Publié le 18 Jan 2019 - 15:28
FRANCE

Benalla de retour en garde à vue

 

L'ancien conseiller d'Emmanuel Macron est entendu depuis ce jeudi matin par la police judiciaire dans le cadre de l’enquête sur ses passeports diplomatiques.

 

Nouvelle garde à vue pour Alexandre Benalla. Déjà mis en examen (entre autres) pour «violences volontaires» et «immixtion dans l’exercice d’une fonction publique» suite aux incidents du 1er Mai, l’ancien conseiller d’Emmanuel Macron est entendu depuis jeudi matin par la police judiciaire parisienne dans le cadre de l’enquête sur ses passeports diplomatiques, comme l’a révélé le Parisien.

C’est l’utilisation d’un de ces précieux sésames lors d’un déplacement au Tchad, révélée fin décembre par Mediapart, qui a provoqué l’ouverture d’une enquête préliminaire pour «abus de confiance» et «usage sans droit d’un document justificatif d’une qualité professionnelle», étendue mercredi à des faits de «faux, usage de faux et obtention indue d’un document administratif». Le même jour, devant la commission d’enquête sénatoriale, le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, a révélé qu’Alexandre Benalla avait utilisé son passeport diplomatique une «vingtaine de fois» après son départ de l’Elysée. Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, a ensuite indiqué à la même commission avoir eu la confirmation de la part des autorités tchadiennes et israéliennes qu’Alexandre Benalla avait bien utilisé un de ces documents. «J’en déduis donc que sur l’ensemble des voyages qui ont été effectués, ils ont dû l’être avec le passeport diplomatique», a conclu le ministre en citant le Maroc et les Bahamas.

Une usurpation d’autant plus grave qu’un autre passeport de service, délivré en juin 2018 par le ministère de l’Intérieur, a été obtenu par l’ancien conseiller sur la foi d’un faux, en l’occurrence une note manuscrite et non signée à en-tête de l’Elysée, envoyée directement par Benalla place Beauvau comme si la demande avait été validée par sa hiérarchie. Les enquêteurs de la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) cherchent désormais à savoir dans quelles conditions l’ancien garde du corps a obtenu ces documents et quel usage il en a fait.

Cette convocation au siège de la police judiciaire peut-elle avoir des conséquences sur l’audition très attendue d’Alexandre Benalla devant la commission d’enquête, prévue lundi ? Techniquement oui, si une information judiciaire était ouverte dans la foulée et que Benalla était déféré devant un juge d’instruction en vue de sa mise en examen. Les sénateurs ne pouvant empiéter sur des faits visés par une enquête judiciaire, une telle hypothèse limiterait de facto la portée de leurs questions. Et permettrait à Benalla d’esquiver les interrogations les plus embarrassantes.

LIBERATION.FR

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