Benno bokk yaakaar se maintient avec des failles potentielles. Selon le Pr Luc Sarr, membre du directoire politique de l’Alliance pour la République, le choc des ambitions à l’interne de cette coalition est évident. Mais pour tirer son épingle du jeu, le parti au pouvoir doit s’affirmer davantage

Quelle est la situation à l’interne de Benno bokk yaakaar ?

BBY se maintient avec des failles potentielles avec les secousses qui ont ébranlé récemment Macky2012, des accrochages avec la coalition Idy4 Président, des crises internes latentes ou avérées qui secouent certaines formations politiques membres de la coalition comme le Parti socialiste. Dans la gestion du pôle politique hégémonique, il existe un parti qui semble être en embuscade politique, ce parti, c’est Idy4 Président. Dans la plupart des partis qui composent aujourd’hui Benno bokk yaakaar, y compris l’Alliance pour la République, il y a des forces qui tendent à tirer dans le sens d’une approche identitaire de la chose politique. Que le Parti socialiste pense que quel que soit le cas de figure, il doit y avoir un candidat en tête de liste, déjà, en ce qui concerne l’Apr pour 2017 en rapport avec le Ps, elle espère que la distanciation va s’opérer avec Macky Sall. Donc si le Ps pense que quel que soit le cas de figure Macky Sall doit être réélu, toute autre considération venant légitimement de la part des autres partis membres de la coalition pose problème. Donc je dis que potentiellement, c’est inévitable qu’il y aura un choc des ambitions. Pour la coalition aujourd’hui, il est historiquement nécessaire qu'elle soit fondée sur une appréciation objective de la réalité née de la gouvernance antérieure d’Abdoulaye Wade au cours de laquelle il y a eu une unanimité en termes de réprobations. Mais une fois que la page Wade est définitivement tournée, maintenant c’est le choc des ambitions.

Quelle doit être l’approche de l’Apr dans cette ambiance ?

Garder le plus possible d’alliés. Nous avons la conscience que l’ère des partis majoritaires en termes de gouvernance est terminée. Nous ne sommes pas un parti capable seul de gérer le pouvoir. Nous avons le devoir politique d’explorer et de ratisser large pour pouvoir assurer une gouvernance durable au Sénégal.

Est-ce possible avec les rapports déjà heurtés de l’Apr avec certains de ses alliés comme par exemple la coalition Idy 4 président ?

Oui. Localement à Thiès il y a eu quelques dérapages regrettables qui sont notés et qui montrent des signes annonciateurs de beaucoup de choses qui pourraient se passer, et qui malheureusement montrent la voie. Moi, je pense qu’il est clair que certains leaders sont absolument engagés dans une perspective présidentielle. Ce n’est pas un secret. Il y a de fortes personnalités qui, légitimement, se pensent président ou pensent être prochainement président de la République.

Insinuez-vous une rupture entre BBY et Idy4 président ?

Tout est possible en politique. Et ce que je crois comprendre dans l’histoire politique des sociétés humaines et dans l’évolution du monde, c’est que la contradiction est la loi fondamentale de l’univers. Il y aura un chamboulement, des contradictions.

Au cas échéant, quelle stratégie devrait adopter le parti au pouvoir ?

Les deux béquilles qui devraient fonder l’action politique de l’Apr sont simples à identifier. La première, c’est l’indépendance. Il faut que l’Apr assume son identité de parti au cœur du mouvement social et populaire. Indépendance en tant qu'entité identitaire et organisation politique, mais autonome même si appartenant à un corps qu’on appelle BBY. Quelque part, il y a une ligne de convergence autour de laquelle il faut organiser le rassemblement et une autre ligne, celle d’acceptation de l’existence du parti en tant qu'organisation politique qui a un programme, une vision partagée avec les autres mais qui, en toute souveraineté, s’assume en tant que parti.

Quelle est aujourd’hui la nécessité de restructurer le parti après seulement quelques mois d’exercice du pouvoir ?

L’intérêt, c’est que nous, nous avons dit que nous ne voulons pas faire comme le Parti démocratique sénégalais. Il nous faut survivre à Macky Sall. Et survivre à Macky Sall ne peut pas se faire dans les conditions actuelles du parti. Il faut un parti fort qui s’inscrit dans la durée. Si le parti ne s’inscrit pas dans la durée, ne s’organise pas pour faire face à toutes les formes d’agression, exigences et impératifs politiques, il risque de finir comme le Pds, c’est-à-dire, la mort programmée.

Assane MBAYE

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