Publié le 20 Jun 2013 - 14:15
PRISE EN CHARGE DES PRÉOCCUPATIONS SOCIALES

Les capacités du gouvernement sujettes à question

 

L'équipe gouvernementale est-elle à la hauteur des préoccupations économiques et sociales du pays ? Est-elle compétente dans la situation actuelle du Sénégal et des Sénégalais ? Les réponses, tranchées ou prudentes, renvoient toutes à un constat : il y a beaucoup de travail à faire, et à bien faire, avant le bout du tunnel...

«Le rythme avec lequel on prend en charge le problème de l’emploi des jeunes est trop lent et cela est inacceptable. Macky Sall n’a pas mis en place un gouvernement pour qu’il fasse la sieste». Les propos de Mahmout Saleh, ministre conseiller à la présidence de la République, tenus lors d’un meeting à Fatick, ne traduisent-ils pas l'existence d'un malaise réel ou diffus dans l'équipe gouvernementale ? Alors que l’idée d'un remaniement ministériel n'a jamais totalement disparu après la formation du gouvernement Macky II, cette déclaration de l'ex-leader trotskiste serait-elle le signal d'un proche remue-ménage dans l'équipe d'Abdoul Mbaye ?

Car, le gouvernement fait face à une demande sociale de plus en plus forte. Entre mouvements de plus en plus massifs des enseignants en grève permanente, des commerçants de l’Unacois sur les nerfs avec les mesures du gouvernement sur le sucre, un chômage des jeunes qui semble persister à cause de l'impuissance du pouvoir, une économie grippée qui pousse certains ministres et hauts responsables de l'Etat à se défausser sur des partenaires au développement, Macky Sall est de plus en plus en mauvaise posture.

Mais pour Mamadou Diop «Decroix», leader de Aj-Pads, cette situation  n’est qu’«un processus  de dessèchement qui se poursuit depuis l’installation de ce nouveau régime». «La situation du pays se détériore au plan économique. Le rapport du Fmi démontre que les perspectives en termes de taux de croissance ne seront pas atteintes par le Sénégal. Il (le gouvernement) prévoit un taux de 7% en 2017 alors que le Fmi considère que notre pays n’aura pas plus de 5%», explique le député non inscrit. «Les experts de la coalition gouvernementale se sont appuyés sur les dernières publications des services de statistiques pour montrer qu’on est à 1,7% du taux de croissance contre 2,5 % de la croissance démographique. Donc, c’est un recul.» Pessimiste, l'ex ministre pense qu’«il ne faut pas s’attendre à une éclaircie» d’autant que le gouvernement «manque terriblement de vision, de carrure, de trempe».

Des défauts qu’un leader politique membre de la mouvance présidentielle a également décelés. Ayant requis l’anonymat, ce dernier apprécie : «Le principal problème de cette équipe gouvernementale, c’est l’absence de gouvernail. Ils (ses membres) ne savent pas là où ils vont. Pour que le cas d’un problème soit soluble, il faut qu’il soit politiquement défini». Par ailleurs, ce leader de parti s’étrangle lorsqu’il entend les membres de l’Apr se réclamer du libéralisme. «Le libéralisme a fait faillite partout. Vous avez vu la corruption généralisée, les fraudes fiscales», énumère-t-il.

«Absence de gouvernail»

La tonalité anti-pouvoir est plus indulgente chez Moustapha Fall «Che», car le gouvernement «est en train de prendre ses marques». Ce qui explique, selon le leader de Apl «Dog Boumou Gaccé», «les hésitations» et autres «impairs» notés durant cette première année du nouveau pouvoir. «Ce régime est composé de jeunes, il est différent de celui de Wade qui gérait le gouvernement comme il gère sa famille. Il se comportait comme il voulait, il les débordait. Ce qui n’est pas le cas avec Macky Sall», justifie le Pca des Hlm.

Leader du Pit, Maguette Thiam pointe une «dualité» dans l’approche. Si «dans un contexte de transition, il y a nécessairement des difficultés pour imprimer une dynamique», l’ancien ministre pense qu’il y a des «moments où des priorités s’imposent». «C’est le cas de la politique agricole en période d’hivernage», indique-t-il. L’autre aspect du problème réside dans la composition du gouvernement qui «laisse apparaître des difficultés» par moments. Car «la mise en place en place d’un gouvernement, ce n’est pas le fait d’aligner des Cv et de les trier», mais doit tenir compte de considérations d’ordre politique. Puisque «des forces qui se sont battues sous le régime de Wade et qui ont traversé le désert» avec Macky Sall méritent aussi d’être récompensées. Mais qu’à cela ne tienne, le gouvernement est invité à «traiter» la demande sociale. «On ne peut pas dire que nous sommes en transition et qu'il faut donc fermer les yeux», dit M. Thiam. Mais faudrait-il que le gouvernement règle d’abord ses problèmes avec les bailleurs de fonds dont les procédures de décaissement sont jugés «longues et difficiles à respecter». Une situation qui aurait irrité certains membres de l’équipe du Premier ministre qui y voient «un frein au développement», comme l’a révélé EnQuête dans sa livraison de lundi dernier.

Au sein de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar, on invite le gouvernement à assumer ses responsabilités. «Tout le monde connaît les procédures du Fmi et de la Banque mondiale, elles n’ont jamais varié, rappelle notre interlocuteur, chef de parti anonyme. De deux choses l’une : soit tu as besoin de leur argent et tu passes sous les fourches caudines de leurs méthodes, et tu acceptes leurs règles ; ou alors tu ne veux pas te soumettre au diktat étranger et tu prends des mesures pour te passer de leurs fonds comme le font les pays asiatiques et d’Amérique du Sud.» Moins péremptoire, Moustapha Fall «Che» demande une «réformes des textes» pour alléger les procédures de passation des marchés publics. «Pour lancer un marché, il faut attendre trois mois pour le finaliser. Et les opérateurs ne peuvent pas attendre ce délai, et cela a des conséquences sur le plan socio-économique».

DAOUDA GBAYA
 

 

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