Mystère autour de l’attaque du pont de Niambalang

Une bande a perpétré une attaque armée, dans l’arrondissement de Nyassia, près d’Oussouye, faisant un mort, des dégâts matériels ; ainsi que des biens dérobés. Les raisons de cette nouvelle attaque dans cette zone demeurent difficiles à cerner.
N. Soumaré, témoin des faits, confie qu’une dizaine d’hommes lourdement armés ont, dans la nuit de ce mercredi à jeudi, vers minuit passé d’une trentaine de minutes, fait irruption à hauteur du pont de Niambalang pour semer la désolation. « Ils étaient lourdement armés. Ils m’ont demandé de l’argent, pris un sac de riz gardé dans le petit restaurant de fortune que ma femme et moi avions implanté sur place, du carburant et mon moteur », informe l’individu dont la baraque en zinc a été entièrement brûlé. Tout comme les autres cabanes de pêcheurs, pour la plupart des autochtones, installées à gauche, juste à hauteur du pont de Niambalang, à une trentaine de kilomètres sur l’axe Ziguinchor-Oussouye.
Selon toujours ce témoin, plus d’une vingtaine de filets, mais également des moteurs, ainsi que de petits matériels de pêche ont aussi été incendiés par « le commando » qui, avant sa retraite, a posé des explosifs sous le pont. Explosifs qui ont légèrement endommagé l’infrastructure et fait un mort qui, visiblement, s’était caché près de l’infrastructure. Le corps de la victime répondant au nom de D. Sagna, âgé, dit-on, de plus de 70 ans, a été récupéré par les sapeurs-pompiers. Le trafic a repris sur cet axe hier, jeudi, aux environs de dix heures, après que les militaires ont fini de se déployer sur les lieux.
Depuis quelque temps, l’on assiste à une recrudescence de la violence dans cette zone, illustrée par les braquages à Kaguitte les jours passés, et à Bafican il y a quelques semaines, toujours dans l’arrondissement de Nyassia, à une dizaine de kilomètres du Pont de Niambalang, trait d’union entre le département de Ziguinchor et celui d’Oussouye. Les mobiles de ce regain de tension dans cette zone des Bayottes qui a connu, mieux que le Front Nord du Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (Mfdc), une très longue accalmie, sont difficiles à cerner. Toutefois, il (ce regain de tension) intervient après le massacre des exploitants forestiers, le 06 janvier dernier, à Boffa-Bayottes. Un massacre qui a fait 14 morts parmi ces derniers. Depuis, l’armée mène dans cette zone des opérations de ratissage pour « traquer » les bourreaux de ce massacre jusque dans leurs derniers retranchements et « nettoyer » cette partie du département de Ziguinchor où sont implantés les combattants du Mfdc proches de César Atoute Badiate notamment, qui pourtant a toujours réaffirmé sa volonté de trouver une solution pacifique au conflit en Casamance.
Un ex-combattant du Mfdc : ‘’Je ne comprends pas cette situation…’’
Les opérations militaires dans cette zone expliqueraient-elles, à elles seules, cette reprise de braquages et attaques de la part de bandes armées supposées appartenir à « Atika », la branche armée du Mfdc ? Sont-ils l’œuvre de bandes armées incontrôlées à la recherche de moyens de survie ? Autant de questions, sans réponses, qui continuent de susciter le débat dans la capitale méridionale du pays. « Je ne crois pas que cette attaque du pont de Niambalang et les braquages enregistrés dans cette zone soient liés aux opérations que l’armée y mène. Je ne comprends pas cette situation qui intervient au moment même où, au sein des combattants du Mfdc, la recherche d’une solution pacifique au conflit reste le maître mot », explique un ancien combattant du mouvement qui a choisi le dialogue et la négociation comme arme de sortie de crise en Casamance.
HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)