Publié le 20 Feb 2016 - 12:49
AVIS D’INEXPERT

Des archives sonores pour confondre le non- respect à un engagement 

 

De l’utilité (qui devient exigence et urgence) d’avoir, au Sénégal, des archives sonores constituées et alimentées à partir de toutes les productions des chaînes de radio et télévision du paysage audiovisuelle… Il n’est que d’écouter, sur Rfm, les enregistrements des différents engagements du candidat à la présidentielle, Macky Sall, à réduire son mandat de septennat à quinquennat et aussi du chef de l’Etat (le même Macky Sall) à faire cinq ans au lieu de  sept de pouvoir, pour se convaincre de la nécessité d’une archivistique audiovisuelle bien sénégalaise. Déjà que des documents  sonores conservés de manière presque rustique avaient permis de confondre Abdoulaye Wade alors président de la République acharné à vouloir faire un troisième mandat auquel il affirmait lui-même n’avoir pas droit, et qui fut contraint, par la preuve des enregistrements, au fameux ‘’maa ko waxoon, waxeet ‘’ (c’est moi qui l’avait dit, je me dédis) si proverbiale, si historique !

Et il y a bien d’autres preuves qui peuvent et/ou pourraient confondre bien des hommes et femmes politiques du Sénégal. Les archives sont et seront là pour rappeler à chacun (et pas seulement aux politiques) qu’ils ne peuvent plus déclarer ce que bon leur semble et compter sur l’amnistie collective.

Il ne reste qu’à mieux organiser cette  archivistique et obliger toute radio et chaîne de télévision ayant signé une convention avec l’Etat sénégalais de déposer ses productions déjà diffusées à un fonds d’archives audiovisuelles nationales. C’est la Radio-Télévision du Sénégal (Rts) qui aurait dû être pionnière et socle de cette politique. Malheureusement, il paraît que beaucoup de documents auraient été détruits, écrasés pour faire à des urgences matérielles, et aussi à une organisation expresse et aux objectifs politiciens de l’oubli de l’ancien président Léopold Sédar Senghor.

Et voilà qu’au moment de la commémoration, en 1996, du 90e anniversaire de la naissance du Senghor, le Sénégal dut recourir (à grands frais, s’il vous plaît ! ) à des éléments d’archives nationales du Maroc et de France pour faire voir à des millions de Sénégalais et autres qui fut Senghor ! Ce fut une énorme forfaiture. Quelles que soient les préventions qu’on puisse avoir contre le défunt académicien sénégalais, mais aussi contre tous les autres hommes politiques, du président Mamadou Dia à l’étrange Aly Niane (aujourd’hui décédé)  leader d’un loufoque Parti africain des masses (Pai-M), ils ne méritent pas l’obscurité dans laquelle les a plongés une carence, voire un défaut d’archivage audiovisuelle.

Les audiovisuels public et privé (qui n’auraient pas une réelle stratégie d’archivage) devraient se mettre à cette nécessité et à cette urgence. Dans un de ses avis, l’organe de régulation de l’audiovisuel a rappelé cette exigence. La tutelle ministérielle, mais aussi les Archives nationales du Sénégal  (ah, tiens, il y avait aussi le service des Archives audiovisuelles qui ont disparu, pour ne pas dire mises en fourrière) dans les années 90.

L’avènement, le 17 juin 2015, de la télévision numérique terrestre (Tnt) devrait avoir pour effet une assiduité et une plus grande rigueur dans la tenue de la mémoire audiovisuelle du Sénégal. Il serait alors loisible à tout organe de presse audiovisuelle, national comme étranger,  qui voudrait exploiter ces enregistrements de payer un montant symbolique à ces centaines de milliers de francs CFA exigés pour quelques secondes d’enregistrements conservés par l’Institut national de l’audiovisuel français (Ina). Mettons-nous y ! Ce serait l’équivalent du fameux Dépôt légal exigé de la presse écrite (cinq exemplaires à déposer à des services allant des Archives nationales au bureau du procureur de la République en passant par le ministère de l’Intérieur…)

A quoi sert-il à un journaliste d’inviter à son studio ou à son plateau un expert s’il ne sait pas l’écouter ; s’il doit l’interrompre jusqu’à risquer de transformer son entretien en une foire d’empoigne ? Dans la plupart des émissions d’entretien à la radio et à la télé, l’invité est coupé au moment, par exemple, où il développe une idée intéressante. Jusqu’à présent, je regrette que l’expert Moubarack Lo ait été définitivement interrompu au moment où il expliquait ‘’la différence entre un programme et un plan ‘’ (sic). Je ne suis pas sûr que le journaliste qui l’a empêché de le faire puisse faire cette distinction entre deux notions dont on parle  beaucoup, prend l’une pour l’autre, emploie à toutes les sauces… Et même s’il le savait, le journaliste aurait dû permettre aux auditeurs d’en être édifiés… Hélas !

Erudit islamique très respecté, adulé par nombre d’auditeurs, oustaz Alioune Sall, animateur d’une émission religieuse, Al Kitab, sur Sud Fm, dans son édition d’hier, ne me semble pas rendre un bon service à l’’’antilaïcité’’ en caricaturant la laïcité. La laïcité, a  déclaré le sympathique prêcheur, avec l’approbation d’un autre oustaz Mbacké Sylla, ‘’vous fait chasser d’un lieu dès que vous dites : salamaleykoum ! (boo né salamaalekum, rek, niou daq la) Ah bon ? Eh oui ! C’est exagéré et ça ne rend  aucun service au militantisme contre la laïcité !

Jean Meïssa DIOP

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