Depuis vendredi, les ambulances se relaient pour conduire les corps de centaines de victimes dans un crématorium d'un quartier de la périphérie de Mandalay, deuxième ville de Birmanie ravagée par un séisme.

"Nous traversons tous une période difficile", concède Khin Myo Swe, qui fond en larmes pendant qu'un ambulancier berce le corps sans vie de son petit-enfant devant une statue de Bouddha décorée de fleurs, avant son incinération.

Le nouveau-né est décédé lundi dans un hôpital de Mandalay, au lendemain de sa naissance - trop jeune pour que sa famille ne lui donne un nom.

Khin Myo Swe explique que sa fille, et mère de l'enfant, a été jetée à terre par la force du séisme de magnitude 7,7, alors qu'elle travaillait dans une rizière vendredi, ce qui a déclenché l'accouchement.

Les Birmans ont observé ce mardi une minute de silence pour les plus de 2 000 victimes du séisme, un bilan encore sous-estimé selon les experts, dans un pays laissé exsangue par un conflit civil.

Environ 300 corps ont été transportés au total, dont plus de 100 rien que dimanche, obligeant les employés du crématorium de Kyar Ni Kan à quitter le travail six heures après la fermeture habituelle.

L'incinération d'un adulte, au diesel, y coûte moins de trois dollars, et moitié moins pour un nourrisson.

Des véhicules arrivent en trombe. Une équipe dépose le corps d'une adolescente de 16 ans enveloppé dans un linceul devant la porte métallique coulissante du bâtiment.

Un homme vomit, alors que le groupe remonte dans son ambulance.

"Noble travail"

"Le premier jour du séisme, nous avons aidé des blessés à se rendre à l'hôpital", décrit Nay Htet Lin, le chef d'une autre équipe de quatre ambulanciers.

Mais "le deuxième jour, nous n'avions plus que des morts à transporter".

La crémation est prônée par le bouddhisme, religion majoritaire en Birmanie. Les bouddhistes considèrent que cette pratique funéraire permet de libérer l'âme du corps et facilite la réincarnation.

Dans certaines cultures asiatiques, ceux qui s'occupent des morts sont parfois marginalisés. Mais Nay Htet Lin confie à l'AFP effectuer un "noble travail".

"Nous faisons ce que les autres ne peuvent pas" faire et "nous aurons une bonne prochaine vie", assure-t-il.

Les services de secours ont concentré leurs efforts sur la zone urbaine de Mandalay où des immeubles d'habitation ont été aplatis, un complexe religieux dévasté et des hôtels réduits en ruine. L'odeur des corps en décomposition règne encore sur certains sites sinistrés.

Khin Myo Swe explique que sa fille n'avait pas encore été informée de la mort de son bébé.

"J'ai dû mentir à ma fille en lui disant que j'avais laissé le bébé à l'hôpital", témoigne-t-elle. "Si je lui dis maintenant, je crains que le choc ne la tue aussi", concède-t-elle. "Je vais offrir de la nourriture au temple pour l'âme du bébé".

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