Publié le 19 Sep 2025 - 10:24
Tourisme, culture et artisanat

Une articulation stratégique pour le développement

 

Le tourisme, par nature, est un secteur transversal et complexe. Sa chaîne de valeur mobilise de nombreux maillons allant des attractions à la restauration, en passant par le transport, l’hébergement et les loisirs. C’est précisément cette transversalité qui en fait un puissant levier de développement, à condition de savoir « mettre en musique » ses différentes composantes. Il est important dans l'appareil de gouvernance et d'encadrement de trouver l'alchimie qui associe les acteurs privés et les collectivités territoriales dans les initiatives déroulées par les pouvoirs publics et leurs déménagement, en l'occurrence SAPCO et ASPT pour en citer quelques uns. Dans ce processus, la culture et l’artisanat apparaissent comme des piliers essentiels, car ils nourrissent l’expérience touristique en lui donnant une identité, une authenticité et une valeur ajoutée symbolique et économique.

Les acteurs du tourisme s’appuient largement sur les biens et services issus de la culture et de l’artisanat : musées, festivals, spectacles, gastronomie, savoir-faire, objets d’art ou encore architecture vernaculaire. Ces ressources ne se limitent pas à leur dimension esthétique, symbolique ou identitaire ; elles s’inscrivent également dans un champ économique plus large, celui des industries culturelles et créatives et de l’économie numérique, qui ouvrent de nouvelles perspectives en matière de diffusion, de valorisation et de consommation culturelle.

Le tourisme  va par conséquent jouer un rôle de catalyseur. Il stimule la demande en produits artisanaux, en expériences culturelles, en patrimoines revisités, contribuant à transformer la richesse immatérielle en richesse économique. Dans ce sens, l’architecture gouvernementale chargée d’orchestrer ces interactions entre tourisme, culture et artisanat prend toute son importance. Une gouvernance intégrée permettra d’éviter la fragmentation des politiques sectorielles et de maximiser l’impact de ce triptyque sur le développement.

L’investissement dans les infrastructures, l’aménagement et l’animation des pôles touristiques et culturels est également une condition sine qua non. Une telle approche intégrée permet de créer des circuits cohérents où le visiteur peut à la fois découvrir des sites patrimoniaux, participer à des événements culturels, consommer des produits artisanaux et bénéficier de services modernes. Cette synergie contribue à positionner le tourisme comme une activité qui met  en mouvement une grappe économique dynamique articulant tourisme,  patrimoine, arts, industries créatives et artisanat d’art.

Cette dynamique peut être durable si elle s’accompagne d’une formation adaptée. Les universités et les ISEP (Instituts supérieurs d’enseignement professionnel) ont un rôle déterminant à jouer en formant des professionnels capables de comprendre et de gérer cette transversalité. En intégrant dans leurs curricula des modules sur la valorisation des patrimoines, le management culturel, l’économie créative et l’innovation artisanale, ces institutions contribuent à ancrer l’approche intégrée dans les pratiques de terrain.

En somme, l’articulation tourisme-culture-artisanat ouvre la voie à un développement durable et inclusif, qui valorise à la fois les identités locales, la créativité contemporaine et la compétitivité économique au profit des bénéficiaires qui sont d'abord les populations et ensuite les touristes nationaux comme internationaux.

Madou KANE

Gestionnaire du patrimoine culturel

Spécialiste du tourisme culturel

Section: 
Sénégal : Quand l’urgence devient méthode
POUR PRÉPARER LA RUPTURE AVEC LE NÉOCOLONIALISME : PASTEF DOIT REDEVENIR L’ORGANISATEUR COLLECTIF DU PEUPLE!
Abdou Diouf, la RTS et la mémoire nationale : Encore une occasion manquée
ET SI ON PARLAIT D’INSERTION DES JEUNES A LA PLACE D’EMPLOI DES JEUNES
ÉGALITÉ EN DANGER : L’alerte d’Onu Femmes
DU CAPITAL A LA CONNAISSANCE : Transformer la fuite en source, le Brain Drain en Brain Gain
Un cri de cœur pour les clubs sénégalais : Sauvons notre football local  
Matériel agricole au Sénégal : Entre modernisation promise et réalité du terrain
La souveraineté en partage : La diaspora sénégalaise au cœur du financement national
Un champ est une école vivante : Ode à l’intelligence de la terre et à la pédagogie du vivant
Le PRES en partage : Le pacte de Monza entre Sonko et la diaspora
SERIE : LE MONDE TEL QUEL ! : L’ONU à 80 ans : Une occasion cruciale de renouveau
La tentation du parti-État : Un glissement révélateur
DE LA CONSOMMATION À L’INVESTISSEMENT : FAIRE DE LA DIASPORA LE MOTEUR DE LA CROISSANCE SÉNÉGALAISE
Ousmane Sonko en Italie : Quand la diaspora devient un pilier du projet national 
GESTION DES RISQUES : REFERENTIEL NOUVEAU POUR LE CONTROLE INTERNE DANS LES ENTITES PARAPUBLIQUES
Marchés agricoles : Entre autosuffisance et spéculation, l’ARM face à ses défis
PASTEF : Entre négligence de sa jeunesse et l’oubli de certains militants
Santé au Sénégal : Un droit bafoué, une urgence ignorée
Les Chroniques de la participation citoyenne : Pour une administration de mérite et de compétence, loin de la kleptocratie