Publié le 10 Feb 2022 - 06:33
STATUT D'OBSERVATEUR D’ISRAËL DANS L’UNION AFRICAINE

Les mises en garde du Réseau panafricain de solidarité avec la Palestine 

 

Le Réseau panafricain de solidarité avec la Palestine se dit contre toute  décision visant à accréditer Israël pour le statut d’observateur de l’Union africaine. Les membres du PAPSN interpellent Macky Sall, nouveau président de l’UA, et mettent en garde les pays africains sur les conséquences de cette décision.  

 

Le Réseau panafricain de solidarité avec la Palestine (PAPSN) se dit ‘’extrêmement’’ déçu par l’Union africaine. Dimanche dernier, s’insurge le PAPSN, le Sommet des chefs d'État de l'Union africaine (UA) a ignoré sa responsabilité de défendre les valeurs inscrites dans l'Acte constitutif de l'UA et dans la Charte africaine des Droits de l'homme et des peuples qui revient à lutter contre l'apartheid, le racisme, le colonialisme et le sionisme. Le réseau rappelle qu’il mène une campagne contre ‘’l'accréditation d'Israël, pays de l'apartheid, une décision scandaleuse et unilatérale prise par Moussa Faki Mahamet, Président de la Commission de l'UA, en juillet 2021’’.

Dans un communiqué parvenu à ‘’EnQuête’’, il se réjouit ‘’de la nouvelle, dimanche matin, selon laquelle une réunion à huis clos du sommet avait décidé à l'unanimité de nommer un comité chargé d'enquêter sur l'octroi du statut d'observateur à l'État d'Israël, pays de l'apartheid. Le comité comprend trois présidents qui se sont opposés à l'accréditation d'Israël : l'Algérie, l'Afrique du Sud et le Nigeria et trois qui la soutiennent : la RDC, le Rwanda et le Cameroun et le président du Sénégal en sa qualité de président de l'UA’’. Ainsi, la réunion, poursuit le document, a également convenu que jusqu'à ce que le comité fasse ses recommandations finales, la décision d'accréditer Israël sera suspendue.

D’après les membres du réseau, le président Sall a déclaré à plusieurs reprises que l'UA ne devait pas être divisée par une "question étrangère". ‘’C'est une insulte au peuple africain et au prédécesseur de l'UA, l'OUA, qui ont lutté pendant des décennies pour débarrasser notre continent de l'apartheid, du colonialisme et du colonialisme de peuplement. Le sionisme ne peut pas non plus être considéré comme une "question étrangère", alors que la Charte africaine des Droits de l'homme et des peuples fait explicitement de la lutte contre le sionisme une responsabilité de l'UA’’, souligne le PAPSN.  Qui renseigne que la réunion a clairement montré que certains gouvernements et les peuples du continent refusent qu'un État pratiquant l'apartheid ait un statut d'observateur ou tout autre statut, au sein de l'UA.

La plupart des pays d'Afrique australe, insiste-t-on, ainsi que l'Algérie, le Nigeria et la Tunisie, se sont fermement opposés aux partisans d'Israël, insistant sur le fait que l'UA respecte ses engagements et reste cohérente avec ses diverses déclarations politiques sur la Palestine. 

‘’Cependant, au cours de la journée, Israël et ses partisans ont exercé de fortes pressions, promettant certainement à certains dirigeants africains davantage d'assistance militaire, de moyens de surveillance et de renseignement. En conséquence, les États membres de l'UA soutenant Israël ont insisté, dans l'après-midi, pour que la question de la suspension de la décision de juillet soit rouverte au débat, trahissant ainsi l'esprit de l'UA de prise de décision consensuelle’’, s’insurge la note.  

Elle informe, en outre, que des délégations telles que celles de l'Afrique du Sud, de l'Algérie, de la Namibie, du Nigeria et de bien d'autres, ont soutenu avec force que la décision antérieure devait être maintenue et que l'accréditation d'Israël devait être suspendue. Cependant, regrettent les signataires du document, un certain nombre d'États ont fait valoir que le statut d'observateur d'Israël devait rester valide.

Logiciel espion israélien Pegasus

‘’Sans vergogne, certains politiciens ont même utilisé la finale de l'Afcon qui devait avoir lieu quelques heures plus tard, pour limiter les discussions et écourter la réunion. De façon choquante, le président de l'UA, le président sénégalais Macky Sall, a soudainement mis fin à la réunion en déclarant que la décision de Moussa Faki d'accréditer un État d'apartheid était maintenue, en attendant les délibérations du comité’’. D’après la lecture du PAPSN, le nouveau président de l’Union africaine n'est pas encore prêt à agir de manière cohérente avec les résolutions de l’institution régionale sur la Palestine, alors  que, dit-on, en tant que président du comité, il a l'occasion de défendre les valeurs qui ont guidé le Sénégal depuis Senghor, et de mettre en œuvre la volonté du peuple sénégalais qui s'oppose fermement à l'apartheid et se tient aux côtés du peuple palestinien. 

‘’Le PAPSN appelle Sall et les autres membres du comité à considérer qu'il n'y a pas de coïncidence entre la réapparition des coups d'Etat militaires et l'augmentation des armes, des logiciels espions et des mercenaires israéliens sur notre continent. Au cours de la dernière décennie, les exportations militaires israéliennes vers l'Afrique ont augmenté de 309 %. L'année dernière, nous avons découvert que le logiciel espion israélien Pegasus était utilisé par des régimes autoritaires en Afrique contre leurs propres citoyens et même contre d'autres chefs d'État. Si les dirigeants africains veulent vraiment la paix et la sécurité, ils ne peuvent pas permettre à l'apartheid israélien d'avoir un statut quelconque au sein de l'UA. Tant qu'Israël est autorisé à régner librement en Afrique, nous ne pouvons pas nous attendre à ce qu'elle soit exempte de coups d'État et d'instabilité. Israël est une menace pour la paix en Afrique’’, prévient-on.  

Le Réseau panafricain de solidarité avec la Palestine appelle les sept présidents du comité à se conformer aux principes et aux valeurs de l'Acte constitutif de l'UA, de la Charte africaine et des nombreuses résolutions sur la Palestine prises depuis la formation de l'UA. ‘’Nos chefs d'État ont la responsabilité de défendre les valeurs, les principes et les Droits de l'homme énoncés dans les documents fondateurs et définitoires de l'UA. Les États membres de l'UA ont une obligation de principe, politique et juridique de s'opposer au colonialisme de peuplement, à l'apartheid, au pillage extractif des ressources africaines par Israël et à l'expansion des capacités militaires et de surveillance sur notre continent, de lutter contre le sionisme et de soutenir la libération du peuple palestinien’’. 

HABIBATOU TRAORE 

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