Publié le 6 Aug 2014 - 16:12
3 QUESTIONS A… SERIGNE MBAYE THIAM

‘’Il faut plutôt s’apitoyer sur le sort des méritants recalés à cause de la fraude’’

 

Le Grand Cadre des Syndicats de l’Enseignement propose que  le CREM soit repris par l’ensemble des candidats dans les meilleurs délais. Qu’en pensez-vous ?

Le ministère n’a pas retenu cette solution qui ne se justifie pas au regard du modus operandi et des résultats de la fraude. L’on aurait pu comprendre une reprise totale du concours s’il y avait une fuite importante sur les épreuves qui se seraient ainsi éparpillées dans la nature. Avec ce modus operandi, on n’aurait pas pu circonscrire les candidats bénéficiaires de la fraude.

Sur ce cas précis de la fraude par le gonflement des notes de certains candidats pour les faire passer parmi les 2 545 premiers à recruter, les élèves-maîtres indûment déclarés admis sont facilement identifiables et ont été identifiés par la confrontation entre, d’une part, les notes manuscrites portées sur les fiches des correcteurs et, d’autre part, les notes saisies dans l’application informatique.

En procédant à ce contrôle systématique pour les 2 545 candidats déclarés admis, l’Inspection interne du ministère a dressé une liste nominale de 690 élèves-maîtres avec leur date et lieu de naissance, leur IEF d’inscription et leur CRFPE d’affectation. Dans ces conditions, il est injuste de reprendre tout le concours en privant ainsi des élèves-maîtres méritants d’une admission qui leur a été usurpée au profit d’autres qui ont acheté leur place ou bénéficié de passe-droits. La décision que j’ai prise de les remplacer en puisant, par ordre de mérite, dans la liste d'attente, procède de l’exigence de justice, d’équité et de transparence.

Je ne comprends pas que l’on puisse s’apitoyer  sur le sort des 690 élèves-maîtres frauduleusement déclarés admis et faire table rase sur la situation des 690 plus méritants qui seraient mieux classés et ainsi déclarés admis si les notes des premiers cités n’avaient pas été falsifiées.

Les 690 élèves-maîtres réunis autour d’un collectif envisagent d’attaquer la décision à vous  prise d’annuler leur admission après 5 mois de formation déjà entamés dans les Centres régionaux de formation du personnel de l’Education (Crfpe). Quel commentaire vous en faites ?

Je leur reconnais le droit d’attaquer la décision devant la juridiction compétente. C’est le comportement à adopter dans un État de droit comme le Sénégal. Pour ma part, lorsque j’ai commandité une mission d’inspection et que le rapport a conclu à des fraudes, c’est ce que j’ai fait, au nom de l’Etat et du Gouvernement du Sénégal, en portant plainte auprès du Procureur de la République.

Mais l’argument des 3 mois de formation au lieu de 5 mois, car il faut le préciser, leur formation a effectivement démarré entre le 7 et le 17 avril 2014 selon les CRFPE), et la déception de ces élèves-maîtres pour justifier un droit acquis est plus que spécieux. Avec ce raisonnement, on admettrait, si on vous vole votre voiture et que vous retrouviez le voleur au bout de 5 mois, que ce dernier ne doit plus vous la rendre au nom du droit acquis ou de la déception que vous lui causeriez en lui demandant de la restituer.

Après votre plainte, des responsables de l’éducation nationale ont été arrêtés. Comment se déroule l’enquête. Y a-t-il eu d’autres détentions ?

La plainte a été déposée auprès du Procureur de la République qui a confié l’enquête à la Division des investigations criminelles. Nous avons confirmé la plainte à la DIC et avons mis à sa disposition tous les documents dont elle a besoin. La DIC travaille sous l’autorité du Procureur et, je présume, lui rend compte. Pour savoir donc comment se déroule l’enquête s’il y a d’autres détentions, il faut interroger le Procureur. Le ministre de l’Education nationale n’est pas informé du déroulement de l’enquête, encore moins de ses résultats.

Mais en tant qu’initiateur de la mission d’inspection d’abord et la plainte ensuite, et représentant des intérêts de l’Etat dans cette affaire, je tiens à ce que toute la lumière soit faite et qu’aucun auteur, complice ou bénéficiaire ne puisse échapper compte tenu de la gravité de la forfaiture. Avec le gouvernement, je suis à l'aise sur cette affaire car je n’ai reçu aucun cas qui m’a été soumis par une autorité supérieure et à mon niveau aussi, je n’ai soumis aucun cas à quelque personne que ce soit. Donc, il faut que toutes les personnes impliquées de près ou de loin assument et que des sanctions exemplaires soient prises pour que de tels faits ne se reproduisent plus ni dans l’éducation nationale, ni dans un autre secteur.

Au niveau du ministère, nous allons exploiter le rapport de l’inspection interne pour améliorer les textes, les  procédures et l’organisation des examens et concours. 

 

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