Publié le 26 Jan 2022 - 21:07
BONNE GOUVERNANCE - INDICE DE PERCEPTION DE LA CORRUPTION

Le Forum civil déplore la régression du Sénégal  

 

Le Sénégal doit encore faire beaucoup d’efforts pour sortir de la zone rouge des pays actifs dans la lutte contre la corruption. Sur l’IPC 2021, établi par Transparency International, le pays est tombé à la note de 43/100. Deux points de moins que l’année précédente.

 

En matière de corruption et de reddition des comptes, le Sénégal reste un mauvais élève. Pire, il s’est même enfoncé dans ses travers. La mesure a été faite et exposée dans les résultats de l’Indice de perception de la corruption (IPC) 2021. Un indice qui mesure la perception de la grande corruption dans le secteur public et la classe politique dans différents pays du monde. Déjà mal noté en 2020 (45/100), le pays a perdu deux points, en étant évalué à 43/100. Cette régression ramène le Sénégal à sa note obtenue en 2014. Mais révèle surtout un manque de transparence dans la gestion des affaires publiques et une persistance du niveau de corruption qui reste très préoccupant dans le pays.

Au fil du temps, les bonnes intentions ont-elles laissé place à autre chose ? Malgré une progression constatée à partir de 2013, le Sénégal avait finalement stagné dans la zone rouge du classement effectué par Tansparency International. De 2016 à 2020, le pays a maintenu une note de 45/100. Dans ce classement, l’important est surtout d’avoir la moyenne de 50/100. Avec cette note affichée en 2021, les efforts accomplis dans la lutte contre la corruption en prennent un sacré coup et la lutte contre ce fléau n’en demeure que plus nécessaire.

Impunité, absence de reddition des comptes, implication de l’Exécutif dans l’appareil judiciaire. Les reproches faits par l’IPC 2020 au Sénégal ont été réaffirmés dans l’édition 2021. L’année 2020, celle d’une des pires crises sanitaires et économiques mondiales, a vu la corruption non seulement fragiliser la réponse sanitaire mondiale à la Covid-19, mais elle a contribué également à approfondir la crise démocratique en cours. L’urgence face à la pandémie a provoqué l’accélération de procédures sur des opérations administratives pour venir en aide aux populations. Mais tout ne s’est pas fait dans la transparence.

Les recommandations de 2020, reconduites en 2021

Au Sénégal, le Forum civil, section locale de Transparency International, demandait au gouvernement de faire la lumière sur des marchés passés sous le régime décret n°2020-781 du 18 mars 2020 dérogeant au Code des marchés publics, concernant la réponse à la Covid-19. Ce même point est revenu dans l’IPC 2021.

En effet, il est réapparu dans les recommandations faites par l’organe de la société civile au président de la République pour permettre au Sénégal d’enfin atteindre la moyenne dans ce classement. D’autres idées ont été soufflées au chef de l’Etat sénégalais par le Forum civil.

D’abord, dans le secteur de la justice, il est demandé à Macky Sall de donner suite aux recommandations du Comité de concertation et de modernisation de la justice. Mais aussi, ‘’d’ajuster le dispositif juridique de prévention et de lutte contre la corruption, notamment par l’adoption des lois sur l’accès à l’information, sur la prévention des conflits d’intérêts, sur le financement des partis politiques, en particulier une loi sur l’encadrement des financements de campagnes électorales, mais aussi l’adoption d’un nouveau dispositif sur la déclaration de patrimoine’’.

Ces deux questions ont été à l’origine de quelques polémiques au cours de l’année écoulée. L’épisode de la levée de fonds du parti Pastef/Les patriotes, occasionnant des menaces de dissolution de la part du ministère de l’Intérieur, avait soulevé la question du financement des partis politiques. De même, la dirigeante de l’Ofnac s’est plainte d’un nombre conséquent de membres du gouvernement assujettis à l’obligation de présenter leur déclaration de patrimoine, qui ne s’en sont pas acquittés.

Définir le cadre de financement des campagnes électorales

Restant avec les corps de contrôle, le Forum civil demande également au président de la République de ‘’mettre fin à l’illégalité toujours en cours à la Direction de l’autorité de régulation des marchés publics et de retirer cet organe de contrôle des marchés publics de la tutelle de la présidence de la République et d’accorder des ressources conséquentes à la Centif et à l’Ofnac  pour la mise en œuvre effective de la Stratégie nationale de lutte contre le blanchiment de capitaux et de la stratégie nationale de lutte contre la corruption’’.

Macky Sall est au plus haut niveau de responsabilité dans la lutte contre la corruption. De ce fait, la section sénégalaise de Transparency International recommande au procureur de la République de rendre compte au peuple sénégalais du traitement de tous les dossiers transmis par les corps de contrôle.

L’organe dirigé par Birahime Seck souhaite voir l’Assemblée nationale jouer sa partition dans cette lutte contre la corruption. Ceci, en usant ‘’de ses pouvoirs constitutionnels et législatifs pour éclairer les Sénégalais sur les financements et réalisations des projets suivants : l’autoroute Thiès - Touba, l’autoroute Dakar - Diamniadio, le Pôle industriel de Diamniadio, la réfection du Building administratif, l’autoroute Mbour - Kaolack, l’avance du démarrage de la route Fatick - Kaolack, la Cité de l’Émergence, le Centre international de Diamniadio, l’Unidak 2 de Diamniadio, l’attribution du port de Bargny-Sindou, les concessions de Necotrans, la gestion opaque du King Fahd Palace, la nature et le contenu des contrats relatifs au Train express régional (TER) et au Bus Rapid Transit (BRT)’’.

Faire la lumière sur le financement du TER et des projets publics

Au niveau économique, il est recommandé au gouvernement de mettre fin à l’opacité dans l’attribution des semences et d’intrants agricoles, en publiant la liste des gros producteurs et d’exhorter les autorités habilitées à faire la lumière sur l’octroi des licences de pêche.

Malgré ces nouveaux manquements qui expliquent la mauvaise note du Sénégal, le pays est en tête de ce classement dans les pays de l’UEMOA (Union économique monétaire ouest-africaine).

Ainsi, aucun pays de cette organisation n’a obtenu une note supérieure ou égale à 50/100. Tous les huit pays de la zone sont dans la zone rouge. Dans la région de la CEDEAO, seul le Cap-Vert est en dehors de la zone rouge, avec une note de 58/100, donc premier dans l’espace économique commun.

Il faut remarquer, cependant, que le Cap-Vert n’a pas avancé par rapport à sa note de l’IPC de l’année dernière.

Au niveau continental, seuls cinq pays sont en dehors de la zone rouge, à savoir les Seychelles (70 points), le Cap-Vert (58 points), le Botswana (55 points), l’île Maurice (54 points) et le Rwanda (53 points).

Quant au classement mondial, le Danemark, la Finlande et la Nouvelle-Zélande dominent.

Lamine Diouf

 

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