Les jeunes de l'Apr suggèrent son «arrestation sans délai»

Après avoir mis à nu «les combines» de Karim Wade, en ce qui concerne la gestion du domaine aéroportuaire, les jeunes de l’Alliance pour la République ont recommandé hier son arrestation.
L’arrestation de Karim Wade pour crime économique, c’est la suggestion faite aux autorités judiciaires par les jeunes de l’Alliance pour la République (Apr), après les révélations liées au «pillage» de la plate-forme aéroportuaire ces dernières années. ‘’L’État devrait prendre ses responsabilités pour que ces entreprises qui appartiennent à Karim Wade et à ses amis reviennent au Sénégal», a soutenu Mame Mbaye Niang, président de la Haute autorité de l’Aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar (Haalss) et Secrétaire exécutif chargé des relations avec les jeunes de l’Alliance pour la République.
«90% de l’économie nationale sont détenus par des étrangers qui sont bizarrement liés entre eux, avec un dénominateur commun : Karim Wade. Pour des raisons de sécurité nationale, toutes ces entreprises doivent être réquisitionnées et redonnées à l’État du Sénégal», a-t-il recommandé.
«Cette situation ne peut plus durer un ou deux mois de plus, car si l’ensemble de ces entreprises ferment, c’est l’économie nationale qui va s’écrouler. On ne peut pas détenir le port, l’aéroport, une partie du financement public et privé et ne pas être outillé. Karim Wade a pillé ce pays, il faut l’arrêter», a tranché le président de la Haalss au cours d'une conférence de presse tenue hier à Dakar.
Selon Mame Mbaye Niang, les données du problème sont claires : la non arrestation de Karim Wade serait une «trahison» des intérêts du Sénégal. «Il n’y a ni cabale, ni acharnement contre Karim Wade. Il y va simplement de l’intérêt du Sénégal.»
A l'aide du logiciel Powerpoint, les «magouilles orchestrées par Karim Wade dans la gestion du domaine aéroportuaire» ont été rendues sous forme de diapositives montrant, par exemple, comment «le pillage de l’aéroport a été organisé pendant 12 ans», notamment dans le handling (assistance au sol). Selon Mame Mbaye Niang, l'ancien tout-puissant ministre d'État, en tant que ministre, a créé une direction générale des transports aériens (Dgta) «en violation flagrante du code de l’aviation civile sénégalaise», grâce à un décret fortement contesté.
D'ailleurs, «la forfaiture a commencé avec ce décret» qui, par la suite, a dépouillé l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) de ses attributs dans la délivrance des licences, des agréments, la régulation des lois au niveau du transport aérien. Ainsi, note le président de la Haalss, la Dgta confiée à Cheikh Tidiane Senghor est venue affaiblir l’Anacim. A la suite, il y a eu la mise sur pied de l'Agence nationale de l'aménagement du territoire (Anat) et la création de Daport, une société contrôlée à 99% par une entreprise dénommée Afriport, basée au Luxembourg. Ces créations ont eu pour effet de délester l’Asecna en tant que gestionnaire légal du transport aérien au Sénégal, grâce à la Convention de Saint-Louis.
‘’Le stratagème a consisté à armer Farba Senghor afin de créer une situation pour dire que le Sénégal est en train de perdre au niveau de l’Asecna et qu’on devrait quitter l’agence, explique Mame Mbaye Niang. En tentant de sortir de la zone Asecna, cela na pas marché, alors il s’est agi de capter la gestion des aéroports secondaires et de dire que l’aéroport de Dakar est dépassé et qu’il faut construire un autre aéroport.»
Aux yeux du président de la Haalss, «Karim Wade ne voulait pas seulement que le Sénégal ait un aéroport moderne, il voulait son aéroport à lui et les revenus de l’aéroport. Sa stratégie consistait à dire qu’il a créé la Redevance de développement des infrastructures portuaires (Rdia), ce qui est faux.»
Le schéma retenu à l'époque était le suivant : «c'est l’Asecna qui devait collecter gratuitement la Rdia, dont le montant était de 50 euros par passager, à travers un guichet unique. Puis elle devait la verser à l’Association internationale des transports aériens (Iata) qui, à son tour, la reverserait à l’État du Sénégal. Celui-ci étant chargé en dernier ressort de rediriger cet argent collecté vers les caisses de l'Aéroport international Blaise Diagne. Et on a un aéroport !»
Mais aujourd’hui, note le président de la Haalss, «cette Rdia que Karim Wade dit avoir créée est collectée par le cabinet Cice (NDLR : devenu Grant Thornton), une structure présente dans toutes les opérations de Karim Wade qui prend 5% de 1,5 milliard par mois. On perd 5% au détriment de Cice qui confie cet argent à la Bmce qui n’est pas la Banque marocaine de commerce extérieur.» Cette banque, dont le propriétaire ne s'est jamais présenté au Sénégal, poursuit Mame Mbaye Niang, fait le montage financier qu'il présente à Bnp Paribas pour demander un financement à hauteur de 441 milliards qui sera versé à l’État du Sénégal.
Celui-ci, à son tour, le confie à Aibd, qui construit un aéroport qui est lui aussi confié par la suite à Daport sur une durée de 30 ans, sans contrepartie. «En ce qui concerne Shs, Abs, Hsh c’est le même scénario car, derrière ces entreprises, il y a Karim Wade à 90 %», a expliqué Mame Mbaye Niang, diapositives en support.
ANTOINE DE PADOU