Publié le 7 Dec 2015 - 17:28
PR BABACAR GUEYE (CONSTITUTIONNALISTE)

‘’Le mandat unique est l’antidote contre le patrimonialisme et la mal gouvernance’’

 

Théoricien du mandat unique dans un passé récent, le Pr Babacar Guèye est revenu à la charge ce week-end. Animant une conférence publique sur les transitions politiques et la limitation des mandats présidentiels, organisée par la Ligue démocratique de Mamadou Ndoye, l’enseignant en Droit constitutionnel a préconisé le mandat unique comme seul alternatif pour lutter plus efficacement contre certaines dérives politiques comme le patrimonialisme et la mal gouvernance.  

 

Le débat sur la limitation des mandats présidentiels n’est jusqu’ici pas épuisé dans beaucoup de pays africains. Au Sénégal, au moment où la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans promise par le président Macky Sall, tarde à se réaliser, c’est un flou total qui entoure la tenue de la prochaine présidentielle. Pour éviter toutes formes de dérives souvent constatées dans la gouvernance des États africains, y compris au Sénégal, le Pr Babacar Guèye préconise une thérapie toute simple : le mandat unique.

 L’enseignant-chercheur en Droit constitutionnel à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar qui animait ce week-end une conférence publique sur les transitions politiques et la limitation des mandats présidentiels, organisée par la Ligue démocratique (Ld), estime que ‘’la limitation du nombre de mandat à deux est insuffisante’’. D’ailleurs, souligne-t-il, ‘’elle s’est révélée insuffisante pour combattre efficacement le patrimonialisme et la mal gouvernance’’. Comme alternative efficace, l’enseignant-chercheur préconise ainsi le mandat unique qui, selon lui, ‘’est le seul véritable antidote contre le patrimonialisme et la mal gouvernance’’. ‘’En empêchant le président de la République de briguer un deuxième mandat, supprimant ainsi la possibilité d’un long séjour à la tête de l’Etat’’, le mandat unique préserve, à l’en croire, ‘’les populations des nuisances d’un pouvoir présidentiel omnipotent et omniprésent’’. A ses yeux, même si peu de gens adhèrent pour le moment à cette idée, il n’enlève en rien qu’elle soit en marche dans la doctrine et peut-être dans un cercle restreint de chef d’Etat africain.

Le professeur en Droit constitutionnel estime d’ailleurs que dans le domaine de la démocratie en Afrique, il y a encore d’importants progrès à réaliser et des acquis à consolider. Cela, d’autant que : ‘’En Afrique, les constitutions ont, jusqu’au début des années 90, été conçues pour conforter la position du président de la République et non pour lui imposer des bornes.’’ Mais, ‘’les clauses limitatives du nombre de mandats présidentiels qui étaient marginales dans les premières constitutions africaines sont devenues la pierre angulaire des chartes constitutionnelles des années 90’’. Ainsi, ‘’les dirigeants autoritaires africains, affaiblis par la vague de démocratisation de l’époque, ont été contraints d’accepter l’introduction de clauses limitatives du nombre de mandats, l’enjeu étant au fond, de pousser à la retraite les présidents inamovibles et de prévenir l’émergence de nouveaux chefs d’Etats inamovibles’’.

Outre cet aspect, le Pr Babacar Guèye soutient que ‘’la limitation du nombre de mandats a plusieurs vertus’’. D’abord, ‘’elle consolide les acquis démocratiques en Afrique dès lors qu’elle permet, au-delà de la séparation des pouvoirs, le respect des libertés civiles et politiques, la tenue d’élections libres et justes considérées, en général, comme les éléments qui peuvent faire parler de l’existence ou non d’une démocratie’’. Ensuite, ‘’elle contribue à la promotion de la bonne gouvernance en ce sens qu’elle permet de lutter contre le patrimonialisme et le clientélisme politique qui induit l’achat des consciences et qui remet en cause la vocation même de l’élection censée exprimer le pluralisme politique, fonder la démocratie représentative et légitimer le pouvoir’’. Enfin, de l’avis du professeur Guèye, ‘’la limitation des mandats présidentiels permet également le renouvellement et la diversification de la classe politique, et favorise l’alternance politique’’. 

ASSANE MBAYE

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