Publié le 13 May 2020 - 00:28
ALLEGEMENT DES MESURES DE CONFINEMENT

Commerçants et restauratrices approuvent la nouvelle 

 

Etant dans les secteurs les plus touchés par les effets de la pandémie de Covid-19 au Sénégal et l’état d’urgence, les acteurs de la restauration et du commerce ont salué, hier, les mesures d’allégement du confinement annoncées par le chef de l’Etat, lors de son adresse à la Nation.

 

Le Sénégal est entré dans une nouvelle phase, avec l’expansion de la pandémie de Covid-19. Une période qui, selon le chef de l’Etat, va durer ‘’non pas quelques semaines, mais au moins trois à quatre mois’’.

Ainsi, Macky Sall appelle désormais les Sénégalais à ‘’apprendre à vivre en présence du virus’’. Ceci, en adaptant les comportements individuels et collectifs à l’évolution de la pandémie. En conséquence, il estime qu’il urge d’adapter la stratégie nationale, de façon à mener les activités essentielles et faire vivre l’économie du pays. Tout en ‘’veillant à la préservation’’ de leur santé et celle de la communauté.

Au regard de ces considérations, il a décidé, hier, d’assouplir les conditions de l’état d’urgence. Dès lors, il a annoncé que les marchés et autres commerces qui étaient astreints à des jours particuliers d’ouverture seront ‘’ouverts 6 jours et resteront fermés un jour dédié au nettoiement’’.

Interpellé sur la question, le secrétaire général de l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois/Jappo), Mamadou Dieng, a confié que les commerçants commençaient d’ailleurs ‘’à se plaindre’’. ‘’Le commerce nécessite un fonds capital. Donc, si on continuait les mesures de confinement, certains allaient utiliser leur fonds de commerce pour subvenir à leurs besoins. Cette mesure va leur permettre de sauvegarder leur capital et de faire leur business correctement’’, dit-il au téléphone d’’’EnQuête’’. D’après lui, le préfet va certainement matérialiser certaines mesures avec les acteurs. ‘’Il se peut aussi qu’ils revoient les heures d’ouverture et de fermeture des marchés. Certes, on va travailler 6 jours et fermer un jour pour désinfecter les lieux, mais l’Administration doit encadrer les acteurs. Ils doivent être plus sensibilisés afin qu’ils soient réellement impliqués dans la lutte contre cette pandémie’’, préconise-t-il.

D’ailleurs, M. Dieng souligne que depuis que le virus a commencé à se propager dans le pays, certains commerçants ont pris des mesures barrières. ‘’Même si les marchés sont étroits, ils portaient des masques, se lavaient régulièrement les mains, détenaient des gels hydro-alcooliques, etc. Vu qu’en cette période, il n’y a pas trop de rassemblements dans les marchés, nous les appelons à continuer sur cette lancée. Ils ne doivent surtout pas baisser les bras’’, ajoute-t-il.  Toutefois, le SG de l’Unacois/Jappo reconnait que la situation est ‘’quand même toujours grave’’ avec les nouveaux cas enregistrés chaque jour. ‘’Mais la logique du président de la République est compréhensible. Sachant que, selon lui, les spécialistes indiquent que la pandémie peut aller jusqu’au mois de septembre. Donc, c’est plus intelligent qu’on allège les mesures de confinement. Mais il faut aussi que les Sénégalais soient conscients de la situation. Parce qu’on est obligé de vivre avec le virus. C’était la meilleure mesure. Parce que la situation économique risquait de s’empirer’’, renchérit-il.

Penser à moderniser les marchés

Au fait, M. Dieng estime que cela va permettre à chacun de poursuivre ses activités.  Car le Sénégal ‘’n’est pas un pays développé’’. Donc, il pense qu’il est impossible de ‘’faire une année blanche’’, avec tous les investissements que l’Etat a faits. ‘’Il faut que chacun prenne ses dispositions. Nous devons repenser notre système. L’Etat doit tirer des leçons de la Covid et penser à moderniser nos marchés. Qu’ils soient aux normes standards. Ceci pour qu’en cas de pandémie ou d’épidémie, qu’on puisse travailler sans difficulté’’, suggère M. Dieng. En effet, le SG de l’Union des commerçants et industriels du Sénégal reconnait que les marchés sont des endroits où se développent des microbes, des bactéries. ‘’Donc, l’Etat du Sénégal, en rapport avec les commerçants et les municipalités, doit réfléchir à des marchés plus modernes où, les gens se rendront sans pour autant se salir, encore moins contracter un quelconque virus. Les commerçants et les autorités doivent penser à élargir les marchés’’, soutient-il.  Pour son collègue Assane Ka, membre de la même association, le principe est de ‘’respecter les mesures barrières’’ telles qu’indiquées par les autorités de la santé et le ministre de l’Intérieur. Cependant, Dr Ka suggère le renforcement des dispositions en utilisant les thermo-flashs pour détecter les personnes fébriles en vue de les référer aux tests de diagnostic. ‘’Ce serait un grand pas dans la lutte contre la Covid-19’’, pense-t-il.

A ce propos, le chef de l’Etat a fait savoir que le gouvernement veillera ‘’particulièrement’’ à ce que la fréquentation des lieux de culte, des établissements scolaires et autres espaces publics, des marchés et autres commerces, y compris les restaurants, ‘’obéisse strictement’’ aux mesures de distanciation sociale et aux gestes barrières, notamment le port obligatoire du masque et le lavage des mains.

Et pour sa part, la présidente de l’Union nationale des femmes restauratrices du Sénégal (Unafres) a affirmé qu’elles feront de leur mieux. ‘’Nous nous réjouissons vraiment de cette mesure, car nous sommes trop fatiguées. Cela fait presque 3 mois que nous sommes au chômage forcé. Pour nous, les gestes barrières ne posent pas de problème. Nous pouvons nous procurer des masques, de l’eau javellisée, de gel hydro-alcoolique, du savon et tout ce qu’il faut. Mais il faut admettre qu’il peut arriver que le restaurant déborde à une certaine heure. Mais nous allons faire de notre mieux pour respecter les mesures barrières’’, dit Maïmouna Diouf.

Pour éviter le rassemblement des clients dans les restaurants, Mme Diouf compte leur proposer des plats à emporter, pour ceux qui le veulent et pour ceux qui vont manger sur place, elle prévoit ‘’d’espacer davantage’’ les tables. Ceci en mettant au maximum deux personnes par table. ‘’Parce qu’il y a des clients qui n’ont pas le choix, ils sont obligés de manger sur place. Mais nous allons mettre en place le dispositif nécessaire pour éviter la propagation de la pandémie’’, assure-t-elle.

Cependant, pour atténuer les effets de la pandémie sur leurs activités, la présidente de l’Unafres a informé que l’Agence de développement et d'encadrement des petites et moyennes entreprises (ADEPME) leur a déjà envoyé une fiche à remplir, dans le cadre de l’accompagnement des PME et de la collaboration avec les banques locales. D’après Mme Diouf, il y a des lignes de crédit pour accompagner chaque acteur, en accord avec sa banque, pour bénéficier d’un fonds de redémarrage de ses activités.

MARIAMA DIEME

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