Publié le 27 Jul 2017 - 12:13

SENEGAL ÉTAT D’URGENCE ÉLECTORAL

 

La situation dramatique, dans laquelle se trouve le processus électoral, à cause des lenteurs inadmissibles dans la distribution des cartes biométriques ne fait que confirmer les craintes les plus pessimistes de certains observateurs, sur la volonté du président de l’APR et de sa méga-coalition de plus en plus impopulaires, de dévoyer le processus électoral.

Nous n’en voulons pour preuve que l’aveu d’échec que constitue la lettre adressée par le Président de la République au Conseil Constitutionnel demandant l’autorisation pour les électeurs, n’ayant pu retirer leur carte biométrique de se servir en sus de leur récépissé de dépôt, de diverses autres pièces, dont certaines périmées,  comme la carte d’identité numérique, l’ancienne carte d’électeur, mais aussi du passeport, du permis de conduire et même d’un document d’immatriculation (pour les primo-inscrits), pour voter aux élections du 30 Juillet prochain. Cette lettre rappelle d’ailleurs étrangement les circonstances ayant présidé au fameux référendum du 20 mars 2016. A l’époque, également, le Président avait prétexté du refus opposé par le Conseil Constitutionnel à sa volonté sincère de réduire la durée de son mandat actuel pour y renoncer. Ce que les juristes nationaux considéraient alors comme un simple avis consultatif et facultatif fut alors érigé en décision de justice irrévocable.

Comme dit l’adage, l’assassin revient toujours sur les lieux de son crime !

C’est pourquoi, nous suggérons fortement à la société civile de refuser de voir son nom associé à ces manœuvres politiciennes de bas étage.

D’autant que la récente décision du Ministre de l’Intérieur d’augmenter le nombre de bureaux de vote en prévision des législatives prochaines, nous rappelle aussi la polémique épique, à l’issue du référendum de l’année dernière, entre le pouvoir apériste et certains partis d’opposition, sur le nombre exact de bureaux de vote.

Ainsi se dévoilent petit à petit les mécanismes de fraude utilisés, l’année dernière, pour cacher sinon une déroute référendaire réelle, tout au moins la désaffection notoire du peuple sénégalais envers le pouvoir de Benno Bokk Yaakaar.

Nous nous trouvons donc face à une impasse, qui découle principalement de l’obstination des hommes du pouvoir à refuser toute véritable concertation avec l’Opposition sur le processus électoral.

Il s’agit bien de recul démocratique avéré et le gâchis est énorme, surtout si l’on prend en compte les fraudes dûment constatées au consulat de Paris, les distributions clandestines de cartes biométriques dans certains domiciles de responsables de la Coalition au pouvoir, un prétendu président de commission, à la mairie de Mermoz, qui se promène avec les cartes biométriques, qu’il est censé distribuer…etc.

Au final, nos preux chevaliers de l’Émergence Virtuelle auront réussi la prouesse de décrédibiliser le processus électoral après avoir transformé la noble reddition de comptes en vulgaire règlement de comptes.

Le peuple sénégalais assiste, donc, impuissant, à la mise en place d’un contentieux sur le processus électoral, qui augure de lendemains incertains pour la Démocratie sénégalaise.

Pour s’opposer à ces dérives inacceptables, il y a certes des forces patriotiques regroupées au sein de certaines Coalitions comme celle de Ndawi Askan Wi ou Senegaal Bi Nu Begg, mais aussi d’autres revanchardes, surtout celles, défaites en mars 2012, qui cherchent à se repositionner au sein de l’appareil d’Etat et qui sont animées de sentiments moins nobles.

C’est dans ce cadre qu’il faut situer l’activisme fébrile du Pape du défunt Sopi, qui sentant le pouvoir de son successeur de plus en plus impopulaire et vulnérable, cherche à positionner son fils héritier pour renouer les fils de la trame de la dévolution monarchique du pouvoir interrompue, il y a cinq ans. C’est pourquoi, la complaisance de certains ténors de Mankoo Taxawu Senegaal à son endroit ne peut susciter qu’incompréhension de la part des patriotes vertueux et démocrates sincères.

En attendant de voir l’issue de ce sinistre feuilleton électoral, dimanche prochain, on peut d’ores et déjà, constater la perte de crédibilité et de légitimité du régime de plus en plus tyrannique de Benno Bokk Yaakaar.

Le sursaut salvateur de certaines forces politiques regroupées autour de l’ancien Ministre de l’Énergie nous fait espérer, que tout n’est pas encore perdu.

Mais nous ne cesserons de plaider pour un large consensus de la classe politique autour de la refondation institutionnelle telle que proposée par le Peuple des Assises et confirmée par la Commission Nationale de Réforme des Institutions.

NIOXOR TINE

 

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