Publié le 10 Dec 2015 - 18:39
VOTE SANS DÉBATS DU BUDGET DU MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE

Abdoulaye Seck passe les doigts dans le nez

 

Les acteurs du monde rural ont dû tomber des nues hier en apprenant que le budget du ministère de l’Agriculture et de l’Équipement rural a été voté sans débats. Papa Abdoulaye Seck a été ovationné par les députés pour sa compétence dans ‘‘la gestion importante de ce domaine du PSE’’. Son budget est arrêté à la somme de 175 milliards F CFA contre 165 milliards en 2015.

 

Une hausse de 9 milliards 578 millions 72 mille 260 F CFA, un vote à l’unanimité, un plébiscite sans débats. Le passage de Pape Abdoulaye Seck à l’Assemblée nationale hier avait tout d’une tarte à la crème. ‘‘Que son budget soit voté sans débats compte tenu de la compétence du ministre et des résultats satisfaisants, nous lui décernons la mention honorable. Je propose que son budget soit voté sans débats’’, a lancé Alioune Badara Diouf juste après la lecture du projet de budget. Malgré la contre-proposition de l’honorable Boubacar Biaye, qui a souhaité un débat puisque ‘‘c’est l’occasion de montrer à la face du monde que le ministre a bien travaillé et de le dire de vive voix’’, la première option a été retenue. Par 45 voix pour, 3 contre et une abstention, la représentation nationale a donc permis  au ministre de l’Agriculture et de l’Équipement rural d’aller participer au Conseil des ministres.

 Une situation qui a ulcéré la représentante thiessoise Hélène Tine qui a voté contre ‘‘cette situation gênante’’. ‘‘Tout le paysannat était à l’écoute de l’Assemblée. C’est désolant,  compte  tenu de la situation que nous vivons dans cette institution. C’était par exemple le moment d’entendre le ministre sur les mesures prises par le gouvernement sur  la campagne arachidière. Nous avons voté le budget de l’Élevage sans débats, et celui de l’Agriculture aussi. C’est la quasi-totalité des populations sénégalaises qui dépendent de ces deux secteurs. Quels que soient les résultats enregistrés, notre rôle de parlementaires est de questionner. Les collègues ont décidé à une majorité écrasante de ne pas aller aux débats. C’est malheureux, c’est dommage pour le Parlement’’, s’est-elle désolée pour ce secteur qui polarise 60% de la population sénégalaise.

Tout le contraire du président de la séance du jour, Moustapha Cissé Lô, qui a voté pour. ‘‘Les députés adhèrent à la politique définie par le chef de l’État et mis en œuvre par le ministre de manière excellente. Nous avons un devoir de le féliciter quand un ministre fait du bon travail. Il est préoccupé par les problèmes de la campagne agricole, de la Suneor... En commission technique et en commission des finances, nous avons travaillé avec les différentes services du ministère de l’Agriculture et les députés avaient estimé qu’on pouvait voter ce budget parce qu’il n’y avait rien à demander sinon faire du show. Nous avons estimé qu’il fallait libérer le ministre pour qu’il puisse participer au Conseil des ministres’’, a-t-il défendu

1 million 121 mille 400 tonnes d’arachides cette année

Le Sénégal fait partie des 9 pays sur les 15 de la CDEAO à avoir dépassé 10% de leur budget accordé à l’agriculture. Le ministre a salué la hausse du budget de ce secteur ‘‘qui doit être la force motrice sur laquelle on doit s’appuyer pour définir l’émergence économique et sociale de notre pays’’. Les bons scores de la filière arachidière ont fait la fierté du ministre d’autant plus que ce sont les objectifs de 2017 qui sont déjà atteints. ‘‘Cette année, on attend une production de 1 million 121 mille 400 tonnes environ. C’est une production-record. Depuis l’indépendance, nous avons obtenu 8 fois plus d’un million de tonnes. Nous avons atteint et dépassé l’objectif fixé dans le cadre du Pse, lequel se fixait ce chiffre en 2017. Pour l’arachide, nous avons exporté plus de 155 mille tonnes pour un objectif fixé à 100 mille tonnes en 2017. Nous vivons une véritable renaissance de la filière arachidière au grand bonheur des producteurs et productrices de ce pays’’, a soutenu Papa Abdoulaye Seck.

 En ce qui concerne la Suneor, le ministre a déclaré que la phase transitoire est de bonne tenue. ‘‘L’État a décidé de se séparer d’un opérateur à l’amiable ; les discussions sont en cours mais en attendant, les dispositions idoines sont prises et elle la (Suneor) fonctionne dans de bonnes conditions’’, a-t-il déclaré en marge de la session. Selon le ministre du Budget, en travaux de commission, ce dossier est cogéré avec le ministère des Finances ainsi que les partenaires techniques et financiers. ‘’Un cahier des charges est en préparation pour obtenir les meilleures offres possibles afin de préserver les intérêts du pays. Aucune offre n’est exclue, qu’elle vienne du secteur privé sénégalais ou de l’étranger’’, a précisé Birima Mangara.

OUSMANE LAYE DIOP

 

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