Témoignage sur ASD

Depuis le début des années 2000, l’une des attentes hebdomadaires les plus attendues des sénégalais, en matière radiophonique, est assurément l’émission fétiche du journaliste Alassane Samba DIOP, intitulée « Remue-ménage » ; elle est diffusée par la radio du « groupe Futurs médias ».
Elle symbolise, aux yeux des auditeurs, une véritable marmite bouillonnante par la qualité et la diversité des sujets, des intervenants et par ma maitrise du journaliste.
Les auditeurs n’ont jamais été déçues dans leurs besoins et demandes de s’informer, pour apprendre à la bonne source d’autant plus que très vite, l’émission a évolué de la cible des acteurs politiques pour intégrer les chercheurs, les enseignants, les experts, bref les intellectuels organiques qui s’expriment dans l’intérêt des masses sénégalaises.
La compilation d’une partie des échanges avec un échantillon d’invités de Alassane Samba DIOP comprenant feus Hamidou DIA, Mouhamadou MBODJI et Ibrahima SOW a donné « La vie est un temps de parole… » en hommage à ces illustres disparus. Le lancement de cet ouvrage, édité par « Les éditions feu de brousse » de notre ami, le poète Amadou Lamine SALL, me donne l’occasion de témoigner sur l’auteur que j’ai découvert en tant qu’invité de son « remue-ménage » et avec qui je garde depuis, des liens très forts.
Au moment de me pencher sur le livre de ASD, j’ai ressenti comme son parent de préfacier Abdou Salam KANE ASAK, le poids « sur la tête de tous les neveux du monde plane l’ombre du népotisme, l’autre appellation du favoritisme, tandis qu’en même temps la déontologie est consubstantielle qui lui impose l’objectivité dans ses propos et analyses ».
Je me suis vite ressaisi en me rappelant les conseils, sous forme de consignes de ma défunte mère après ma première apparition sur un plateau de télévision au début des années 1990. « Si tu ne peux pas te passer de parler à la radio et ou d’apparaitre à la télé, m’avait-elle enseigné, LIMITES TOI À NE DIRE QUE CE QUE TU SAIS, QUE CE QUI EST BON ».
Comme ASAK donc, ce n’est pas à mon âge que je vais parler pour PLAIRE, encore moins pour DÉPLAIRE, car comme le disait Serigne Haadi TOURÉ, le fidèle compagnon de Seydi El Hadji Malick SY et précepteur de Moulaye Abdoul Aziz SY Dabbaax : « Wax, BOO CI BEGGEE LEB LE, FAY CI BOR, DU RAFETT, DU JERIGN ».
C’est donc avec plaisir, envie et fierté que j’ai parcouru les premières lignes de cet ouvrage que je n’ai pas encore fini de lire entièrement.
Cette esquisse m’a laissé des motifs réels de satisfaction concernant Alassane Samba DIOP, sur lesquelles, je retiendrai, entre autres :
A. Le SENS et L’OBJET du SOUS-TITRE : en déclarant dès la page de garde que cet ouvrage est un hommage à Hamidou DIA, Mouhamadou MBODJI et Ibrahima SOW, ASD a décliné une de ses qualités humaines qui renforce ses potentialités professionnelles ; je veux dire la GÉNÉROSITÉ. En effet, dès le titre, Il a exclu d’emblée de tirer toute la couverture à lui-même en mettant l’accent sur ce que ses différents invités ont apporté à sa notoriété et celle de son émission fétiche « remue-ménage ». En consacrant cet hommage à des disparus, dont les qualités intellectuelles et éthiques sont reconnues autant par leurs pairs que par leurs concitoyens, Alassane démontre la GRATUITÉ de son geste. Dans notre société ou la plupart des « coups » sont calculés à l’aune des dividendes attendues, ce geste mérite d’être souligné.
Il s’y ajoute que, en tant qu’invité à plusieurs reprises de « remue-ménage », j’ai pu rencontrer sur le plateau de ASD, certains des personnages honorés par l’ouvrage. Je puis témoigner que les hommages qu’ASD leur dédie sont plus que mérités. En effet les intellectuels intrépides qui sont magnifiés dans cet ouvrage, ont contribué à la floraison et à l’ensemencement des bonnes et utiles idées dans notre société sénégalaise qui a tendance de plus en plus, de travestir progressivement les postures de réflexions en jugements péremptoires. Tel n’est pas le cas du Professeur Ibrahima SOW dont le laboratoire de l’imaginaire de l’IFAN Cheikh Anta DIOP a interrogé, sous l’angle d’une réflexion et d’une recherche profondes, des questions aussi essentielles que les JINN (RAB), l’anthropophagie (le NDEMM), le FARU RAB, JEKER U RAB et bien d’autres questions jugées taboues dans notre société pour enraciner l’obscurantisme. Il en est de même de Mouhamadou MBODJI, un des modèles d’engagement citoyen qui a donné ses lettres de noblesses au combat de la société civile Sénégal et en Afrique. On peut en dire autant de Hamidou DIA dont la finesse de l’analyse, alliée à la qualité de la plume, constituent à jamais une des caractéristiques de l’homme.
Cela étant, je peux témoigner objectivement sur les qualités que je reconnais à ASD et qui déteignent indubitablement sur ses activités professionnelles et sociales. Elles sont, entre autres,
B. L’ORIGINALITÉ : malgré sa notoriété reconnue sur le champ de la pratique du journalisme et de la communication, ASD n’a pas encore, et ne succombera surement pas dans le piège de la « STARISATION » qui a enterré bien des carrières de communicants. ASD excelle plutôt dans la capacité de mettre en valeur ses invités en réussissant à leur « tirer les vers du nez » comme on dit en jargon de journaliste, sans agresser leur intégrité intellectuelle. En balisant correctement les rôles dans la distribution de « remue-ménage » ASD aura réussi dans la durée à se valoriser professionnellement tout en respectant ses interlocuteurs.
C. LE PROFESSIONNALISME : au-delà de « remue-ménage », ASD s’est taillé une belle réputation de journaliste bien « sourcé ». En effet, tous ceux qui suivent les médias de notre pays reconnaissent la qualité et l’étendue de ses contacts qui lui permettent de dénicher les interviews des grandes personnalités de la politique, de l’économie, etc. au Sénégal comme sur l’international. C’est la preuve de la confiance que lui accordent tous ceux qui veulent communiquer sur leur savoir, leurs projets, leurs points de vue etc.
D. LE COURAGE INTELLECTUEL : dans son émission phare du dimanche, comme dans ses reportages et autres genres journalistiques qu’il pratique allègrement avec succès, ASD manifeste un courage intellectuel sans limites dans la recherche de la vérité pour les auditeurs et téléspectateurs qui sont les clients prioritaires de sa collecte et sa diffusion de l’information. Sous ce rapport, il exprime son attachement à cette forme de « communication civique », selon Jacques RIVET, garant de la liberté de choix des auditeurs qui ne veulent nullement être noyés dans l’inflation médiatique au point d’être bien souvent « sur informé, mal informés et désinformés ». Il est ici au centre de la DÉONTOLOGIE qui est au journaliste ce que le serment est au magistrat, à l’avocat ou au médecin ; c’est à dire un sacerdoce qui implique l’éthique d’informer dans toute pratique professionnelle bien assumée.
E. LA SOCIABILTÉ : ASD est très attaché aux liens sociaux, à ses origines d’abord depuis le terreau fertile du lit du fleuve Sénégal qui a engendré la société sénégalaise dont la principale richesse réside dans ses diversités complémentaires, facilitées par une géographie favorable aux rapprochements plutôt qu’aux séparations induites par des obstacles naturels qui divisent. Aussi, dans son travail, perlent autant son éducation rigoriste de la société du pays des « ALMAAMI » que l’environnement et le sentiment d’appartenance à la famille dans toutes ses dimensions qui lui font admettre et intérioriser, comme dirait Marx, que « l’homme est l’ensemble de ses relations sociales ». C’est pourquoi, il n’a aucune peine à m’appeler « grand frère » depuis que nous nous fréquentons sans que cela puisse obérer son souci de profiter de moi pour bien informer son public. Je lui rends justice en témoignant librement.
ALLAH VEILLE SUR TOI PETIT FRÈRE
Pr Mbaye THIAM