‘’Je veux revenir avec mon mari qui m’a abandonnée quand j’étais malade’’

Pendant deux ans, Marième Sylva* s’est battue contre la fistule obstétricale contractée lors de la mise au monde de son 4e enfant. Aujourd’hui guérie, elle nous raconte ses années de galère, sans toutefois renoncer à l’idée de retrouver son mari, qui l’avait pourtant abandonnée durant sa maladie.
Du haut de son mètre cinquante et ses moins de 60 kg, Marième Sylva (appelons-la ainsi) n’éprouve aucune gêne à évoquer la fistule qui a fait de sa vie un enfer pendant deux longues années. Native de Kothiary, une localité située à quelques kilomètres de Tambacounda, elle a contracté la maladie en accouchant de son 4e enfant.
‘’Cette maladie, je l’ai contractée, il y a bientôt cinq ans. Pour être honnête, je ne faisais pas de visites prénatales pendant ma grossesse. Quand j’ai commencé à en ressentir les symptômes, j’ai consulté plusieurs structures sanitaires de la zone, sans résultat. Heureusement, j’ai rencontré une sage-femme qui m’a guidée. Après avoir pris mes coordonnées, elle a promis de m’aider à guérir. Grâce à elle, j’ai pu évacuer les fluides. Elle m’a aussi expliqué que ce type de pathologie ne se soignait que deux fois par an : début et fin de l’hivernage’’, raconte-t-elle, les yeux emplis d’émotion.
Après une pause, visiblement plongée dans ses souvenirs, elle poursuit : ‘’Quelques mois après, j’ai été appelée pour le traitement. Aujourd’hui, je suis guérie et je me sens bien. Je précise que durant ma maladie, mon époux m’a abandonnée, prétextant que les dépenses liées à mon traitement le ruineraient.’’
Malgré cela, elle souhaite réintégrer son foyer conjugal, pardonner à son mari et retrouver leur vie commune. ‘’Je veux rentrer chez lui pour reprendre notre vie. Le mariage, c’est pour le meilleur et pour le pire. C’est tout ce que je désire’’, souhaite-t-elle, sans préciser si un divorce a été prononcé.
Mariée à 15 ans, elle vient aujourd’hui de fêter ses 30 ans. Depuis que son mari l’a quittée brutalement, elle vit chez ses parents, soutenue par sa mère malgré des moyens limités. ‘’Sans ma famille, je n’aurais pas survécu. Ma mère, commerçante, parcourt les marchés hebdomadaires pour subvenir à nos besoins’’, explique-t-elle.
Elle partage désormais le toit familial avec ses trois enfants.
Évoquant son calvaire, elle confie : ‘’Cette maladie m’a épuisée. Pendant deux ans, j’ai vécu dans la douleur et l’isolement. Le traitement n’a commencé qu’à la troisième année. Je ne pouvais plus me retenir… Tout s’est passé pendant l’hivernage, avec l’aide d’une voisine présente lors de l’accouchement.’’
Guérie, elle aspire désormais à l’autonomie financière : ‘’Je veux travailler pour subvenir aux besoins de mes enfants. Si je pouvais faire du commerce, ce serait idéal’’, espère-t-elle, un sourire plein d’espoir aux lèvres.
CHEIKH THIAM
*Nom d’emprunt