Publié le 8 Apr 2016 - 19:41
PLAINTE DU PRESIDENT GAMBIEN CONTRE LE SENEGAL

Le lourd passif de Jammeh avec la CEDEAO

 

Dans le bras de fer qui l’oppose au syndicat de l’Union des routiers du Sénégal, le Président Gambien a préféré s’en référer à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Une démarche assez curieuse quand on sait le lourd passif de la Gambie devant les organes de cette instance d’intégration sous régionale.

 

Jusque dans l’entourage immédiat du leader gambien, certains hauts fonctionnaires avec lesquels nous avons échangé sur la plainte de la Gambie contre le Sénégal semblent gênés que Yahya Jammeh revienne vers la CEDEAO, une organisation qu’il a copieusement insultée il y a moins d’un an. Mieux, soulignent nos interlocuteurs, "nous risquons, selon toute vraisemblance, d’être la risée à la Commission de la CEDEAO où tout le monde est conscient de notre action qui n’a pas toujours milité en faveur de l’intégration".

Par exemple, souligne ce diplomate, "nous aurons toutes les peines du monde à expliquer qu’une augmentation de la traversée du fleuve Gambie de 4 000 francs CFA à 400 000 francs CFA, n’est pas une entorse à la libre circulation des personnes et des biens". "Et que dire des cartes de séjour et des permis de travail que des ressortissants de la CEDEAO continuent de payer en Gambie ? " interroge un autre interlocuteur. En effet, la Gambie continue d’exiger le paiement d’une carte de séjour aux ressortissants étrangers résident sur son sol dont certains sont obligés de payer un permis de travail au risque d’aller en prison. Ce qui ne les met pas à l’abri de plusieurs taxes qui échappent à leur compréhension. 

Quand la Gambie met au placard les décisions judiciaires de la CEDEAO

En 2006, la Cour de justice de la CEDEAO a condamné la Gambie pour la disparition du journaliste Ebrima Manneh et les actes de torture commis par la police gambienne sur le journaliste Musa Saidykhan. Le tribunal ordonne à l'État gambien de payer 200 000 dollars US, à titre de compensation à Musa Saidykhan.

Le 10 juin 2014, la Cour de justice de la CEDEAO rend une décision contre le Gouvernement de Gambie sur le meurtre, le 16 décembre 2004, de Deyda Hydara, Rédacteur en chef et co-fondateur du quotidien "The Point" et ancien président de la Gambia Press Union (GPU). Estimant que l'État gambien n'a rien fait pour protéger ou arrêter les meurtriers de Deyda Hydara, la Cour de la CEDEAO condamne le gouvernement gambien à verser 50 000 dollars US de dommages et intérêts et 10 000 dollars US de frais juridiques à la famille du journaliste assassiné. Ces deux décisions n'ont jamais été respectées par le régime de Yahya Jammeh, en dépit de nombreux rappels et autres résolutions d'autres organes de défense des droits de l'Homme tels que la Commission africaine des droits de l'Homme et des peuples qui est basée en Gambie.

Selon les termes de son Traité fondateur, le refus de souscrire à la sentence de la CEDEAO aurait dû exposer la Gambie à une suspension de sa participation à des projets de la communauté, voire de sa participation pure et simple à toutes les activités de la CEDEAO.  

La CEDEAO boycotte la présidentielle gambienne de 2011

En novembre 2011, à quelques semaines d'une présidentielle dans son pays, Yahya Jammeh menace la presse et l'opposition. "Je ne vais jamais compromettre la paix et la stabilité à l'autel d'une prétendue démocratie", avertit Jammeh. Et de poursuivre : "Il n'y a aucune chance que je perde une élection, à moins que toutes les personnes deviennent folles en Gambie." Le décor est planté. Il s'ensuit un bras de fer avec la CEDEAO qui exigeait que Jammeh acceptât des réformes électorales avec son opposition qui en a fait la demande. Devant le refus catégorique du leader gambien, la CEDEAO déclare sa non-participation au processus de veille de la présidentielle gambienne de novembre 2011. Le communiqué de la CEDEAO déclare que "La Gambie ne présente pas un environnement politique propice à la tenue d'une élection présidentielle libre et juste."

Jammeh refuse la limitation du mandat présidentiel dans l’espace CEDEAO

Le 20 mai 2015 se tiennent à Accra les travaux du 47ème sommet des chefs d’Etat de la CEDEAO. Yahya Jammeh qui allait fêter ses 20 ans au pouvoir tient tête à ses pairs de la CEDEAO et réussit à faire capoter un projet de limitation de la durée du mandat présidentiel au sein des quinze pays membres de la Communauté. Le leader gambien est soutenu par Faure Gnassingbé du Togo (au pouvoir depuis 2005). Au finish, l’adoption de la proposition est remise aux calendes grecques. Et c'est un Jammeh très en colère contre la CEDEAO qui rentre à Banjul.

"La CEDEAO truffée de larbins à la solde de l’Occident", selon Jammeh

Vendredi 12 juin 2015, le président gambien profite d'un méga meeting à Banjul marquant la fin de sa tournée nationale "Meet the Peoples tour" pour proférer des injures à l'endroit de la CEDEAO qu'il qualifie ‘’d'institution truffée de larbins à la solde de l'Occident et qui a échoué sur tous les plans’’.

"Maintenant, l'Occident essaye d'utiliser la CEDEAO contre moi. Ils se sont dit que Yahya Jammeh ne peut pas être chassé par des élections. Ils veulent utiliser leurs larbins dans la CEDEAO afin d'imposer une limite à la durée du mandat présidentiel parce que c'est cela le programme de l'Occident. Où étaient les soi-disant dirigeants démocrates, il y a 20 ans, lorsque j'ai pris le pouvoir ? Permettez-moi de mettre en garde la CEDEAO. La Gambie n'est la colonie de personne et notre développement ne dépend pas de la CEDEAO qui a déjà échoué parce qu'elle a été détournée par l'Occident.

Même si le monde entier introduit la limite du mandat présidentiel, je n'autoriserai aucune limite à mes mandats, ni maintenant, ni plus tard et nous verrons ce que cette CEDEAO pourra faire. La démocratie est le pouvoir du peuple et non le pouvoir de l'Occident." Sur sa lancée, le président gambien de déclarer : "Je suis un panafricaniste, mais je ne vais pas souscrire à une institution qui est détournée par l'Occident pour être utilisée contre l'Afrique. Si c'est l'UA qui veut faire le jeu de l'Occident, je vais quitter l'UA ; si c'est la CEDEAO, je quitte la CEDEAO mais je refuse de recevoir une seule leçon de ces institutions au nom de l'Occident. Montrez-moi un seul poteau électrique installé en Gambie par la CEDEAO, l'UA (Union africaine) ou par les Britanniques ou les Américains. Nous ne sommes pas dupes ! Qu'ils s'occupent de leurs affaires !"

Mame Talla Diaw

 

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