Publié le 19 Jul 2012 - 18:41
ANNONCE D'UN CRASH D'AVION À L'UCAD

Retour sur la journée de toutes les peurs

 

Cauchemardesque, le mot n'est pas excessif pour décrire le calvaire vécu hier par les étudiants restés au campus de l'Université Cheikh Anta Diop qui se sont confiés à EnQuête. Retour sur une sale journée.

 

 

L'université Cheikh Anta Diop des grands mouvements de foules a fait place hier au calme. L'annonce du crash d'un avion est passée par là. En cette fin d'après-midi, c'est le désert au campus de l'université. Et pourtant, on n'est que mercredi, le milieu de la semaine. Le calme qui règne sur les lieux tranche avec l'animation habituelle. Car, de nombreux étudiants ont préféré rentrer chez eux et sécher les cours, en laissant des chambres vides. C'est le même constat pour certains membres de l'administration qui sont restés tranquillement chez eux, pour parer à l'annonce du crash d'un avion sur l'université.

 

Il est 18heures au Pavillon A. Quelques va-et-vient sont notés. Un calme relatif règne. Debout sur le balcon, Assane Aw, étudiant à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH), contemple le décor. Il fait partie des rares étudiants qui ont osé passer la journée à l'Ucad. Sa foi et sa croyance en Dieu lui ont donné la force de rester. Il n'a jamais cru en l'annonce faite les saltigués. ''Les marabouts ne sont pas Dieu.

 

Ils peuvent dire la vérité, comme ils peuvent donner aussi de fausses informations. C'est la raison pour laquelle je suis resté. Beaucoup de mes camarades sont partis. Quand on croit en Dieu, il y a des choses à dépasser'', déclare-t-il. Toutefois, il reconnaît qu'il a fini par céder à la peur du fait des racontars. ''J'ai eu un peur en début d’après-midi, parce que les étudiants disaient que l'avion allait tomber sur notre pavillon''.

 

Non loin de lui, El hadji Amadou Tounkara a le téléphone scotché à l'oreille. Tout de noir vêtu, l'étudiant en Lettres Modernes affirme avoir passé une dure journée. ''C'est la plus mauvaise nouvelle jamais entendue à l'université. Beaucoup d'étudiants ont raté leur cours, à cause de ces histoires. Certains parents appelaient leurs enfants pour leur dire de rentrer. J'ai eu vraiment peur. Mais, dans mon for intérieur, je me disais qu'il faut croire en Dieu. En plus, j'ai été un peu rassuré par la sortie de Selbé Ndom sur la 2stv. Elle disait que rien n'allait se passer''.

 

''Bougies, Corans, Bibles pour vaincre la peur et conjurer le mauvais sort''

 

Dans certaines chambres, du pavillon Q, des étudiantes font leurs devoirs ou apprennent leurs cours. Elles sont assises sur des lits et des nattes. Cahiers ou stylos à la main, elles éclatent de rire dés que le mot ''crash'' est lâché. Elles viennent de passer les pires moments de leur existence. Elles ont quitté le département de Mbour pour poursuivre leurs études supérieures.

 

''On n'arrive pas à expliquer ce que nous avons vécu ces derniers jours. Nous sommes en période d'examens et on ne pouvait pas rentrer. Ce matin, nous nous sommes levées vers 6 heures pour faire des prières chacune dans sa confession religieuse'', raconte Maty Mbaye, étudiante à la faculté des sciences de l'économie et des gestion (Faseg). Elle est vite interrompue par sa camarade de chambre. ''Depuis que nous avons eu écho de cette information, je me promène tous les jours avec mon livre coranique.

 

Il y a des versets pour vaincre la peur et les mauvais sorts. Ce matin les amies ont allumé des bougies et nous on lisait le Coran. Nous avons vraiment eu peur'', souffle Fatou Bintou Konté, étudiante dans la même faculté. Certaines ont toujours le chapelet à la main, d'autres le porte au cou. Tous leurs camarades de chambre qui habitent Dakar ont quitté les lieux. Seuls ceux qui habitent dans les régions sont resté,s tout en priant le bon Dieu de leur éviter le drame.

 

Viviane DIATTA

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