Amy Collé Dieng et Penda Ba mises en liberté provisoire

Après la journaliste Oulèye Mané, c’est au tour de la chanteuse Amy Collé Dieng, de la militante de l’Apr Penda Ba et Cie de recouvrer la liberté, ce lundi. Le procureur de la République a donné un avis favorable à leurs requêtes, après la saisine du doyen des juges. Toutefois, le gouvernement a justifié la mise en liberté provisoire de ces inculpés pour les délits d’offense au chef de l’Etat et d’injures publiques.
Ça s’est passé vite. Très vite. Même les avocats pour la défense de Penda Ba ont été surpris de leur convocation, ce lundi, au bureau du doyen des juges. Les conseils de la chanteuse Amy Collé Dieng et autres avaient également rendez-vous avec Samba Sall. La mise en liberté provisoire des inculpés n’était qu’une question d’heures. Ce, après celle de la journaliste Oulèye Mané, vendredi dernier.
Ainsi, le juge d’instruction a entamé, dans la matinée, les auditions au fond des deux dossiers. Sur ce, les robes noires en ont profité pour introduire des demandes de mise en liberté provisoire pour leurs clientes. Des requêtes qui sont passées comme lettre à la poste devant le procureur de la République. Ce dernier ne s’est pas opposé aux demandes qui lui ont été transmises par le juge. Du coup, les portes de la prison des femmes de Liberté 6 ont été ouvertes, dans l’après-midi, pour laisser sortir Amy Collé Dieng et Penda Ba. Depuis, elles hument ‘’provisoirement’’ l’air de la liberté.
Liberté provisoire ou liberté définitive ?
Auparavant, la chanteuse est sortie de son face-à-face avec le doyen des juges toute confiante. Elle a été assistée par ses avocats Mes Ciré Clédor Ly, Djiby Diallo, Aboubacry Barro et Amadou Sall. Revenant sur les minutes de l’audition de leur cliente, Me Barro avait déjà annoncé la couleur : ‘’Tout compte fait, les choses se sont bien déroulées. Le juge d’instruction Samba Sall a été très professionnel. Il est allé au fond des choses en lui posant des questions comme le degré de son implication dans cette affaire.’’ Toutefois, en guise de réponse, l’auteure de ‘’Fans Yi’’ a fait savoir qu’elle n’avait aucune intention malveillante de s’attaquer à qui que ce soit. Et que s’il est avéré que la personne qu’elle a visée s’est sentie offensée, en l’occurrence le chef de l’Etat, elle présente ses sincères excuses.
Pour le conseil, la chanteuse a dit des propos qui ont certes gêné des personnes. Mais toujours est-il ‘’qu’il ne fallait pas faire des interprétations qui ne sont pas conformes à ce qu’elle a exactement voulu dire’’. Me Aboubacry Barro explique : ‘’Nous sommes des citoyens et Macky Sall incarne une institution. Mais elle n’avait pas l’idée de proférer des insultes ou de tenir des propos désobligeants. Loin s’en faut ! Peut-être ses propos ont été mal interprétés. Elle a dit qu’elle voulait tout simplement faire s’avoir aux gens que la personne que j’ai attaquée est une personne intelligente et futée. Notre cliente regrette, si vraiment les gens estiment qu’elle a fauté.’’
A propos de la liberté provisoire, le conseil de faire remarquer : ‘’Nous souhaitons qu’Amy Collé Dieng recouvre la liberté qu’elle a perdue. Elle-même a écrit au juge pour obtenir une liberté provisoire. C’est une femme qui souffre du fait de son état de grossesse qui est difficilement compatible avec la détention. Il s’y ajoute qu’elle est régulièrement domiciliée et présente toutes les garanties de représentation en justice. Alors, dans ce cas, rien ne s’oppose à ce qu’elle soit mise en liberté provisoire en attendant celle définitive.’’
Les explications du pouvoir Exécutif
Après la mise en liberté provisoire de Penda Ba, Oulèye Mané, Amy Collé Dieng et autres, emprisonnés pour délits d'offense au chef de l'État et injures publiques, le gouvernement s’est fendu d’un communiqué pour éclairer la lanterne de l’opinion publique. Dans le document signé par le porte-parole du gouvernement, on peut lire : ‘’Dans ces différentes affaires, le procureur de la République n'a pas jugé nécessaire de s'opposer à la décision du doyen des juges, mais l'action publique n'en est pas pour autant éteinte.’’
Selon Seydou Guèye, ‘’en dépit des nombreux appels à la clémence qui ont été entendus et de la repentance des personnes incriminées, le gouvernement tient à rappeler que l'injure et les faits outrageants restent constitutifs de délits punis par la loi’’. En conséquence, dit-il, ‘’le gouvernement en appelle au sens des responsabilités, au civisme et au respect dû à nos institutions, au regard des dérives notées à travers les réseaux sociaux, qui portent atteinte à la paix et aux valeurs qui fondent la République’’.
Amy Collé Dieng a été arrêtée le 3 août dernier par la Division des investigations criminelles (Dic) avant d’être inculpée pour offense au chef de l’Etat et diffusion de fausses nouvelles. De son côté, la militante de l’Alliance pour la République (Apr), Penda Ba, elle, a été placée sous mandat de dépôt pour injures publiques.
AWA FAYE