soit vulgarisé. Que l’opinion se l’approprie, parce qu’elle pense que c’est un instrument extrêmement important. ‘’Je pense que nous ne devons pas déserter la mer. Elle devient dangereuse quand nous la laissons aux pilleurs et aux pirates. Mais plus nous l’occupons, plus ils auront tendance à la déserter.

Nous pouvons et devons l’occuper quand nous-mêmes politiques, nous mettrons en œuvre des décisions de voyage et de transport de marchandises par la mer. Nous pensons que cela est important. Il faut que, de plus en plus, nos marchandises passent par la mer, que nous-mêmes voyageons par la mer. C’est comme ça que nous pouvons développer nos pays, de faire de la mer un véritable instrument de transport, de désenclavement et de mixage entre les populations, et de faire transiter les biens par la mer, ici dans la sous-région’’, a conclu la cheffe de la diplomatie sénégalaise.

La cogestion du G7+FoGG est pour une durée d’une année. L’année prochaine, ce sera au tour de la Côte d’Ivoire et de l’Allemagne de prendre le relais.

CHEIKH THIAM

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