Publié le 14 Jul 2021 - 19:51
TABASKI A MATAM

Clients et vendeurs pas satisfaits

 

Le mouton de Tabaski est sur toutes les lèvres, au moment où les principaux marchés hebdomadaires de la région sont relativement bien approvisionnés. Cependant, malgré le ballet des potentiels acheteurs, les béliers s’écoulent au compte-gouttes. La faute à des prix jugés ‘’exorbitants’’ par les clients. Une situation qui ne satisfait ni vendeurs ni acheteurs.

 
Dans une semaine, les fidèles musulmans vont célébrer la fête de l’Aid El Kebir. L’ambiance dans les maisons et dans les marchés en dit long sur la dimension sociale de cet évènement religieux. Les bêlements de béliers se font entendre partout. Le grand jour s’approche à grands pas, mais la frustration semble être le sentiment le mieux partagé dans cette partie nord-est du pays. 
 
Le marché de la ville de Matam est situé à quelques jets de la Mauritanie. Des Mauritaniens ont traversé le fleuve avec leurs troupeaux. Ils ont pris d’assaut la ruelle prolongeant la promenade Angle Fadel. Zayid est un Maure au teint bien clair qui comprend parfaitement le wolof. Il est venu vendre ses moutons, mais jusque-là, le nombre de têtes vendues se compte du bout des doigts. 
 
‘’Je suis ici depuis bientôt une semaine, mais je peux vous dire que nous ne vendons quasiment rien. Vous avez dû constater le défilé de clients. Mais la plupart viennent plus pour marchander que pour vraiment acheter. Nos moutons ne coûtent pourtant pas cher. Seulement, si un client vient avec un budget de 50 mille et vise un gros bélier d’une valeur de 100 mille, ce n’est pas possible. Nous avons des moutons pour toutes les bourses, mais on ne peut pas bazarder nos béliers. Nous payons des taxes, l’aliment de bétail, sans oublier la prise en charge des personnes qui nous accompagnent aussi. Pour le moment, ce n’est pas encore la grande affaire’’, déplore ce Mauritanien qui, habituellement, allait faire affaire à Dakar. Une expérience qui est en train de prendre des allures de fiasco.
 
‘’C’est la première fois que je reste à Matam pour vendre mes moutons. Depuis plus d’une décennie, je me rends au marché Seras. Les deux dernières années, les choses avaient mal tourné pour moi. Il y avait une quantité importante de moutons invendus. Les pertes étaient énormes. Voilà pourquoi j’ai voulu expérimenter Matam. Mais je dois avouer que ce n’est guère meilleur qu’à Dakar, puisqu’ici les gens n’achètent pas, mais ils marchandent juste’’, s’est-il une fois encore désolé.
 
Un autre de ses compatriotes, Ould Mokhtar, teint plus bronzé, partage ce sentiment. En cinq jours, il n’a pas encore vendu plus de 10 têtes. Une situation qu’il explique par la préférence des populations pour les moutons élevés dans les maisons. ‘’J’espère que vous n’êtes pas venu marchander uniquement ?’’, lança-t-il dès qu’on s’est approché de lui avec un grand sourire. Les clients se font désirer, je n’ai vendu que huit béliers en cinq jours. Les gens me font parler pour me proposer des prix dérisoires en fin de compte. En réalité, ils préfèrent les moutons engraissés, élevés dans les maisons. Mais ces moutons sont hors de prix pour eux. Alors, quand ils se rabattent sur nos moutons, ils refusent de mettre le prix. C’est la triste réalité du marché local’’, explique-t-il.
 
Paradis perdu
 
Dans un passé encore récent, le Fouta était un endroit où le prix du mouton était le plus bas du pays. Aujourd’hui, la tendance a changé. Les prix ont connu une hausse vertigineuse en un temps record. Selon Amadou Ball, les spéculations ont fait un grand mal aux populations locales. ‘’Avant, le mouton se vendait à de petits prix. Je me rappelle, il y a moins de sept ans, avec 40 mille francs, on avait un bon bélier, mais aujourd’hui, les moutons qu’on nous vend à 75 mille francs présentent un aspect peu attractif.
 
C’est terrible pour les petites bourses’’, dit-il dans l’espoir qu’il trouvera mouton à sa corde.
 
Les vendeurs ne se frottent pas encore les mains. Une situation qui devrait donner le sourire aux clients. Pas du tout. Si l’on se fie à Saidou qui n’a pas encore trouvé de mouton malgré un budget de 60 mille. ‘’J’ai de l’argent, mais je ne parviens pas à avoir un mouton. Les prix sont hors de portée pour les petites bourses. Je préfère les moutons d’élevage domestique, mais d’après ce que j’ai vu, c’est impossible pour moi d’en trouver. Alors, quand je vais chez les vendeurs mauritaniens, on me dit des prix exorbitants ou ils me proposent un mouton maigrichon pour 60 mille. Je ne suis pas fou et j’ai sué pour avoir cet argent’’, dit-il sur un ton irrité. 
 
En effet, le tour que nous avons effectué dans les points de vente a permis de connaitre la réalité des prix. Les coûts semblent excessifs pour la plupart des habitants. C’est parce que des opérateurs quittent la capitale et viennent acheter les moutons engraissés pour les vendre à Dakar à un prix presque doublé. Aujourd’hui, le prix minimum d’un bélier tourne autour de 75 mille francs.
 
Finalement, à moins d’une semaine de la Tabaski, le marché des moutons est encore calme. Une situation qui ne fait ni l’affaire des vendeurs encore moins des clients. 
 
Djibril Ba

 

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