Publié le 8 Dec 2021 - 16:25
VIOLENCES CONTRE LES FEMMES

Les acteurs interpellent les médias

 

Dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, le Wathi a tenu un webinaire pour parler du rôle des médias et de la perception de la place des femmes dans la société sénégalaise.

 

Malgré des avancées notoires, les femmes continuent d’être confrontées à un certain nombre de discriminations et de violences dans la société sénégalaise. Les causes, à en croire la journaliste Eugénie Rokhaya Aw, sont à chercher dans les profondeurs même de la tradition sénégalaise. ‘’Il y a, souligne l’ancienne directrice du Cesti, une espèce de socialisation des violences dans laquelle on est empêtrée. La violence vient de cette socialisation que nous avons du mal à dépasser. Et les médias y contribuent, parce que ce sont eux qui donnent la parole à ces parangons de la vertu qui nous disent que ‘les femmes doivent rester dans un cadre. Si elles en sortent, tant pis pour ce qui leur arrive’’’.  

Cette tradition, à en croire la journaliste, impacte également le traitement médiatique des faits de société. ‘’On les analyse de manière superficielle. On ne va jamais au fond des choses. Souvent, le journaliste lui-même se pose des questions sur certains de ses droits. On a peur d'aller au-delà de certains stéréotypes. C’est un véritable problème et cela constitue une entrave à la lutte contre la violence sous toutes ses formes’’, regrette Mme Aw.

Et d’ajouter pour fustiger cette violence qui se vit jusque dans les salles de rédaction : ‘’Quand je suis entrée dans les médias, la première chose que j’ai remarquée, c’était les stéréotypes. Il y a beaucoup de stéréotypes et de la discrimination dans le milieu. Souvent, sous le prétexte même de vouloir nous protéger…’’

Au ‘’Soleil’’, lance-t-elle, alors qu’elle y était la seule femme à l’époque, elle en a vu des attitudes peu avenantes. En même temps qu’il y avait des hommes extraordinaires qui veillaient sur elle, en même temps, à l’intérieur de la salle de rédaction, il y avait des collègues qui pouvaient avoir des attitudes extrêmement irrespectueuses. ‘’Pour eux, le métier étant public, ce n’est pas pour les femmes. Nous, nous sommes censées rester dans l’espace domestique, dans les maisons ou bien dans les métiers qui ressemblent à ce que nous faisons à la maison : culture, santé, éducation…’’. Et les choses, si on l’en croit, ont empiré à travers le temps. ‘’…

La violence, peste-t-elle, est à l'intérieur des salles de rédaction. C’est extrêmement inquiétant et les femmes journalistes, parfois, ne se rendent même pas compte qu’elles font l’objet de harcèlement’’.

A en croire son confrère Abdoulaye Ndiaye, ce n’est pas que dans l’espace médiatique qu’il y a cette violence. Il ajoute : ‘’La violence est aussi dans l’espace politique. On n’a jamais donné à la femme sa véritable place. Dans les partis de masse, la femme a toujours joué un rôle d’animation, attendue pour le folklore. C’est cette même pratique que l’on trouve un peu partout. Il faut apprendre à traiter les femmes comme on traite les hommes. Elles ont été dans les mêmes écoles, ont appris les mêmes choses et peuvent faire le même travail. C’est valable dans tous les domaines.’’

 

Section: