Publié le 24 Oct 2013 - 16:33
ACTE 3 DE LA DÉCENTRALISATION

 Les recommandations de la société civile  

 

Reçues hier au Palais de la République, les organisations de la société civile ont décliné leurs propositions pour une meilleure mise en œuvre de l'Acte 3 de la décentralisation. D'où leur souhait de voir reporter les élections locales à un an.

 

Après les acteurs politiques, c’était hier au tour des membres de la société civile de discuter avec le président de la République de l’Acte 3 de la décentralisation. Cette rencontre de 3 tours d’horloge (de 10h à 13h) à huis clos s’est tenue en présence de Mouhamadou Mbodji (Forum civil), Fadel Baro de (Y’en a marre), Momar Ndao (Ascosen), Ama Codou Diouf (Congad), Youssou Ndour (Fekke ma ci boole),  Bara Tall (Yamale), Me Mame Adama Guèye, etc. «A l’unanimité», selon nos informations, tous ces acteurs de la société civile ont approuvé un projet de réforme qu'ils jugent  «pertinent». Selon des sources ayant pris part à cette rencontre, Youssou Ndour a insisté sur les «pôles économiques» qui permettront de «développer les collectivités locales à la base».

Toutefois, la société civile trouve «très court» le «décalage» de trois mois proposé par le président de la République. Pour une «meilleure efficacité» dans la  mise en œuvre de l’Acte 3 de la décentralisation, elle a donc proposé un report de «un an» des élections locales initialement prévues en mars 2014. Mais l’idée ne semble pas trop emballer le locataire du Palais pour qui «on ne peut pas indéfiniment reporter la date des élections locales».

«Délai de trois mois insuffisant»

Par ailleurs, les organisations de la société civile ont demandé au chef de l'Etat de corriger l’«incohérence» notée  entre les compétences transférées et les moyens alloués aux collectivités locales. «Avec l’Acte 2, les maires ont fait de la cantinisation un mode de gouvernance. La principale source de revenus était tirée du paiement de taxes sur les marchés, faute de moyens», a relevé un participant. Selon qui un «partenariat public-privé encadré par l’Etat» serait une alternative pour régler cette question.

Par ailleurs, «consciente» que bonne gouvernance et précarité ne font pas toujours bon ménage, la société civile a demandé au président Sall de revaloriser les indemnités des élus locaux, actuellement de l'ordre de 50 000 francs Cfa pour certains. Une requête à laquelle le président de la République semble adhérer puisqu’il n’a pas exclu l’idée de «prendre en charge» certaines dépenses de fonctionnement comme l’achat des  véhicules des maires.

Le président de la République a aussi été invité à mettre un terme au «recrutement politicien» du personnel des collectivités locales qui «obère le budget des mairies». «Nous avons constaté que dès qu’une personne est élue maire, il se met à recruter des gens sur une base clientéliste. Du coup, la grande part du budget de la mairie va dans les dépenses de fonctionnement», se désole un membre de la société civile. En guise de proposition, Mouhamadou Mbodji, coordonnateur général du Forum civil, a suggéré au président de la République la création d’un «système de reddition des comptes» pour éviter que les élus locaux «fassent tout ce qu’ils veulent».

Sur un autre plan, l’analphabétisme de certains élus locaux a été au cœur des préoccupations de la société civile. A ce propos, plusieurs questions ont été posées sans être tranchées.  «Est-ce qu’un maire qui parle et écrit en Pulaar peut être maire ?», se sont demandés certains. «Est-ce qu’il faut être forcément alphabétisé pour être maire et ne pas maîtriser les réalités locales ?», se sont interrogés d’autres. Mais pour Macky Sall, «un maire doit au moins savoir lire et écrire pour signer les documents» qui lui sont soumis, même s’il a fait preuve, semble-t-il, d'une certaine «indulgence» à cet effet.

Candidatures indépendantes divisent la société civile  

L’occasion faisant le larron, Fadel Baro du mouvement Y’en a marre et Me Adama Guèye ont posé la question des candidatures indépendantes. Les initiateurs du mouvement «Ci laa bokk» ont demandé au chef de l'Etat de faire sauter le verrou qui empêche qu’un citoyen apolitique puisse se présenter aux élections locales s’il n’obtient pas 10 000 signatures. Une demande à laquelle se serait dit favorable Macky  Sall, rapportent nos sources, tout en souhaitant que cette disposition soit «encadrée». Une mauvaise idée, a dit Momar Ndao de l'Ascosen. «On ne peut pas être juge et partie. (…) La société civile a un rôle de veille et doit être équidistante des partis politiques. Donc, on ne peut pas au nom de la société civile aller siéger au conseil municipal ou au conseil rural», dit M. Ndao... Un comité de suivi a été créé pour recueillir les suggestions des différents acteurs.

PAR DAOUDA GBAYA

 

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