Publié le 18 Jun 2019 - 20:51
RAPPORT DE L’ELECTION PRESIDENTIELLE

Pour les Locales, l’Union européenne dit non au parrainage 

 

La Mission d’observation électorale de l’Union européenne a livré, hier, son rapport quant à l’élection présidentielle de 2019. Plusieurs aspects notés ainsi que des recommandations. Du 15 janvier au 17 mars, au total, 126 observateurs ont été déployés.

 

Il semblerait que le système de parrainage, tel que conçu, ne soit pas adapté aux élections locales à venir. C’est, en tout cas, ce qu’a fait savoir la mission d’observation de l’Union européenne qui préconise la suppression du parrainage-citoyen. C’est d’ailleurs l’une des recommandations phares émises par la mission (22 au total).

Plusieurs raisons expliquent cette position. Ce nouveau système n’est pas le fruit d’une large concertation entre les acteurs et a été mis en place dans une absence de confiance entre les premiers concernés. ‘’Le parrainage risque de porter atteinte au choix confidentiel du citoyen, lors des élections locales. Nous demandons, également, de mener une réflexion sur les dispositifs du parrainage-citoyen pour les élections présidentielle et législatives’’, insiste Elena Valenciano, Cheffe de la mission d’observation.

En somme, l’Ue est pour le parrainage, lors de la Présidentielle et des Législatives, mais contre son application aux élections locales. Elle précise que ces recommandations ne sont en aucun cas obligatoires. Aux acteurs de décider.

De façon prioritaire, elle recommande la neutralité et l’efficacité de la Cena dans la supervision du processus électoral et l’accès de tous les partis politiques, à tout moment, au fichier électoral. A cela s’ajoute la traçabilité de la distribution des cartes d’électeur, en plus du renforcement de capacités des commissions de distribution.

En outre, vu les disparités économiques observées lors de la campagne présidentielle entre les candidats, les observateurs pensent qu’un système de financement public des partis politiques s’impose.

Ledit rapport est désormais entre les mains du président de la République, des membres de la société civile, du Conseil constitutionnel et du ministère des Affaires étrangères. Il devrait permettre des échanges sur le sujet, mercredi prochain.

Les hauts et les bas du 24 février

Le scrutin du 24 février a enregistré des points positifs comme la forte mobilisation des électeurs, le calme qui a prévalu, le taux élevé des détenteurs de la carte d’électeur ou encore la compilation efficace des résultats. De manière générale, la mission atteste d’un respect des règles et de la procédure. Et ce, grâce à la mobilisation et l’implication de la société civile avant, pendant et après le scrutin.

Ces aspects hautement soulignés dans le rapport font néanmoins suite à pas mal de couacs. Et la liste est longue.

En effet, la distribution des cartes pose, selon l’Ue, un problème de transparence.  ‘’Il y a des choses à revoir quant à la manière dont les cartes ont été distribuées. Ce qui a d’ailleurs créé une suspicion. Les choses ont été faites de façon désorganisée. Nous n’étions pas présents en amont pour savoir ce qui s’est passé. Mais, selon les informations qui nous sont parvenues, il y a eu beaucoup de problèmes quant au triage et l’acheminement des cartes, et ce fut aussi le cas en 2017’’, affirme Denis Petit, analyste politique membre de la mission d’observation. Durant toute la durée de distribution, il a été noté ‘’un manque de transparence’’.

Par ailleurs, l’accès au fichier électoral aux partis politiques et les conditions de campagne des différents candidats ont été passés au peigne fin. Et la mission de déplorer que chaque candidat y soit allé, selon ses moyens, chose qui a déteint sur le déroulé de la campagne et est donc à la base d’une absence d’équité.

Toujours dans une dynamique de bilan, la mission d’observation inclut la responsabilité du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra). L’organe aurait laissé faire certains médias, même s’il a souvent privilégié le dialogue. En d’autres termes, le Cnra n’a pas agi contre certains écarts notés dans la couverture médiatique. Il aurait manqué de neutralité et d’efficacité. A ce sujet, Elena Valenciano n’y va pas par quatre chemins : ‘’Le média public sénégalais a travaillé comme un média gouvernemental. Il a largement couvert la campagne du candidat sortant au détriment des autres.’’

A cette liste de manquements, s’ajoute le climat de méfiance entre le régime, l’opposition et la société civile qui a plombé le processus électoral.

EMMANUELLA MARAME FAYE

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