‘’Le Soleil’’ pose le débat de sa mutation

Plus d'un demi-siècle, cela se commémore. Mais pour le quotidien national, ‘’Le Soleil’’, ce 55e anniversaire, à travers un panel, pose le débat de l'adaptation de l'entreprise face à un univers médiatique en perpétuel mouvement. Comme pour dire comment tester au soleil sans courir le risque de se brûler ?
Pour ces 55 ans, après les agréables moments de la journée, c'était venu le temps de l'utile, l'après-midi. Ainsi, autour de la thématique ‘’’Le Soleil’, face aux mutations du paysage médiatique’’, le directeur du Centre d'études des sciences et techniques de l'information (Cesti) ainsi que deux anciens de la maison, Abdou Diaw et Habib Demba Fall, ont émis des pistes de réflexion pouvant aider le journal à changer, tout en ne changeant pas.
“Au-delà de sa ligne éditoriale, la vraie force du ‘Soleil’ a toujours résidé dans ses ressources humaines de qualité. Mais il est nécessaire aujourd'hui de proposer un nouveau contrat de lecture, car l'environnement a changé”, lance ainsi les hostilités le journaliste et ancien de la boite, Habib Demba Fall.
Il va plus loin en expliquant que le changement est utile afin d'élargir le lectorat. “Le ‘Soleil’ continuera à être le relais de l'action gouvernementale. Toutefois, explorer de nouveaux champs d'information s'impose. Avec cette réforme, le quotidien national diversifie forcément son lectorat qui ne sera plus composé uniquement du triptyque cadre, intellectuel, retraité”.
Pour son temps de parole, M. Fall suggère que c'est le meilleur moment pour poursuivre les réformes concernant notamment le digital, afin d'augmenter le chiffre d'affaires et le lectorat. Car, comme en 2000 et en 2012, lors des deux précédentes alternances, ‘’Le Soleil’’ profite encore de l'état de grâce dont bénéficie le pouvoir actuel. À côté, il propose que “beaucoup plus de pages soient consacrées aux autres régions”, une façon de sortir un peu de l'hégémonie dakaroise et de rendre le quotidien national encore plus national.
Un processus de digitalisation embryonnaire, mais très prometteur
Selon le directeur du Cesti, qui a axé sa réflexion sur la digitalisation, ‘’Le Soleil’’ devait être dans le gotha des leaders dans le domaine depuis longtemps. Si l'on sait que “la maison mère” a obtenu son site Internet en 1998, juste un an après celui du gouvernement sénégalais, le moins que l'on puisse dire, c'est que l'aspect numérique n'a pas été très vite pris en compte. Mieux encore, l'Internet ayant atterri au Sénégal en 1996, ‘’Le Soleil’’ n'avait pas attendu longtemps pour se mettre au diapason, nous apprend Mamadou Ndiaye.
Ce dernier se réjouit tout de même du parti pris pour le digital. L'enseignant laisse entendre que le potentiel de ce label, cette académie, est encore sous-exploité. Cependant, M. Ndiaye souligne que le numérique ne devrait pas être une porte ouverte à la “course à l'audience et à l'exclusivité”.
Quant à Abdou Diaw, ancien de la maison, il a entretenu l’auditoire sur l'audience sur le modèle économique. Il estime que celui du ‘Soleil’ fait face à “d'énormes défis”. Mais d'après l'enseignant, avec le rythme de digitalisation de plus en plus soutenu, “des mannes financières importantes” peuvent être captées. Une initiative qui permettra de sortir de la dépendance de la vente quotidienne et des autres conventions et retombées publicitaires.
Et ce n'est pas tout. Le journaliste spécialisé en économie suppose que d'autres niches, à l'instar de l'événementiel, la monétisation de certains contenus ainsi que celle des archives, qui constituent une mine d'informations, peuvent valoir d'énormes satisfactions.
Mamadou Diop