Publié le 7 Dec 2021 - 17:29
RECRUTEMENT DANS LA FONCTION PUBLIQUE, REFORME DE LA RETRAITE…

Les préoccupations des parlementaires 

 
Le projet de budget du ministère de la Fonction publique et du Renouveau du service public est arrêté à la somme de 5. 814 606 282 F CFA en autorisation d’engagements et en crédits de paiement. Les députés ont profité de la plénière d’hier pour interpeller leur hôte du jour sur les problèmes qui touchent le fonctionnement de l’Administration liés au recrutement, à la réforme de la retraite ou encore à la gestion du programme ‘’Xeyu Ndaw Ni’’.
  
 
Le Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socio-économique dénommé ‘’Xeyu Ndaw Ni’’, lancé en avril dernier, est à plusieurs reprises revenu dans l’intervention des parlementaires à l’Assemblée nationale, hier. Les députés se sont interrogés sur sa gestion qui devait, à leurs yeux, être centralisée par le ministère de la Fonction publique et du Renouveau du service public dirigé par Mariama Sarr. Ils ne comprennent pas ainsi pourquoi chaque département ministériel détient son quota dans ce programme de 450 milliards F CFA.
 
‘’Le programme ‘Xeyu Ndaw Ni’ doit être sous votre autorité, sinon, chaque ministère choisira ses propres jeunes à recruter. J’ai entendu dans l’hémicycle des députés demander que le recrutement des jeunes soit placé sous la tutelle du ministre de la Jeunesse, alors que c’est le contraire qui doit être fait. Je suis de la majorité, mes interventions ont l’ambition de contribuer à la gestion de ce pays’’, a d’emblée fustigé Abdoulaye Makhtar Diop. Dans le même sillage, son collègue Nango Seck étale sa crainte par rapport à ce programme dans lequel, déplore-t-il, chaque ministre recrute ses propres partisans, alors que tous devaient être centralisés. ‘’Ces recrutements politiques et ces contrats spéciaux nous coûtent de l’argent. Laissons l’Administration générale avec ses prérogatives. On prend des gens qui n’ont aucune qualification. Tout est politisé dans ce pays, y compris l’Administration et l’armée. Le pays ne sera jamais stable dans ces conditions’’, déplore-t-il.
 
Au-delà de toutes ces questions, le Grand Serigne de Dakar évoque les limites de ce ministère, quels que soient les ambitions, la compétence, le sérieux, l’engagement de celui qui le dirige. ‘’La déconcentration de vos services doit être accompagnée de la déconcentration des services du ministère des Finances et du Budget. Pendant que l’on construit des maisons des jeunes, il faut revenir à la formule des services régionaux de main-d’œuvre. Ce sont des conjonctures économiques, financières et particulières qui ont amené l’Etat du Sénégal à restreindre, sinon fermer les maisons de jeunes’’, rappelle Abdoulaye Makhtar Diop. Il estime que ces centres doivent être les points focaux de la concentration de la demande et de la ventilation des demandes des jeunes. Par conséquent, le parlementaire est d’avis qu’on doit mettre ces centres de formation sous l’autorité ou la cotutelle du ministère de la Fonction publique.
 
‘’On ne peut pas passer notre temps à former des cadres que votre ministère ne contrôle pas. Si nous voulons aider le président de la République, votre ministère doit faire le monitoring du recrutement de la formation, des suivis de carrière des fonctionnaires sénégalais. Nous devons réfléchir pour aider Madame le Ministre à rendre la Fonction publique toute sa dimension. Ce ministère doit être le pivot de l’action gouvernementale dans ce pays, si nous voulons réussir le PSE’’, insiste le parlementaire.  
 
Le ministre des Finances et du Budget n’a pas manqué de préciser, à la fin des travaux, que le programme ’’Xeyu Ndaw Ni’’ est un peu pris en charge par beaucoup de services départementaux. Les recrutés, précise Abdoulaye Daouda Diallo, ne sont pas encore de véritables fonctionnaires. Seulement, précise-t-il, au moment de leur entrée, leur principal point focal sera le ministère de la Fonction publique.  
 
Outre le programme ‘’Xeyu Ndaw Yi’’, les parlementaires sont également revenus sur l’inscription des jeunes sur la plateforme de recrutement de la Fonction publique qui est souvent problématique. D’après Mame Diarra Fam, les modalités de recrutement télématiques ne sont pas adaptées à tous. ‘’Beaucoup n’ont pas accès à l’Internet. Je pense que c’est une façon de bloquer certains jeunes défavorisés. Généralement, ceux qui sont recrutés passent par d’autres canaux. Les jeunes sont découragés. C’est à travers votre ministère qu’on peut combattre l’émigration irrégulière’’, estime la responsable libérale.
 
La députée Marie Pierre Faye constate, à cet effet, que les jeunes qui s’inscrivent sur ces sites de recrutement n’ont pas de retour et pense néanmoins qu’ils doivent obtenir une notification, même sils n’ont pas été recrutés, afin de postuler à d’autres opportunités.  
 
Pour le ministre de la Fonction publique, le mode de recrutement n’a jamais connu de changement. Il s’agit, d’après Mariama Sarr, de passer par la voie directe ou indirecte du concours. ‘’Les jeunes passaient des nuits dans les stades pour déposer des demandes. Une plateforme a été créée pour dématérialiser ce processus qui leur permet de s’inscrire à partir de leur région. C’est un avancement à saluer et nous travaillons pour sa performance’’.
 
Le maire de Kaolack reconnait, cependant, que la plateforme est souvent saturée, ce qui pose les problèmes rencontrés dans l’inscription. ‘’Il n’y a aucune disposition pour changer le style de recrutement dans la Fonction publique, mais on est en train d’améliorer les choses pour faciliter la dématérialisation’’, a précisé Mme Sarr.
 
 Toujours dans le fonctionnement de l’Administration, les parlementaires ont dénoncé, en commission, les absences répétitives et non-justifiées, ainsi que les démissions au profit du privé et des fuites de cerveaux. Ils ont, pour régler ce problème, exhorté le ministre à prendre les mesures nécessaires afin de lutter contre ces pratiques et de rendre le service public plus efficace.
 
Dans le même sillage, le député Mame Diarra Fam constate un gap d’intellectuels. Une situation qui s’explique, selon elle, par la fuite des cerveaux qui ne sont pas parfois bien rémunérés. Ce qui favorise, en partie, d’après son analyse, la corruption.
 
Par ailleurs, la parlementaire note également que beaucoup de jeunes peinent à accéder à la Fonction publique, à cause des retraités qui sont toujours pris en charge dans le budget de ce département.  
 
Sur ce dernier aspect, l’hôte du jour recadre le débat. D’après Mariama Sarr, les agents administratifs sont envoyés en retraite à partir de 60 ans, excepté les médecins qui sont fonctionnelles jusqu’à 65 ans. Seulement, rappelle-t-elle, en cas de besoin, un retraité peut être maintenu à son poste avec un contrat spécial et régulier.  
 
HABIBATOU TRAORE

 

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