Publié le 30 Dec 2024 - 19:27
80 MILLIARDS, GESTION SOLITAIRE...

Le COJOJ recadre Barthélemy Dias

 

Le Comité d’organisation des Jeux olympiques de la jeunesse (COJOJ) a répondu aux attaques de l’ancien maire de Dakar, qui lui reprochait de gérer de façon solitaire sans l’implication de la ville. Le samedi dernier, face à la presse, le président du COJOJ, Mamadou Diagna Ndiaye, et son équipe ont apporté des réponses aux critiques dont ils faisaient l’objet.

 

Le Comité d’organisation des Jeux olympiques de la jeunesse (COJOJ) a répliqué, suite à la sortie de Barthélemy Dias sur sa gestion dans l’organisation des JOJ Dakar-2026.

Face à la presse, samedi dernier, le président du COJOJ et ses collaborateurs ont tenu à recadrer le maire démis de la ville de Dakar. ‘’C’est un moment de clarification, face à la bordée d’inexactitudes, d’arguments hallucinants aux allures de procès. Il ne s’agit pas de régler quoi que ce soit ni d’alimenter une controverse privée de sens. Je considère qu’on peut se tromper de bonne foi, mais pas tout le temps’’, a déclaré Mamadou Diagna Ndiaye.

Pour ce dernier, la sortie de l’ancien maire de Mermoz - Sacré-Cœur n’est en aucun cas une attaque contre sa personne. ‘’J’ai du respect pour Barthélemy. Je n'ai pas de problème particulier avec lui. Pendant les JO de Paris, nous avons déjeuné ensemble et j’ai cru apporter un certain nombre d’éléments de clarification’’.

À propos des 80 milliards F CFA dont M. Dias dénonce la gestion solitaire et opaque, le président du Comité national olympique et sportif sénégalais (Cnoss) a apporté des réponses. ‘’Sur les 80 milliards, nous avons refait la Piscine olympique, la caserne Samba Diéry Diallo et le stade Iba Mar Diop sur un appui de la France de 40 millions d’euros (plus de 26 milliards F CFA). Il y a aussi un poste très lourd qui est le transport ; il est évalué, en 2022, à 32 millions de dollars (20 milliards F CFA). Mais comme il n’y a plus certaines disciplines, le coût a diminué. S’y ajoute l’alimentation qui n’a rien à avoir avec le ‘tiébou dieune’ et autres plats sénégalais. Ce qui exige une procédure particulière et un appel d’offres précis sur la nourriture des athlètes. C’est aussi un poste qui coûte beaucoup d’argent’’, a indiqué Diagna Ndiaye.

À ces explications, le coordonnateur du COJOJ a apporté des précisions. Selon Ibrahima Wade, la gestion financière se fait avec le ministère de l’Économie et des Finances, par le biais de ‘’l’inspecteur principal du Trésor désigné par le ministre des Finances qui gère les ressources logées au Trésor’’.

‘’Comme toutes les associations, il faut un commissaire aux comptes. Le 23 décembre 2024, le président Ndiaye a présidé le Comité directeur, qui est l’instance intermédiaire qui approuve les comptes, fixe le budget 2025, le plan de passation des marchés et qui va le soumettre à la prochaine assemblée générale avant fin janvier. Et l’auditeur aura le temps de vérifier les comptes’’.

Pour démontrer l’effectivité de l’implication de la mairie de Dakar, Ibrahima Wade a indiqué que ‘’la ville de Dakar siège à l’Assemblée générale du COJOJ, au Comité directeur, en commission des marchés’’.

De plus, a-t-il renseigné, le COJOJ a délibérément fait recourir à une agence fiduciaire. ‘’Le COJOJ n’avait aucune obligation de recourir à une agence fiduciaire. Nous avons mis en place une agence fiduciaire et c’est le cabinet Mazars qui vérifie toutes les dépenses avant de payer’’.  

Héritage, le choix des ‘’infrastructures de proximité’’

Dans ses récriminations, Barthélemy Dias a fustigé le défaut de projets en faveur de la ville de Dakar, dans le cadre de l’héritage des JOJ-2026. Pour le président du COJOJ, les affirmations de l’ex-maire de Dakar relèvent de sa méconnaissance du fonctionnement du comité d’organisation. ‘’Il a dit qu’il a des projets qu’il voulait faire financer. Dans le comité d'organisation, nous sommes régis par les textes. Pour les JO de Paris, ce n’est pas le COJOJ qui a donné de l’argent à la maire. C’est plutôt le contraire. Ce que la mairie de Paris a donné au COJOJ, c’est pratiquement notre budget de fonctionnement pour Dakar. Mais je pense qu’il n’avait peut-être pas tous les éléments, c’est pour cela qu’il s’est risqué sur ce terrain’’.

Pour éviter de tomber dans les mauvais choix des pays comme au Brésil où, à la fin des JO, beaucoup d’‘’éléphants blancs’’ sont tombés en ruine, le COJOJ a misé sur la simplicité et l’accessibilité. ‘’Je rejoins les autorités publiques sur le fait qu’il faut des infrastructures de proximité. Nous avons essayé plus de réhabiliter les choses’’, a fait savoir Mamadou Diagna Ndiaye.

Dans sa déclaration, Barthélemy Dias s’est aussi proclamé président du Comité d’organisation des Jeux olympiques de la jeunesse en tant que maire de la ville Dakar, qui a candidaté pour l’organisation des JOJ. Il a aussi soutenu que c’est l’ancien maire, Khalifa Sall, qui a signé de la prison l’acte de candidature. Des affirmations que le coordonnateur du COJOJ a tout bonnement démontées.

‘’Pour candidater, c’est un comité national olympique (CNO) qui fait acte de candidature. Personne, dans une entité nationale, ne peut faire acte de candidature pour organiser des Jeux olympiques. Après, il faut des lettres de soutien. La mairie de Dakar, en tant que ville, a fait une lettre de soutien, signée par Soham El Wardini en tant que première adjointe au maire. Le gouvernement du Sénégal également, par le ministère de l’Économie et des Finances, celui des Sports, le secrétaire général du gouvernement, mais aussi des personnalités indépendantes’’, a expliqué Ibrahima Wade.

‘’Quand le CNO gagne, a-t-il poursuivi, il a l’obligation de constituer un comité d’organisation sous la forme d’une association ou d’une fondation. C’est cette association COJOJ qui a porté Mamadou Diagna Ndiaye à sa tête. Nous faisons des rapports mensuels au CIO et à toutes les autorités. Tout est clair et transparent’’.

De l’implication des athlètes

Le comité d’organisation a été également attaqué sur le défaut d’implication des athlètes, notamment les anciens. Sur ce point, M. Ndiaye a confié être en contact avec eux. ‘’J’ai reçu le champion de MMA, Reug Reug, le champion du monde de kick-boxing, l’ancienne athlète Gnima Faye. Donc, c’est vraiment nous accuser de sorcellerie que de parler de manque d’implication’’, a regretté Mamadou Diagna Ndiaye.

‘’Pour les anciens athlètes, nous avions cet exercice en invitant cinq athlètes de 1964. Ils étaient cinq, dont Lamine Mar, qui est mort entretemps. Je les reçois tout le temps. Amadou Dia Ba, j’ai obtenu une accréditation pour une conjointe ou un ami ou autre, mais je l’ai choisi. Il n’y avait pas droit, je m’en suis occupé autant qu’on peut le faire. Maintenant, je ne gère pas les arrière-pensées. S’il a quelque chose à nous dire, qu’il nous le dise’’, a-t-il dit.

Diagna Ndiaye a ensuite déclaré avoir confié à Amadou Dia Ba ‘’le soin de voir les jeunes athlètes pour les pousser en prévision de 2026’’. Mais on a vu qu’il n’avait pas beaucoup de temps. J’ai parlé avec M. Kalkaba (Hamad Malboum, président de la Confédération africaine d'athlétisme), qui est son patron. Je parle régulièrement avec Sébastien Coe, président du World Athletic. Nous avons trouvé des voies et moyens. Il y a quelqu’un en qui j’ai une entière confiance, c’est Balla Dièye qui s’occupe de ces choses’’.

Quant à la préparation des athlètes sénégalais en vue des joutes olympiques, le COJOJ a précisé que cela relève de la responsabilité du département des Sports. ‘’Le ministère des Sports joue un rôle clé dans la préparation des athlètes. Tous les 25 sports ont déposé un plan stratégique de préparation, même si beaucoup de fédérations comme le judo et la lutte ont déjà commencé. Le ministère dégage un budget pour ça. Le programme sport a été validé en décembre 2024. À partir de là, les fédérations vont mettre en place leur stratégie en fonction du nombre d’athlètes. Par contre, au COJOJ, le rôle est de travailler avec les fédérations internationales sur l’héritage, la formation, la partie équipements… C’est le volet économique que le COJOJ peut activer pour venir en aide aux fédérations nationales, a expliqué le directeur des sports des JOJ Dakar-2026, Balla Dièye.

LOUIS GEORGES DIATTA

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