Publié le 9 Apr 2024 - 22:32
FINANCES PUBLIQUES

Vous avez dit bombe salariale ?

 

 

Récemment l’ingénieur logiciel Arona Oumar Kane a produit un texte intéressant intitulé : La bombe salariale. En résumé, il estime que les augmentations de salaires des agents de la fonction publique sont moralement inacceptables et économiquement infondées et que le nouveau régime aura du mal à gérer ces hausses de salaires.

A mon humble avis, la masse salariale est loin d’être une bombe si l’on en juge par l’ampleur des hausses, la nature des augmentations et l’évolution parallèle de la dette qui devrait plus nous inquiéter que les salaires.

✍️ De l’ampleur des hausses de salaires

Il est vrai qu’entre 2022 et 2023 les dépenses de personnel ont augmenté de 23% alors que les recettes internes n’ont évolué que de 13%. Il est bon de rappeler qu’entre 2021 et 2022, les recettes internes ont augmenté de 15% et les dépenses de personnel, de 5%. En 2024, on aura une hausse des recettes internes de 20% alors que les dépenses de personnel ne vont croître que de 13%.

Plusieurs études ont montré que le salaire moyen était compris entre 100.000 et 150.000 FCFA par mois au Sénégal ; ce qui est faible pour un pays où le coût de la vie est des plus élevés de la sous-région.

✍️ De la nature des augmentations de salaires

Aussi, certaines hausses de dépenses de personnel sont liées à la régularisation de sommes dues depuis plusieurs années). Il y a certes eu beaucoup de recrutements et de revalorisations salariales mais c’est dans des proportions acceptables pour un pays où des milliers de jeunes diplômés sortent chaque année des écoles et universités avec un secteur privé qui peine à les absorber.

En 2024, malgré les hausses, un salarié touche en moyenne 670.000FCFA par mois en brut. Si l’on sait qu’un ménage c’est 9 personnes au Sénégal, ce n’est pas beaucoup.

✍️ La dette, le vrai produit inflammable

Précisons que ce n’est pas avec la dette que les salaires sont payés. Ces deux variables prennent des directions aussi divergentes que celles de Pastef et de l’APR.

On le sait, la dette est incontournable pour des investissements. Mais on peut s’inquiéter de la hausse de 36% des intérêts de la dette entre 2023 et 2024. Le service de la dette (principal + interêts) va augmenter de 44% sur les deux ans à venir pour atteindre 2600 milliards en 2026.

En l’état actuel des choses, je ne pense pas que la masse salariale puisse constituer un fardeau pour le nouveau régime. Je pense même qu’il faut l’augmenter en recrutant plus de jeunes qualifiés dans la fonction publique et en motivant davantage les agents déjà en poste avec comme contrepartie, des performances relatives à la modernisation de l’administration, son efficacité et sa productivité.

Le vrai challenge, c’est la rationalisation des autres dépenses de fonctionnement, la gestion prudente de l’endettement, l’élargissement de l’assiète fiscale et une gestion plus rigoureuse des exonérations fiscales.

Pr Abou KANE

FASEG/UCAD

Section: 
Dettes cachées : L’impossible transparence ? Le cas du Sénégal et les leçons de l’histoire
Le téléphone portable à l’école : Entre ouverture au monde numérique et vigilance éducative
La vallée du fleuve Sénégal : Entre espoirs et fragilités
PROJET DE CODE DES INVESTISSEMENTS : ANALYSE SOUS L’ANGLE DE LA SOUVERAINETÉ  ET DE LA RATIONALITÉ ÉCONOMIQUE
Impératif de mémoire
De Saint-Louis à Diamniadio : L’héritage d’Amadou Mahtar Mbow pour un savoir partagé
Lettre Ouverte adressée au Procureur Général près du Tribunal de grande instance de Tivaouane
Vivre pour la raconter : A la mémoire de mon BFEM, à la mort en face, à mon petit frère
Analyse Économique Comparative : Le Sénégal face à la Guinée, un dépassement temporaire ?
La ligne radicale du Premier ministre Ousmane Sonko l'emporte sur la ligne modérée du Président Diomaye Faye
LE JOOLA, 23 ANS APRÈS : Un appel à la justice et à la dignité pour les familles des victimes
Sénégal : Quand l’urgence devient méthode
POUR PRÉPARER LA RUPTURE AVEC LE NÉOCOLONIALISME : PASTEF DOIT REDEVENIR L’ORGANISATEUR COLLECTIF DU PEUPLE!
Abdou Diouf, la RTS et la mémoire nationale : Encore une occasion manquée
ET SI ON PARLAIT D’INSERTION DES JEUNES A LA PLACE D’EMPLOI DES JEUNES
Tourisme, culture et artisanat : Une articulation stratégique pour le développement
ÉGALITÉ EN DANGER : L’alerte d’Onu Femmes
DU CAPITAL A LA CONNAISSANCE : Transformer la fuite en source, le Brain Drain en Brain Gain
Un cri de cœur pour les clubs sénégalais : Sauvons notre football local  
Matériel agricole au Sénégal : Entre modernisation promise et réalité du terrain