Un baroudeur à l’Assemblée

Le secrétaire général de l’union régionale des socialistes de Diourbel reste maître de son fief, malgré l’adversité. Sa longue carrière politique lui permet aujourd’hui de bénéficier d’un troisième mandat à l’Assemblée nationale.
Il a 53 ans, mais on lui en donnerait plus. Le successeur de Sidy Badiane à la présidence du conseil rural de Ndindy, toujours habillé en tenue traditionnelle, est vieilli par la canne qui l’aide à se mouvoir. Même s’il n’est entré dans la catégorie de troisième âge, il a vécu. L’ancien élève à l’école primaire Ibrahima Thioye de Diourbel vient de bénéficier d’un troisième mandat à l’Assemblée nationale. Le député sortant de la 12e législature, Cheikh Seck, siègera encore cinq ans à l’Assemblée nationale. La razzia de la coalition Benno Bokk Yaakaar, lors des législatives du 30 juillet 2017, lui garantit un deuxième mandat d’affilée.
Ce responsable du Parti socialiste (Ps) réélu, grâce à sa 13e position sur la liste nationale de la mouvance présidentielle, accompagnera le maire de la capitale du Baol, Malick Fall et Sadio Diakhaté, première adjointe au maire de Ngohé (village situé dans l’arrondissement de Ndoulo) pour représenter le département de Diourbel à l’hémicycle, pendant les cinq prochaines années. Ses deux camarades de coalition iront, eux, à l’Assemblée grâce au large succès de la mouvance présidentielle dans le département. En 2012, l’ingénier agro-économique avait été élu député sur la liste départementale. A l’époque, le patron des socialistes de la région de Diourbel était investi tête de liste de la coalition Benno Bokk Yaakaar devant Maguatte Tall du parti de l’Alliance pour la République (Apr).
‘’Notre coalition a gagné, malgré les consignes de vote sanction de responsables de l’Apr’’
Aujourd’hui, le maire de Ndindy (Arrondissement situé dans le département de Diourbel) tire un bilan satisfaisant de la douzième législature dont il était le président de la commission du développement et de l’aménagement du territoire. « Nous avons voté beaucoup de projets de lois et effectué beaucoup de travaux de terrain, dans le cadre du contrôle de l’action du gouvernement. Les députés ont porté les doléances de leurs mandants et beaucoup de ces revendications ont trouvé des issues heureuses. Je peux en citer la Suneor, récupérée et rebaptisée Sonacos par l’Etat », se glorifie-t-il.
Et pourtant, l’investiture de l’édile de la commune rurale de Ndindy sur la liste proportionnelle de la mouvance présidentielle n’a pas été de tout repos. Ses adversaires du PDS et de son propre parti, proches de Khalifa Sall, l’avait perçue comme une fuite en avant. Leur maire, disait-il, est devenu minoritaire, après l’éclatement du Parti socialiste, c’est pourquoi il n’a pas postulé pour la liste départementale de Diourbel. Mais, pour le parlementaire, ce grief n’est pas fondé. « Je n’ai pas demandé à être investi. J’ai eu la confiance de la coalition qui m’a proposé sur la liste nationale. Je n’ai plus rien a prouvé, partout où on m’a mis j’ai gagné », se défend-t-il.
D’ailleurs ces accusations ne l’ont pas empêché de battre campagne et de s’en sortir haut la main. Le président de l’union régionale des socialistes de Diourbel, dernier président du conseil rural de Ndindy (2009-2014), premier maire de cette localité (mandat en cours), a remporté les élections législatives dans son fief. « Notre coalition a gagné, malgré les consignes de vote sanction ordonnées par des responsables politiques de l’Alliance Pour la République », ajoute-t-il.
Cheikh Seck, né en 1965 à Ndindy, a intégré le Parti socialiste, dès le bas âge. Son engagement dans le parti du président de la République, d’alors, Abdou Diouf, lui a permis de diriger les jeunesses socialistes de la région de Diourbel, en 1986. Il a également occupé le poste de secrétaire général national adjoint des jeunes socialistes, derrière Khalifa Ababacar Sall (actuel maire de Dakar). Ses efforts ont commencé à payer, en 1998, avec une investiture sur la liste proportionnelle du Parti socialiste, lors des élections législatives de 1998. L’ancien élève du lycée Blaise Diagne de Dakar fut élu député, à l’âge de 34 ans. Mais son mandat de cinq ans (1998-2003) a été écourté, à cause de la dissolution de l’Assemblée nationale, en 2001, ordonnée par le président de la République de l’époque, Abdoulaye Wade.
L’ex pensionnaire du collège d’enseignement moyen technique (CEMT) de Diourbel, devenu ingénieur agro-économique et fiscaliste, a également fait une carrière professionnelle. Il a travaillé dans l’administration sénégalaise comme chef de service régional de la protection des végétaux de Thiès, Diourbel, Kaolack et Fatick, entre 1989 et 2009. Le maitrisard en Sciences de gestion à la Faculté des Sciences économiques et de gestion (Faseg) a aussi dirigé la direction des recettes et de la fiscalité de la ville de Pikine.
Son diplôme d’études supérieures spécialisées (D.E.S.S) en Audit à la faculté des Sciences économiques et de gestion de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar lui a permis de s’inscrire en Doctorat dans une université de Paris où il prépare actuellement une thèse sur la diplomatie de l’eau.
OUMAR BAYO BA (DIOURBEL)