Publié le 1 Jun 2021 - 02:56
CHRONIQUE PAR PHILIPPE D’ALMEIDA

Laborieuse remontée de pente

 

Finies les périodes de doute et d’interrogations qui ont suivi les colères de février et mars dernier. Macky Sall s’affranchit de la torpeur des questionnements qui ont un tant soit peu ralenti son action et interrogé son devenir politique. Le 29 mai, le Chef de l’état est arrivé à Kaffrine, première étape d’une tournée de trois jours qui le verra successivement fouler le sol de Tambacounda, de Médina Gounass dans le département de Vélingara et de Kédougou.

Une tournée de campagne pré-électorale qui ne dit pas son nom et qui permettra au Président de la république de prendre, entre deux inaugurations, le pouls de sa popularité et de mesurer ce qu’il reste de l’influence de l’APR et de la coalition BBY, sur les populations du Sénégal profond. D’ailleurs, il ne s’est pas embarrassé de circonlocutions pour dire, à Kaffrine, son objectif, dans le cadre des prochaines élections locales : « «  Je veux 100% des collectivités de la région. S’il y a un responsable qui a des difficultés pour gagner sa commune qu’il m’appelle, je viens l’aider ». Dont acte.

Le premier des Sénégalais reprend donc du poil de la bête, boosté par ce qui est le pré-bilan d’un quinquennat plutôt  marqué par les grands travaux.

Certes,  au détriment d’une politique sociale,  en l’occurrence celle de l’emploi, qui sera pourtant la grande question  de la prochaine élection présidentielle, mais avant, celle des élections locales dans lesquelles s’engagent corps et âme, les partis de l’opposition : ils entendent se baser sur un bilan socialement  négatif pour sceller la fin de l’ère Macky. Ce n’est pas gagné d’avance…

Car, les grands travaux parlent aussi et leur voix est audible par les populations désireuses de mieux être, d’infrastructures sanitaires ou routières, d’électrification ou d’eau potable :  l’hôpital Thierno Biram Ndao, inauguré par le Président Sall à Kaffrine, participe de ces réalisations attendues par les populations  et que l’on peut difficilement leur faire occulter à l’heure du bilan.  Près de 20 milliards de nos francs auront été engagés dans cette réalisation qui compte 150 lits et qui réunit tous les services de médecine interne, et de chirurgie, de même que les services spécialisés dont la cardiologie, la gynécologie obstétrique, la pédiatrie, l’ophtalmologie, pour ne citer que cela…

Idem du côté de Kédougou avec l’hôpital Amath Dansokho, puis la mise en service d’un système d’alimentation en eau potable. La mise en service du réseau électrique des villages de Tomboroncoto, Ngari et de Maroucounding, la visite des chantiers de la route Kédougou-Salémata, viennent s’ajouter, entre autres activités, à l’agenda du Chef de l’Etat, dans le cadre de cette première tournée de mise en exergue d’un bilan que les contempteurs de son action s’échinent à minimiser.

Mais le Chef de l’état se sent requinqué et a repris de l’assurance, après un passage à vide marqué par les événements de février-mars et une offensive de l’opposition contre son pouvoir qui l’ont fait douter de la possibilité même d’envisager un troisième mandat. Aujourd’hui, la parenthèse de ce passage à vide semble être d’autant plus fermée que la conjoncture économique globale, lui est plutôt favorable : grâce à une pandémie plutôt maitrisée, la croissance devrait rebondir à 5,1 % en 2021 et à 6,0 % en 2022, au regard de la reprise des investissements publics et du secteur des hydrocarbures, parallèlement à la reprise de la croissance mondiale. Quant à l’inflation, on le sait, elle demeurera stable, à 2,1% en 2021 et 1,8% en 2022. Le gouvernement sénégalais a, au demeurant, mis en place un Plan d’action prioritaire ajusté et accéléré sur la période 2021-2023. Il a pour principal objectif de stimuler l’investissement privé, de diversifier les moteurs de croissance et de renforcer la résilience économique, afin d’atteindre un taux croissance moyen de 8,7%, sur la période 2021-2023.

Ces échéances macroéconomiques entrent dans la dernière ligne droite du deuxième mandat de Maccky Sall et sont censées donner une certaine forme à ses ambitions pour le pays ; ils n’en constitueront donc pas moins, des arguments de campagne, notamment s’ils arrivent à bout des préoccupations de la jeunesse concernant l’emploi, s’ils renflouent le panier de la ménagère, en réduisant la pauvreté des ménages et s’ils arrivent à fournir des réponses concrètes aux tragédies individuelles liées à l’émigration. Les impondérables sont vastes, mais les indicateurs qui ont vocation à éclaircir, ne sont plus tout à fait rouges.

En mobilisant, par les hommes et la réflexion, les appareils des structures qui le soutiennent, tel qu’il en a donné le ton, samedi à Kaffrine, le Chef de l’Etat  peut entamer une remontée de pente que tous les Cassandre de la faillite jugeaient, il n’y a pas si longtemps, impossible. Les facteurs qui ont paru esquinter son bilan au cours de l’année écoulée, semblent avoir perdu de leur force, en même temps que les voix d’une opposition de moins en moins organisée et de plus en plus déstructurée, se font moins audibles. Les mois qui viennent nous fixeront sur les capacités de Macky Sall à en tirer profit.

 

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