Publié le 27 Dec 2017 - 18:17
PROFIL GOO BA

Artiste underground au talent confirmé

 

Il est connu dans le restreint monde des artistes. Les mélomanes qui fréquentent certains cabarets connaissent sa voix et son doigté. Góo Bâ est un musicien qui n’a pas encore d’album, même s’il a entamé sa carrière à l’aube des années 1980. Cela ne signifie pas qu’il n’a pas du talent.

 

Quand on lui demande de se présenter, il ne se contente pas uniquement de dire son nom, Góo Bâ. Il tient aussi à l’épeler. Il insiste sur l’accent aigu sur le premier ‘’ó’’. ‘’J’utilise l’orthographe wolof pour écrire mon nom. Et quand on met g et o vous avez Go et non Góo. Il faut tirer sur le dernier o. C’est le diminutif de ‘’Gorgui’’. Je porte le nom de mon grand-père qui s’appelait Mamadou Diarra. C’est ma mère qui me surnommé ’Gorgui’ et mes amis ont, par la suite, commencé à m’appeler Góo’’, explique-t-il avec force détails.

Passé cette étape, il change de ton, de physionomie. Il paraît hésitant, irrésolu et peu convaincu, par moments, par les réponses qu’il vous donne. Góo donne l’air, sur les bords, d’être un débutant, mais il n’en est pas un. Il n’est juste pas habitué aux interviews, lui qui pourtant fait face à des foules pour chanter depuis près de 40 ans maintenant. Son côté underground explique peut-être cela.

Mamadou Bâ a commencé sa carrière au début des années 1980. Pas très exactement. Mais il la situe là. Il a grandi dans une ambiance très musicale avec des frères guitaristes qui étaient dans un groupe appelé ‘’Delta’’ et basé à Pikine. Ce qui lui donne l’air d’avoir toujours pratiqué cet art.

 ‘’Les tourne-disques me fascinaient. Voir de la musique distillée juste quand on y posait des disques vinyle, c’était magique pour moi. Mon amour pour la musique est ainsi née’’, avoue-t-il sur un ton nostalgique. A cette culture musicale familiale, s’ajoute un cursus scolaire. Voulant se professionnaliser, en effet, Góo Bâ passe l’examen d’entrée au conservatoire. Il avait préalablement commencé une carrière et jouait de temps à autre. Ce qui devait être un atout fut un handicap pour lui. Il jouait plus avec ses amis qu’il n’allait en classe. Ce qui n’a pas plus, à l’époque, au directeur de l’institution.

Après deux ans de valses entre l’école et les scènes, son directeur a cru bon de le laisser continuer sa carrière. Ainsi, il n’a pas fini son cursus, mais il a pu mieux se familiariser auparavant avec le solfège. Par la suite, il a appris à jouer de la guitare. ‘’Je n’ai pas appris à jouer de la guitare à l’école. Je regardais les autres jouer et je répétais ce qu’ils faisaient après. Je me laissais coacher. Mais j’ai plus appris avec Aziz Dieng qui avait un studio, ‘’Midi musique’’. Aziz me donnait quelques notions. Il était professeur de musique et échangeait beaucoup avec les musiciens’’, s’est-il rappelé.

Après cela, avec sa guitare, Góo a parcouru le pays sérère à la recherche de nouvelles sonorités. C’est dans ce cadre d’ailleurs qu’il a rencontré le duo Pape et Cheikh qui avait le même dessein que lui. Ensemble, ils partageaient ce que Mamadou Bâ appelle ‘’atelier multi art’’. Parce qu’aussi, il ne faisait pas que de la musique. Avant la guitare, il s’est essayé au 4e art. Il jouait au théâtre. Au sein d’associations sportives et culturelles, il s’occupait d’ailleurs de ce volet. Aujourd’hui encore, en Pologne où il vit depuis 2014, il lui arrive d’en faire. Là-bas également, Góo Ba s’est trouvé un nouveau talent. Il joue du reggae. Pour la première fois, il s’est essayé à ce genre au sein d’un orchestre composé de musiciens polonais. Il n’empêche qu’à côté, il mène une autre carrière avec une bande qu’il a lui-même montée et qui s’appelle ‘’La Sève’’.

 ‘’J’ai du mal à définir la musique que je fais. Le reggae, pour moi, est momentané. Dans ma démarche, j’utilise toujours mon background folklorique qui s’approche plus, disons, du folk’’, explique-t-il.

Actuellement au Sénégal et après près de 40 ans de carrière, il espère sortir son premier album. ‘’J’ai honte de dire que je n’ai pas d’album. Mais il est possible que j’en sorte un avant mon retour en Pologne’’, a-t-il informé.    

BIGUE BOB

 

Section: