Publié le 24 May 2023 - 23:07
BAYERN MUNICH

Salihamidzic, des choix catastrophiques à répétition

 

Après dix ans de domination, le géant bavarois est sur le point de tout perdre cette saison. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les choix de son directeur sportif n’y sont pas étrangers.

 

C’est ce qui s’appelle un coup de génie. Alors qu’il rêvait toujours du triplé Bundesliga-Ligue des Champions-coupe d’Allemagne, le Bayern Munich a décidé d’éjecter Julian Nagelsmann à coup de millions d’euros (le technicien allemand devrait toucher un peu plus de 25 M€, ndlr) pour installer Thomas Tuchel sur le trône. Le courant ne passait plus entre Nagelsmann et son vestiaire, cela est un fait. Mais depuis ce choix fort, rien n’a changé. Pire, le Bayern en chaîne les échecs. Le 4 avril dernier, Fribourg l’a sorti dès les quarts de finale de la coupe d’Allemagne. En Ligue des Champions, les Bavarois ont vu la tasse face à Manchester City (4-1 en score cumulé). Et dernièrement, la défaite à domicile contre le RB Leipzig a permis au Borussia Dortmund de prendre la tête du classement de Bundesliga (2 points d’avance) avant la 34e et dernière journée.

Ça fait donc beaucoup trop pour un club habitué à régner sans partage, notamment dans son pays. Et il y a un homme sur qui la foudre commence à tomber de plus en plus : le directeur sportif Hasan Salihamidzic. Installé dans ses fonctions depuis 2017, celui que l’on surnomme « Brazzo » outre-Rhin a beau avoir été un ancien de la maison munichoise, il n’est pas épargné. Médiatiquement, Salihamidzic le Bosnien est régulièrement moqué. La raison ? Il parle un allemand approximatif et balance souvent à la presse des phrases toutes faites par des coaches de media training. Autant dire que ce n’était déjà pas l’amour fou avec les médias. Mais en plus de ça, ce sont surtout ses choix sportifs qui commencent désormais à faire tache. Et cela ne date pas d’hier. Dès 2020, année fantastique pour Bayern (triplé C1, Bundesliga, coupe d’Allemagne), certains ont vu les premières très grosses erreurs du Bosnien.

Une accumulation de mauvais choix

«Quand vous regardez en arrière, dans l’équipe qui a remporté la Ligue des Champions en 2020, il n’y avait que deux joueurs recrutés par Brazzo. Leon Goretzka, arrivé gratuitement (tout le monde le voulait) et Alphonso Davies (qui était une bonne affaire). Le reste de l’équipe était déjà là et la principale recrue de Brazzo, Lucas Hernandez (recruté pour 80 M€), était sur le banc. La raison qui explique aussi le départ d’Hans-Dieter Flick malgré tous ses succès a été une très longue dispute avec Brazzo. Les cas de Nübel, Hernandez et des recrues voulues par Flick qui ne sont jamais arrivées, ont été des points de tension importants. Donc l’entraîneur le plus titré du Bayern de ces dix dernières années est parti à cause de lui. Ç’a été une très grosse erreur», souligne notre collègue de Fussballtransfers, Lukas Hörster.

Des choix défaillants qui se sont multipliés au fil des années. Plusieurs départs n’ont ainsi pas été réellement compensés. L’exemple le plus récent est bien sûr celui de Robert Lewandowski (344 buts inscrits en 375 matches avec le Bayern). Le Bayern l’a laissé partir au FC Barcelone et son remplacement par Sadio Mané est, pour le moment, un échec total. Le Sénégalais n’étant pas un pur buteur comme l’est le Polonais. Une erreur de jugement très reprochée à Salihamidzic. « Maintenant, vous avez quatre ailiers qui veulent tous jouer, mais seulement un vrai numéro 9, Choupo Moting, qui a bien fait pendant quelques semaines, mais ce n’était pas le plan à la base », ajoute Hörster. Les départs de Thiago Alcantara et de David Alaba, qui n’ont pratiquement rien rapporté au club financièrement (l’Autrichien est d’ailleurs parti libre de tout contrat), ont également fait mal. L’Espagnol était fondamental dans la circulation du cuir et n’a pas été remplacé. Pour compenser la perte d’Alaba, Dayot Upamecano et Matthijs De Ligt ont été engagés, mais ils sont moins essentiels à la construction du jeu en partant de derrière comme l’était Alaba et même Jérôme Boateng à son époque.

Un avenir menacé

Il y eut ensuite des paris sur l’avenir ratés. Marc Roca et Tanguy Kouassi ont déjà quitté le club et que dire de la gestion d’Alexander Nübel. Recruté par Salihamidzic alors que Manuel Neuer traversait une période compliquée, le gardien prêté actuellement à Monaco était annoncé comme le successeur du champion du monde 2014. Raté. Neuer a réalisé un énorme come-back et Flick n’a pas douté une seule seconde à le maintenir en poste. Un choix risqué qui s’est finalement retourné contre Nübel. Enfin, plusieurs éléments récemment recrutés par le directeur sportif bavarois (Ryan Gravenberch, Mathys Tel, Noussair Mazraoui et João Cancelo) jouent très peu et certains d’entre eux (Gravenberch, Mazraoui) perdent déjà patience. Un bilan pointé du doigt par une autre ancienne gloire de la maison Bayern habituée aux punchlines, Lothar Matthäus.

« Ce bouleversement vient à peine d’avoir lieu. Mais soudain, ils (les dernières recrues telles que Sadio Mané, Mathys Tel, Ryan Gravenberch, Daley Blind, Noussair Mazraoui, João Cancelo et Yann Sommer) ne s’intégraient plus dans le système, n’étaient plus autorisés à jouer, devaient être prêtés ou - comme Mané - n’avaient certainement aucun avenir au Bayern. Vous auriez pu vous épargner beaucoup par la suite et payer Haaland. Nous l’avons tous loué (Salihamidzic) pour les grands noms qu’il a amenés, mais cette équipe n’a pas de mordant, pas de volonté, pas d’identification réelle avec ce club. Sinon, ils joueraient au football différemment s’ils enfilaient ce maillot ». Un changement d’entraîneur coûteux et (pour le moment) sans effet, des paris ratés sur des jeunes, des stars mal ou pas remplacées, des erreurs de casting : le bilan d’Hasan Salihamidzic commence sérieusement à être égratigné. Et malgré un contrat courant jusqu’en 2026, certains médias le voient partir plus vite que prévu. Peut-être même en compagnie d’Oliver Kahn. Le nom du manager actuel du Bayern Campus Jochen Sauer est même avancé.

FOOTMERCATO.NET

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