La cellule de la gouvernance, l’attraction des pèlerins

Le Magal des deux Raakas de Saint-Louis est une belle occasion de pèlerinage que les milliers de talibés mourides mettent à profit pour se ressourcer sur la voie du mouridisme. Dans ces sites historiques, les nombreux fidèles y lisent des «Khassaides» et le Coran, y prient et se recueillent en souvenir de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké.
Répondant à la convocation du gouverneur colonial, Cheikh Ahmadou Bamba a passé des jours dans la capitale du Nord, avant la tenue de son procès le 5 septembre 1895 à la gouvernance de Saint-Louis. Après son arrivée dans la vieille cité, le fondateur du mouridisme a eu à séjourner dans différents endroits. Des sites qui sont devenus des lieux de pèlerinage de millions de talibés venus de tous les coins du monde, surtout pendant le Magal des deux Raakas.
D’ailleurs, dans le programme du comité d’organisation de l’événement religieux, des activités y sont tenues pour rappeler aux talibés le passage du cheikh dans ces endroits. Parmi les sites les plus visités, on peut citer, entre autres, en face du marché de Sor, l’ex-domicile d’un grand érudit maure Ahmed Khouraïchi, transformé pendant la période coloniale en école des fils de chefs, avant de devenir aujourd’hui l’école élémentaire Khayar Mbengue.
Ici a séjourné Cheikh Ahmadou Bamba, du 18 août au 4 septembre 1895, la veille de son procès avec les autorités coloniales. Il est déplacé, toujours dans le faubourg de Sor, dans des magasins où il était enfermé. À cette même place sont érigés présentement les locaux du laboratoire d’analyses médicales et de la banque de sang de Sor. À en croire des conférenciers mourides, les conditions de détention étaient trop rigoureuses, de telle sorte que la femme du médecin blanc qui habitait le logement d’à côté, en protesta vigoureusement auprès de son époux pour que Borom Touba ait l’autorisation de sortir du magasin et se détendre un peu. Des sorties que Cheikh Bamba mettait à profit à la mosquée Zinc, au quartier de Balacoss, pour rencontrer ses amis marabouts et talibés parmi lesquels plusieurs dignitaires de Ndar. D’ailleurs, de ces magasins, Cheikh Ahmadou Bamba a écrit de célèbres «Khassaides».
Non content de le garder dans des conditions inhumaines durant sa détention, les Blancs l’envoyèrent au jardin d’essai, actuel site qui abrite les services régionaux de l’Isra et de la DRDR. Dans cet endroit, les autorités coloniales le livrèrent à des lions affamés pour que les bêtes le dévorent. Mais par la grâce de Dieu, ont raconté des historiens, les lions s’adoucirent et vinrent s’allonger auprès du marabout. Pour ces derniers, les persécutions du colon n’avaient qu’un seul objectif : intimider le cheikh avant l’ouverture du procès du conseil privé colonial.
Après avoir défié et humilié le gouverneur dans son bureau le 5 septembre 1895, Serigne Touba fut incarcéré dans une petite cellule à l’intérieur de la gouvernance. Laquelle cellule, dénommée n°4, demeure l’attraction de millions de pèlerins mourides lors du Magal des deux Raakas. Depuis plusieurs jours ce sont des files interminables de talibés qu’on y note.
Ibrahima Bocar SENE Saint-Louis