68 868 dossiers gérés, 100 000 personnes sensibilisées et neuf boutiques de droit créées
L’Association des juristes sénégalaises va fêter ses 50 ans. Depuis sa naissance, elle a eu à gérer 68 868 dossiers, sensibilisé ou formé 100 000 personnes et mis en place neuf boutiques de droit.
Cinquante ans ! Si c’était un mariage, on parlerait de noces d’or. Ici, ce n’est pas un mariage, mais la vie d’une organisation. L’Association des juristes sénégalaises (AJS) a un demi-siècle. En prélude aux festivités marquant cette activité, un point de presse a été organisé avant-hier. L'occasion pour la présidente de cette structure de revenir sur les moments de sa création. D’après Aminata Fall Niang, en 1974, à l’aube des indépendances, naissait l’Amicale des juristes sénégalaises, créée par un groupe d’amies professionnelles du droit, désireuses de resserrer leurs liens d’amitié, mais aussi convaincues de la nécessité d’œuvrer à des relations égalitaires de toutes les franges de la population en droit. Cette amicale deviendra très vite une association. Elle regroupe aujourd’hui en son sein plus de 300 femmes spécialisées dans divers domaines du droit de profession juridique (avocates, magistrates, professeures de droit, cadres des gouvernements locaux, conseillères juridiques, cadres de banque, huissiers de justice, inspectrices du travail, expertes fiscales, etc.), toutes générations confondues et toutes titulaires d’une Maîtrise ou d’un Master 2 en droit.
Depuis sa création, l’AJS a eu huit présidentes. L’année 2024 marque le 50e anniversaire de sa création. Un demi-siècle qui va être dignement célébré autour du thème ‘’Environnement et sécurité : deux défis pour la protection des droits des femmes et des enfants’’.
‘’De 1974 à nos jours, en collaboration ou avec le soutien d’organisations sœurs de la société civile sénégalaise, l’AJS s’est engagée dans tous les combats pour la défense des droits des femmes, parvenant ainsi à des résultats concrets avec l’adoption de plusieurs lois offrant un cadre juridique égalitaire des droits, notamment l’accès des femmes à certains corps de métier (1982) la prise en charge médicale de l’époux et des enfants de la femme salariée (2006), l’équité fiscale (2008), la loi sur la parité absolue homme-femme dans les instances électives et semi-électives (2010), la transmission de la nationalité sénégalaise par la femme à ses enfants (2013), la loi criminalisant le viol et la pédophilie (2020) et bien d’autres’’, a informé la présidente de l’AJS.
Entre autres moyens d’action, l’AJS a mis en place progressivement des boutiques de droit qui sont au nombre de neuf, dont trois à Dakar (Médina, Pikine et Gueule Tapée-Fass-Colobane) et à Thiès, Kaolack, Louga, Kolda, Ziguinchor et Sédhiou. Ces boutiques de droit, a-t-elle précisé, sont des centres d’écoute, de conseils et d’assistance juridico-judiciaire qui visent à rapprocher la justice des justiciables et à faciliter l’accès à la justice. Ce qui permet à l’AJS d’être très active au niveau communautaire. Sur ce plan, les actions de l’AJS se sont davantage consolidées par sa collaboration avec les acteurs locaux, dont les parajuristes (plus de 1 000 formés sur diverses thématiques) et les ‘’badienu gox’’ (marraines de quartier) qui sont ses relais au niveau local.
‘’Depuis 2008, avec l’ouverture de la première boutique de droit de l’AJS et la mise en place de la ligne verte 800 805 805 en 2012, plus de 68 868 dossiers y ont été reçus et traités. Ces cas renvoient à différentes catégories juridiques. La tranche d’âge des justiciables varie de 2 ans à plus de 80 ans. Sur ces 68 868 dossiers, 87 % des cas concernent des femmes et 13 % des hommes. Concernant les cas de violence enregistrés, 32 % sont relatives à des violences physiques, 16 % à des violences psychologiques et morales, 25 % à des violences économiques et 27 % à des violences sexuelles. Ces 50 ans d’existence, marqués par une expérience inégalée en termes d’activités de plaidoyer, de sensibilisation, de formation, d’information et de communication sur les droits humains, plus de 70 projets mis en œuvre portant sur diverses thématiques, avec l’appui de partenaires techniques et financiers qui ont permis d’échanger avec plus de 400 parlementaires de 10 législatures, 300 acteurs judiciaires et 100 000 personnes sensibilisées ou formées (hommes, femmes, enfants) méritent d’être mis en exergue’’, a-t-elle indiqué.
Les activités pour l’an 50 de l’AJS
En outre, pour les cinquante ans, une série d’activités est prévue dont un symposium sous-régional, une randonnée pédestre, l’AJS tour dans les sept régions accueillant les boutiques de droit, une journée de don de sang, une journée hommage aux parajuristes, la projection de la vidéo documentaire des 50 ans, une soirée ‘’Sargal Jigeen Jambar’’ où plusieurs femmes leaders dans tous les domaines et secteurs seront primées et en clôture, un dîner-débat ‘’Sargal Jigeen’’.
CHEIKH THIAM