Le FMI prône une accélération de la diversification

La représentante résidente du Fonds monétaire international (FMI) au Sénégal, Cemile Sancak, a préconisé, hier, une accélération de la diversification des économies de la zone, pour consolider les performances économiques de l’espace. Elle s’exprimait lors de la présentation du rapport de son institution sur les perspectives économiques régionales.
Les perspectives de croissance de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) sont ‘’favorables’’, selon le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI) rendu public hier. En effet, la croissance est attendue au-dessus de 6 % en moyenne. ‘’Toutefois, il serait important d’accélérer la diversification des économies de la zone pour consolider les performances économiques. (…) Ainsi, le FMI recommande le renforcement de la stabilité macroéconomique et la facilitation de l’accès au crédit. Il est aussi nécessaire, dans cette optique, d’assurer une bonne qualité des infrastructures, de promouvoir une main-d’œuvre qualifiée et de se doter d’un cadre réglementaire propice’’, a préconisé la représentante de l’institution de Bretton Woods. Selon Cemile Sancak, quand on compare les économies des pays de l’UEMOA à celles des Etats asiatiques, on constate que le rythme de diversification est ‘’plus faible’’ au sein de l’union ouest-africaine.
Pour ce qui est de la dette publique, l’avis du FMI est le même que celui de la Banque mondiale. Il est conseillé aux pays d’Afrique, et notamment à ceux de la partie subsaharienne, de ‘’préserver la viabilité de la dette’’. Ceci, en réduisant le déficit budgétaire au minimum à 3 % du produit intérieur brut (PIB). Il leur est aussi conseillé de renforcer la mobilisation des recettes, d’élargir l’assiette tout en diminuant les exonérations. ‘’Il est crucial, pour les pays de l’UEMOA, de mettre en œuvre des réformes nécessaires pour améliorer la pression fiscale. La moyenne de cette pression était à 16,3 % du PIB en 2017. Il y a une opportunité de réduire les recettes entre 3 et 6 % dans les pays de l’Afrique subsaharienne, notamment ceux de cette zone’’, a dit Mme Sancak.
Le secrétaire général du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, Bassirou Samba Niasse, a reconnu, à son tour, que la diversification économique occupe ‘’une place de choix’’ dans les enjeux de développement de l’Afrique subsaharienne. ‘’Elle permet de tirer profit de la mondialisation. Si la transformation structurelle et la diversification constituent deux facettes du succès des pays émergents, elles restent intimement liées au débat de politique économique’’, a-t-il expliqué. Pour lui, en dressant d'abord un bilan de la transformation structurelle, de l’évolution de la diversification et de la qualité des exportations dans la région, le rapport montre qu'une ‘’plus grande diversification’’ au regard des structures de production et d’exportation ‘’va de pair avec une amélioration’’ de la croissance économique. ‘’Notre pays bénéficie d'un tissu d’exportations relativement diversifié. Le niveau de concentration des exportations est modéré par rapport à des pays comme la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Costa Rica. En effet, la part des cinq premiers produits d’exportation représente environ 40 % de nos ventes extérieures’’, a-t-il relativisé.
Le Sénégal parmi ‘’les bons élèves de l’UEMOA’’
La patronne du FMI a indiqué que le Sénégal figure parmi ‘’les bons élèves de l’UEMOA’’, avec une pression fiscale qui dépasse 20 % depuis 2016. Cependant, avec le changement d’année de base des comptes nationaux, le taux ressortirait à 15,8 % en 2017. ‘’Ce qui veut dire que bien qu’ayant fait des efforts importants, le Sénégal peut davantage relever le niveau de ses recettes fiscales à travers une fiscalité optimale reposant sur l’élargissement de l’assiette fiscale et poursuivant la modernisation de l’administration fiscale’’, a-t-il souligné.
En réalité, le Sénégal a enregistré un déficit budgétaire de 5,7 % du PIB en 2013 et pour cette année, celui-ci est projeté à 3,7 %. Or, pour la zone UEMOA, il a atteint 37 % en 2013 et sera à 49 % en 2017, d’après le rapport du FMI. ‘’Au Sénégal, avec la poursuite de la bonne mise en œuvre du Plan Sénégal émergent et des réformes, la croissance est attendue à 7 % en moyenne dans la période 2018-2019. Pour maintenir cet élan à moyen terme, les efforts doivent rester étendus pour promouvoir le développement des PME, mobiliser l’investissement direct étranger’’, a recommandé la représentante du FMI. MARIAMA DIEME
MARIAMA DIEME