Publié le 3 Nov 2013 - 07:26
DPG : PROJETS DE DEVELOPPMENT ANNONCÉS

Le gouvernement a-t-il les moyens de sa politique?

 

Si le Premier ministre Aminata Touré semble avoir réussi son grand oral face aux députés, en annonçant les projets de développement de son gouvernement pour ce quinquennat, les moyens pour y arriver sont sujets à polémique.  

Lors de sa Déclaration de politique générale, le Premier ministre a annoncé plusieurs projets dans plusieurs secteurs (voir par ailleurs) et dont la réalisation est prévue d’ici à 2017. Si Aminata Touré semble sûre de leur réalisation et de son chronogramme, une partie de l’opposition en doute fortement, compte tenu de ''l’environnent économique morose''.  Pour Tafsir Thioye, membre du Comité directeur du Parti démocratique sénégalais (PDS), la DPG de Mimi Touré a le mérite d’avoir revu à la baisse toutes les promesses électorales du président de la République sur le plan macroéconomique. ''Macky Sall nous avait promis un  taux de croissance à deux chiffres à l’horizon 2017. Aujourd’hui, la dame (Mimi Touré) parle de taux de croissance de 6%. Cela veut dire qu’il ne vont atteindre les objectifs qu’ils se sont assignés'', déclare l’ancien député libéral. Ce dernier considère que les ''instruments dit révolutionnaires'', comme le Fonsis ou le Fongip, pour accompagner le secteur privé, ne sont pas la panacée car n’ayant pas les moyens de leur mission. ''Ils (les membres du gouvernement) avaient promis 500 milliards pour l’alimentation du Fonsis.

Aujourd’hui, dans la loi de finance 2014, il est prévu 3 milliards. Or, ce montant est fait pour fonctionner. Le Fongip qui devait avoir 350 milliards est à 5 milliards'', constate-t-il. Par ailleurs, M. Thioye constate que les projets routiers annoncés par Mimi Touré, ce n’est pas nouveau ; ils sont à mettre à l’actif de l’ancien président de la République. Pour preuve ''Macky Sall avait chiffré son plan de développement du Sénégal à 8000 milliards. Aujourd’hui, à part les 28 milliards de la BAD (Banque africaine de développement) et les 80 milliards que Sarkozy leur avait donnés comme appui budgétaire, il n y a pas un financement conséquent qui est entré dans ce pays''. Autrement dit, ''tout ce qu’il y a comme financement est déjà trouvé par Wade et son  régime à travers le Document de politique économique et social qui avait été évalué à  5700 milliards''. Face aux urgences, poursuit-il, ''ils sont allés chercher 500 millions de dollars à travers le marché financier international et à des taux non concessionnels''.

Or, rappelle-t-il, ''ils nous avaient dit qu’ils veulent trouver le financement à partir des ressources internes et à des emprunts à des taux concessionnels''. Pour sa part, Mamour Cissé, du Psd-Jant bi, pense que ''tout ce qui a été dit'' par le Premier ministre devant l’Assemblée nationale n’est que  de la ''littérature''. Car, la réalisation de tous ces projets ''ne peut se faire avec un taux de croissance à un  chiffre, mais à deux chiffres sur 10 ans''. Or,  dit l’ancien ministre d’État, actuellement, ''nous avons un gap de 70 milliards, et non 39 milliards comme elle (Mimi Touré) l’a dit''. Cet opérateur économique pense que la relance de l’économie ne peut se faire sans ''un investissement dans le tissu industriel'' qui ''peut permettre à l’État, grâce aux impôts, de disposer des ressources''. Même si ''ces projets se feront dans le cadre d’un processus'', M. Cissé, soutient qu’ils doivent ''s’appuyer sur une croissance'' qui, malheureusement, ''ne suffit pas à elle seule pour faire un pays''. Ce qu’il faudra, selon lui,  c’est de lancer ''de grands travaux'' pour booster la croissance.

''Si aujourd’hui, les choses ne marchent pas, explique le leader de Psd-Jant bi, c’est parce que des baux sont bloqués, il n y a plus de transferts. Les recettes que l’on tirait des notaires ne rentrent plus comme il le faudrait. Le grand projet auraient le mérite de distribuer les Tva et autres''. Le député Thierno Bocoum semble trouver les raisons de cette morosité de l’environnement économique qui ne permet pas la ''sécrétion de recettes''.  ''Avec le budget 2013, indique-t-il, toutes les prévisions en termes de recettes n’ont pas pu s’accomplir parce que les recettes fiscales ont baissé de 33 milliards au premier trimestre et de 77 milliards au deuxième trimestre''. Ce qui a pour conséquence, selon le responsable des jeunes de Rewmi, ''la réduction des dépenses, l’annulation de  certains projets''.

Club de Paris : Une ''duperie'' autour d’un report

Mimi Touré ne le dit pas dans sa DPG, mais l’État du Sénégal compte beaucoup sur le Club de Paris pour la réalisation de tous ces projets. Ce qui n’est gagné d’avance, d’après M. Thioye. Ce denier relève d’ailleurs une ''duperie'' de la part de l’État dans le report de la date de son rendez-vous à Paris. ''La vérité est que les bailleurs de fonds ont constaté que le gouvernement ne joue pas franc jeu. Parce qu’au moment où on élaborait la stratégie de développement économique et social, le gouvernement a même signé un contrat avec Mc Kenzy (un cabinet de consultance) pour 800 millions à travers un décret d’avance afin qu’il travaille sur un document dénommé Sénégal 2020 pour l’émergence'', révèle ce responsable du PDS. ''S’ils étaient partis au Groupe consultatif, ils allaient être  humiliés'', déclare-t-il. En réalité, indique cet ancien député, ''le gouvernement actuel a évalué sa stratégie nationale de développement à 5300 milliards'' or, ''ils ont déjà les 3500 milliards disponibles''. En se rendant au Club de Paris, ''ils doivent trouver 1200 milliards pour financer la période 2016-2017 qui est dans la stratégie de développement économique et social''.

Ce qui n’est pas évident ''compte tenu des difficultés financières internationales'', qui, selon Bocoum, ne manqueront pas d‘''impacter sur les ressources à destination des pays comme le Sénégal''. Le leader du Pds-Jant bi, lui, déplore le recours de l’État au marché financier même s’il est ''d’accord qu’un pays doit s’endetter'' parfois ''même créer des déficits pour obtenir une croissance''. ''Tout le monde constate que tous les mois'', indique-t-il. ''Il y a un emprunt obligataire. Il n’est pas normal aujourd’hui qu’on aliène les perspectives de la jeunesse qui va venir demain. On a une responsabilité historique de laisser un pays qui ne soit pas surendetté'', interpelle l’ancien ministre.

DAOUDA GBAYA
 
 

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