La défense vilipende ‘’ un dossier où tout est faux’’

Le procès en appel d’Aïda Ndiongue a pris fin hier, avec la plaidoirie des avocats de la défense. Ces derniers ont tenté de démonter l’accusation qu’ils ont qualifiée d’‘’acharnements’’, tout en invitant les juges de la Cour d’appel à avoir le même courage que leurs collègues d’instance, en relaxant leurs clients le 5 avril prochain.
Relaxe et confirmation : pour les avocats d’Astou Ndiongue dite Aïda, Abdoul Aziz Diop, Amadou Ndiaye et Madou Sall, c’est la seule décision que doit prendre la Cour d’appel de Dakar, en rendant son verdict le 5 avril prochain. Car, de l’avis de Me Ibrahima Ndiaye, ‘’la seule vérité dans ce dossier, c’est que le Procureur a créé un dossier où tout est faux’’. Il s’agit tout simplement, aux yeux de Me Demba Ciré Bathily, ‘’d’une procédure cousue non pas de fil blanc, mais plutôt de fil politique et montée de toutes pièces’’. La conviction de Me Madické Niang, c’est que ‘’ce dossier est une illustration de tout ce qui a été entrepris comme instrumentalisation de la justice pour régler des problèmes et des comptes politiques’’.
Son confrère Me Abdou Dialy Kane a abondé dans le même sens, en martelant : ‘’C’est désolant, ce spectacle de l’Etat du Sénégal qui se noie dans les faits et dans le droit. Cette procédure n’est pas sérieuse, parce que son but, c’est d’accabler cette dame (Aïda Ndiongue)’’. Mes Seydou Diagne et Borso Pouye ont eux parlé ‘’d’acharnement judiciaire et politique’’. Un avis partagé par leur confrère Me Ousseynou Gaye persuadé que ‘’ce sont des considérations politiques qui sont à l’origine de cette procédure’’. Au-delà des objectifs politiques, la robe noire croit savoir que ‘’la seule préoccupation de l’Etat, dans cette affaire, c’était de faire main basse sur les avoirs d’Aïda Ndiongue’’. Ce que confirme Me Ciré Clédor Ly qui a soutenu qu’il y a ‘’une tentative d’extorsion de biens d’une citoyenne’’.
« Si Aïda Ndiongue avait fait comme Awa «Kuddu » Ndiaye, elle ne serait pas poursuivie »
Et pour Me Baboucar Cissé, si ‘’Aïda Ndiongue avait fait comme Awa «Kuddu » Ndiaye, elle n’en serait pas là’’. Fort de ces arguments, Me Ndiaye invite la Cour à ‘’refuser d’être conduite vers une erreur judiciaire’’. La seule façon de l’éviter, selon Me Niang, c’est de ‘’dire le droit’’, dans la mesure où, d’après Me Mamadou Guèye Mbow, ‘’certains faits sont dénaturés et certaines erreurs entretenues, depuis le début de la procédure’’. Parmi ces erreurs, il y a le fait de croire qu’Aïda Ndiongue a gagné illégalement des marchés et s’est fait payer sur la base de bordereaux de livraison fictifs pour des marchandises (tentes, motopompes et bacs à ordures) dont la qualité et la quantité n’étaient pas conformes à la commande. De ce fait, Me Cissé considère qu’‘’il n’y a aucune infraction possible qui puisse être imputée aux parties poursuivies. Et s’il y a détournement, c’est toute la chaîne qui doit être démantelée y compris même les ministres qui ont été impliqués dans cette affaire’’.
‘’On a voulu utiliser la justice pour détruire des hommes’’ qui ont refusé de transhumer dans le camp présidentiel, semble dire Me Seydou Diagne. Pour justifier son argumentaire, Me Diagne renseigne que tous ses clients poursuivis, dans le cadre de la traque des biens mal acquis et qui ont finalement transhumé, ne sont plus inquiétés. Quoi qu’il en soit, la défense affirme que l’escroquerie portant sur des deniers publics n’est pas établie, tout comme le faux. ‘’L’escroc, c’est celui qui reçoit pour ne rien donner en retour et Aïda Ndiongue n’a point piqué à l’Etat son portefeuille, comme on a voulu le faire croire au peuple’’, martèle Me Kane. Il ne voit aucune irrégularité par rapport aux marchés, tant au niveau de la livraison que du paiement. ‘’La livraison du matériel n’est entachée d’aucun faux. Il y a plus que jamais lieu de relaxer Amadou Ndiaye, car Marème Bousso, qui a bénéficié d’un non-lieu, a payé les deux marchés sur la base des mêmes pièces’’, soutient Me Mbow. Le même argument est servi par Me Moulaye Kane pour relever que les paiements ordonnés par Abdoul Aziz Diop sont conformes.
Car, contrairement aux arguments développés par le parquet, Me Mbow précise ‘’qu’en marché de fournitures, c’est la certification du service qui est exigée et non un procès-verbal de réception’’. La robe noire d’ajouter que les marchés sont revêtus de toutes les approbations de l’autorité des marchés. Toujours, par rapport à la livraison des produits, Mes El Hadj Amadou Sall et Doudou Ndoye ont expliqué que l’urgence faisait que les règles n’étaient pas respectées. ‘’Quand il y a urgence, les règles sont bafouées.
C’est de cette manière que les motopompes ont été distribuées. Moi, j’en ai obtenues, car le cimetière où est enterré mon père était inondé et j’ai appelé mon ami le président de la République pour m’en attribuer’’, argue Me Ndoye. Concernant la conformité des motopompes par rapport à la commande de l’Etat, Me Niang considère que les gendarmes devaient faire intervenir des professionnels. Cela aurait évité, selon Me Ousseynou Gaye, ‘’les erreurs ayant conduit les prévenus en prison’’. Particulièrement son client Madou Sall, il pense qu’il est attrait à cause d’une erreur de date commise par le parquet.
Au regard de tous ces arguments, Me Kane invite la Cour à confirmer le premier jugement. Sinon, dit-il, ‘’l’infirmer, c’est condamner la justice elle-même et non Aïda Ndiongue’’. Affichant un brin d’espoir, le conseil d’ajouter: ‘’Le miracle auquel s’attend l’Etat de façon illégitime ne s’accomplira pas, puisque la décision attaquée est juste et fondée en droit’’. Par conséquent, Mes Mbaye Sène et Abdou Gningue considèrent que le parquet n’avait même pas besoin de faire appel. Un appel que Me Doudou Ndoye juge irrecevable, car n’étant pas fait conformément à la loi.
FATOU SY