Publié le 2 Aug 2015 - 13:27
CONTRIBUTION

Assistance, toujours coupable…

 

Dites le moi si j’ai raté quelque chose. Il y a une semaine le correspondant de la RFM parlait de 15 morts depuis le début de l’hivernage dans la zone de Matam. Les causes de ces cas de décès : noyade ou effondrement de bâtiment. Il a bien dit 15 morts ! Et puis rien. Il a fait son job l’ami Ali Bandel Niang, c’est le confrère qui couvre cette partie du pays pour la radio futurs médias. Mais on peut lui reprocher de ne pas faire assez de tapage sur ces cas de décès. Le même reproche est fait à toute la presse engluée dans des débats parfois stériles souvent relevant juste d’intérêts personnels. Je n’ai pas de problème avec Massamba ou Mademba mais j’ai parfois un problème avec la manière dont mon métier est pratiqué dans ce pays, ce qu’il pose comme priorité.

Pour des choses qui ne représentent absolument rien devant ce drame, les éditorialistes retrouvent toute leur inspiration pour remplir des pages entières, les radios avec un certain type d’auditeurs nous tympanisent dans des interminables « wakh sa khalat ». Nous sommes tous coupables. La société civile prompte à occuper les médias dans des affaires politiques ou des questions de droits de l’homme, n’a pas apparemment la même sensibilité quand on parle de morts à l’intérieur du pays. Dans d’autres pays où la personne est au cœur des préoccupations et de façon très sérieuse, une telle affaire serait à la Une de la presse, les gouvernants sur place, pour permettre à tout le monde de savoir ce qui s’est passé et faire de telle sorte que pareilles situations ne se reproduisent plus. Il est même bon de faire le déplacement pour juste rappeler aux parents leur responsabilité dans la protection de leurs enfants.

Les discours sont encore loin de recouper les réalités quotidiennes. PSE ou PUDC, l’hymne est le même, le bien-être des Sénégalais est la préoccupation principale, dans ce cas comment peut-on comprendre ce silence et toute cette négligence coupable des autorités, de la base au sommet. Malheureusement nous somme dans un pays où l’on parle beaucoup et on agit peu et les beaux parleurs sont au devant de la scène et leurs discours mielleux risquent de perdre un dirigeant non averti.

Assistance coupable, était le titre d’une contribution que nous avions publiée en 2012 après la disparition de presque toute une famille suite à l’effondrement de leur maison à Matam. A l’époque la presse avait encore relégué le drame au second plan et avait tourné la page très rapidement. L’autorité avait fait le déplacement pour parler des mesures à prendre pour que des catastrophes similaires ne se reproduisent plus. Aujourd’hui encore c’est dans la même région, les mêmes victimes, pire l’autorité administrative est aujourd’hui absente. Alors, l’assistance est toujours coupable !

Nos critiques n’enlèvent en rien la qualité intrinsèque de la presse Sénégalaise. Nous pouvons toujours compter sur celle-ci pour exposer à la face de nos autorités et du monde, le mal vivre de certaines couches du peuple dans n’importe quel coin du territoire national.

     NDIAGA DIOUF, un simple journaliste

 

Section: 
Vivre pour la raconter : A la mémoire de mon BFEM, à la mort en face, à mon petit frère
Analyse Économique Comparative : Le Sénégal face à la Guinée, un dépassement temporaire ?
La ligne radicale du Premier ministre Ousmane Sonko l'emporte sur la ligne modérée du Président Diomaye Faye
LE JOOLA, 23 ANS APRÈS : Un appel à la justice et à la dignité pour les familles des victimes
Sénégal : Quand l’urgence devient méthode
POUR PRÉPARER LA RUPTURE AVEC LE NÉOCOLONIALISME : PASTEF DOIT REDEVENIR L’ORGANISATEUR COLLECTIF DU PEUPLE!
Abdou Diouf, la RTS et la mémoire nationale : Encore une occasion manquée
ET SI ON PARLAIT D’INSERTION DES JEUNES A LA PLACE D’EMPLOI DES JEUNES
Tourisme, culture et artisanat : Une articulation stratégique pour le développement
ÉGALITÉ EN DANGER : L’alerte d’Onu Femmes
DU CAPITAL A LA CONNAISSANCE : Transformer la fuite en source, le Brain Drain en Brain Gain
Un cri de cœur pour les clubs sénégalais : Sauvons notre football local  
Matériel agricole au Sénégal : Entre modernisation promise et réalité du terrain
La souveraineté en partage : La diaspora sénégalaise au cœur du financement national
Un champ est une école vivante : Ode à l’intelligence de la terre et à la pédagogie du vivant
Le PRES en partage : Le pacte de Monza entre Sonko et la diaspora
SERIE : LE MONDE TEL QUEL ! : L’ONU à 80 ans : Une occasion cruciale de renouveau
La tentation du parti-État : Un glissement révélateur
DE LA CONSOMMATION À L’INVESTISSEMENT : FAIRE DE LA DIASPORA LE MOTEUR DE LA CROISSANCE SÉNÉGALAISE
Ousmane Sonko en Italie : Quand la diaspora devient un pilier du projet national