Publié le 6 Nov 2019 - 19:44
EDUCATION NATIONALE, NON-RESPECT DU PROTOCOLE D’ACCORD

Le G20 sur le pied de guerre 

 

La Coalition syndicale d’enseignants (G20) invite l’Etat du Sénégal au respect de ses engagements. En conférence de presse, hier, ses membres ont dénoncé l’entêtement du gouvernement à maintenir les enseignants dans la précarité.

 

Décidément, le secteur de l’éducation est bien loin de sortir de sa zone de turbulences. Si, hier, les professeurs d’université réclamaient leur dû, aujourd’hui, ceux du secondaire invitent l’Etat à respecter ses engagements. Le nœud de la discorde, cinq ans après, est toujours le même : le non-respect du protocole d’accord signé le 17 février 2015 entre le gouvernement les enseignants. ‘’A l’heure du bilan, il n’y a aucune avancée significative dans la matérialisation de cet accord.

La dette envers les enseignants, communément appelée rappel d’intégration ou rappel de validation, est toujours là. La dette d’avancement, estimée à plus de 100 milliards, est payée au compte-gouttes.  Les enseignants peinent toujours à recevoir leurs actes, à cause des chinoiseries administratives savamment orchestrées par le régime. Tout cela sans compter la situation du régime indemnitaire et la surimposition sur les salaires des enseignants qui est devenue intenable. Les salaires ont baissé d’une façon drastique, du fait de l’institution d’une recette complémentaire’’, détaille le coordonnateur du G20 Dame Mbodj.

A cette liste de questions non résolues, s’ajoute l’équation des affectations arbitraires. Selon le G20, 16 professeurs en ont fait les frais récemment au Prytanée militaire de Saint-Louis.

 Autant de maux qui font dire à la coalition syndicale que l’Etat foule aux pieds tous ses engagements d’hier. Fort de ce constat, les syndicalistes comptent lutter pour préserver les acquis et restaurer la dignité des enseignants. ‘’Le G20 réaffirme, avec détermination, sa volonté de mener la lutte, une lutte acharnée pour le respect de nos droits. En attendant l’expiration du délai de préavis, nous ferons une tournée nationale pour partager la plateforme revendicative avec tous les enseignants du Sénégal, les mobiliser et les préparer à la confrontation avec le gouvernement’’, ajoute M. Mbodj. En effet, la coalition a déposé, depuis le 31 octobre, un préavis de grève et compte ainsi profiter du mois de novembre pour faire sa tournée.

Ainsi, le G20 exige le respect de tous les accords signés, la revalorisation des salaires et du régime indemnitaire et le respect des engagements sur l’habitat. En plus de la validation au deux tiers des années de volontariat de vacation et de contractualisation des fonctionnaires, suivie du paiement du rappel, comme convenu dans le protocole d’accord.

Innocence N. Ndiaye et le G6 au banc des accusés

En matière de représentativité, le désaccord persiste. Pour preuve, le G20 considère que le G6 (coalition des syndicats les plus représentatifs) a abandonné la lutte, en raison d’une compromission avec le régime en place. ‘’Nous lançons un appel sincère aux camarades du G6 à quitter la participation responsable et la compromission avec le gouvernement, et de venir se battre à nos côtés pour l’intérêt supérieur des enseignants’’, lance le coordonnateur du G20. En d’autres termes, les grévistes ne reconnaissent toujours pas la légitimité du G6 qui a pourtant été élu comme la coalition des syndicats les plus représentatifs. D’où l’une des raisons du dépôt de préavis de grève pour exiger le respect du droit aux négociations de tous les syndicats légalement constitués.

‘’Le G6 est en train de saboter notre lutte. Loin de nous l’idée de bloquer le système. Nous nous battons pour que l’école sénégalaise retrouve son lustre d’antan. Nous nous battons pour que les enseignants mènent une vie décente. Seule la lutte libère et les menaces du gouvernement ne peuvent nous ébranler, au contraire…’’, ajoute la coalition qui invite dans son combat le peuple sénégalais.

Par ailleurs, cette épineuse question de la représentativité aurait pour source la présidente du Haut conseil du dialogue social Innocence Ntap Ndiaye, selon le G20. Elle est accusée de prendre parti pour certains syndicats et de délaisser les autres sur le banc de touche. Une source de division que ne digèrent pas les membres du G20. ‘’Nous ne pouvons pas comprendre qu’il existe un comité dialogue social, secteur éducation et c’est elle qui organise, chaque année, la réunion de prérentrée. Il se pose un problème de substitution, un détournement de mission et elle a montré ses limites dans ce dialogue sur l’éducation, en parlant de choses qu’elle ne maîtrise pas. C’est elle la responsable de cette division chez les enseignants, car elle a choisi de coacher certains, de travailler uniquement avec le G6, uniquement pour la pérennité de son institution’’, a déclaré un professeur membre de la coalition.

Où vont les milliards du Fonds d’appui des examens et concours ?

Sur le plan pédagogique, les enseignants réclament l’audit pédagogique du curriculum, un nouveau programme institué à l’école élémentaire, la mise en place d’un manuel arabe et d’éducation religieuse. En effet, selon eux, le premier connait plusieurs manquements qui mettent en difficulté bon nombre d’enseignants.

Il faudrait donc l’évaluer pour juger de son efficacité. Concernant le Fonds d’appui des examens et concours, ils exigent plus de transparence dans sa gestion. D’après le porte-parole du jour, ‘’les candidats au Cfee payaient, il y a deux ans, 250 F ; aujourd’hui, ils paient 1 000 F. Ceux du Bfem 500 F ; aujourd’hui 2 000 F, sans compter les candidats au concours du Crem (Concours de recrutement des élèves-maîtres) ; près de 3 000 qui donnent chacun 10 000 F. Tout enseignant qui se présente au Cap (Certificat d’aptitude pédagogique) donne 2 000 F. Nul ne sait où vont ces montants exorbitants. C’est une manne financière extraordinaire de plusieurs milliards à laquelle personne n’a accès. Comment cet argent est utilisé ?’’.

EMMANUELLA MARAME FAYE

 

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