Publié le 30 Sep 2024 - 11:11
ÉTAT DU SENEGAL

NE SURTOUT PAS ENVISAGER UNE QUELCONQUE SUPRESSION DE SUBVENTION FACE AU FMI

 

L'un des remèdes "miracles" longtemps trouvés par le Fonds Monétaire international pour canaliser les déficits budgétaires de ses pays membres réside dans la suppression des subventions

Cette solution présente un triple effet pervers.

D'une part rendre beaucoup plus faible le pouvoir d'achat des ménages et diminuer un facteur important de progrès économique à savoir la consommation.

Ensuite saper la compétitivité des entreprises.

Aussi aggraver la pauvreté.

L'énergie a une valeur transversale dans le processus économique.

Le FMI indexe toujours les ménages et les entreprises mais jamais le train de vie de l'État.

Je pense que les nouvelles autorités qui ont déjà fait montre d'un sens élevé des responsabilités ne devraient pas répondre favorablement à la demande de suppression des subventions pour trois raisons :

1- Le prix du pétrole baisse sur les marchés internationaux et le baril de Brent est descendu sous la barre des 70 dollars ce qui est une première depuis 2021. La tendance devrait se poursuivre en tenant compte notamment de la faible demande de pétrole du côté chinois.

2- Ensuite, il est raisonnable d'anticiper une baisse du dollar par rapport à l'euro suite à une politique monétaire de la FED basée sur des taux d'intérêt de plus en plus faibles mais également en tenant compte du resserrement de la consommation aux États-Unis; sans oublier les conséquences néfastes sur le billet vert du contexte géopolitique mondial.

3- Je n'oublie pas aussi l'audit de la société d'électricité la Senelec dont les charges trop élevées et les manques à gagner liées à une gouvernance à améliorer pèsent sur le prix au consommateur.

Ces facteurs devraient permettre au Sénégal d'envisager une limitation de l'impact négatif du coût de l'énergie sur les importations et le budget national.

Naturellement, il va falloir que le Sénégal réinvente et gère au mieux les mécanismes de stabilisation et de péréquation existants afin d'avoir en permanence des fonds de réserve qui pourraient effacer les subventions intempestives. 

Les autorités devraient aussi auditer en dehors de l'énergie, toutes les subventions existantes afin de s'assurer de leur bien fondé en contrôlant notamment la pertinence des coûts à l'importation déclarés. Cet audit devrait aussi examiner l'éligibilité réelle des bénéficiaires. En effet comment expliquer que certaines entreprises à capital parfois étranger, fortement rentables et dans des secteurs de rente continuent d'en bénéficier ?

Le Sénégal ne doit pas tomber dans le piège du FMI qui en voulant atteindre l'objectif de suppression de subventions défend l'expression "subvention ciblée" dont le contenu demeure encore flou et imprécis. Ou encore en insistant sur les ménages vulnérables pour se faire bonne conscience.

Comment peut-on appliquer sur le prix du carburant une discrimination selon que l'acheteur soit un ambassadeur ou un marchand ambulant ?

Bref, la solution réside dans la capacité de notre pays à mener des réformes économiques et budgétaires de fond. Et ce, en menant avec succès les politiques de redressement internes que requiert une économie extravertie et improductive, en renégociant au mieux les contrats et en rationalisant les exonérations.

Je demeure aussi convaincu, au regard du surendettement et des nombreux dysfonctionnements en matière de gestion de finances publiques notés dans les pays africains lesquels interpellent aussi la responsabilité d’organismes financiers internationaux comme le FMI, qu'une restructuration globale de la dette publique s'impose plus que jamais.

Magaye GAYE

Ancien Cadre de la BOAD

 

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