Publié le 8 Mar 2021 - 14:44
GHAËLS BABACAR MBAYE

Sur les traces du père

 

Ghaëls Babacar Mbaye est une jeune engagée pour les causes féminines et militante de la société civile. La fille du défunt dignitaire socialiste Pape Babacar Mbaye, est détentrice d’une Licence en droit public à 20 ans et continue son parcours académique pour davantage agrandir ses domaines d’intervention.

 

‘’J’ai 20 ans et le monde à prendre, même si je ne peux pas tout voir. Vingt ans et l’amour à prendre, même si j’crois tout savoir. Les vieux disent que j’ai de la chance. Que le bonheur est là qui m’attend’’. Ghaëls Babacar Mbaye pourrait bien faire sienne, ces paroles du chanteur français Francis Lalanne. Ou même son hymne. Ou mieux son sacerdoce, son credo.

Cette jeune fille de 21 hivernages a choisi, très tôt, de se démarquer du monde trop scintillant de ses consœurs, rythmé par des virées nocturnes et autres mondanités, pour se chercher une autre voie. Son épanouissement, cette juriste de formation la trouve dans l’engagement en faveur de ses ‘’sœurs’’ et son militantisme dans la société civile.

Pour la licenciée en droit public à l’Institut supérieur de droit de Dakar, cette lutte acharnée pour une meilleure représentativité des femmes dans les instances de prises de décision, pour la promotion des droits des femmes et des filles ainsi que la lutte contre les violences basées sur le genre, sont le combat d’une vie. ‘’Je m’érigerai toujours en garde-fou pour ces principes. Pour le moment, j’apprends toujours, je veux acquérir assez de connaissances encore pour me prononcer davantage sur des questions épineuses auxquelles nous pouvons être interpellés. Et ceci dans la société civile pour le moment’’, dit-elle fière.

En dehors de la représentativité des femmes, la fille de l’ancien secrétaire général des jeunes du Parti socialiste, Pape Babacar Mbaye, est aussi dans la lutte pour la préservation de la dignité de la femme. Elle préside en ce sens l’association Wallu dont la mission, rappelle Mme Mbaye, est de prendre en charge les victimes de viol au triple plan : médical, psychologique et juridique, et de mettre en place un dispositif d’alerte en cas de violences. C’est grâce à cette initiative d’ailleurs qu’elle a reçu le premier Prix de l’innovation technologique dans la gestion et la prévention de la violence au Sénégal.

Avec la pandémie de la Covid-19, ‘’Bébé Ghaëls’’, comme l’appellent ses proches, a décidé de s’investir dans la sensibilisation. Pour ce faire, elle a intégré la Task Force du Réseau des volontaires communautaires, en appui au personnel de santé et de celle du débat numérique national de la jeunesse.

Issue d’une famille de père et mère militants au Parti des verts, Ghaëls Babacar Mbaye ne se laisse pas pour le moment draguer par la politique. Elle n’a pas pour autant une position tranchée sur la question. ‘’S’agissant d’un engagement politique, je ne me fixe pas de limites certes, mais s’il s’agissait de cela, j’assumerais pleinement mes responsabilités. Je ferai tout pour offrir à mon pays une place de choix au concert des grandes nations, avec nos modestes expériences et compétences’’. Cependant, elle souhaite naturellement suivre les traces de ses parents et militer à la maison-mère. C’est dire que chez elle, le socialisme est une affaire de sang et d’héritage. ‘’Si vous posez cette question, la réponse serait sans doute le Parti socialiste pour, peut-être, préserver le legs de mon défunt père. Je n’exclue pas que ça soit le cas, mais le choix du parti dans lequel j’aurais à militer aurait comme fondement une ferme conviction. Parce que lui-même était un homme de principe et de conviction’’.

De corpulence moyenne, cette jeune dame s’identifie à son défunt papa qu’elle n’a connu malheureusement qu’à travers des témoignages de ses proches. 

Orpheline à 4 ans, elle lui a écrit une lettre posthume cette année, à l’occasion du seizième anniversaire de sa disparition, le 30 janvier dernier. Dans la note intitulée ‘’Papa, ta fille qui ne t’a pas connu, t’écrit pour une première’’, elle revient sur le parcours éphémère et bien accompli de son père sur terre.

‘’Mon père que j’ai connu à travers sa famille, ses amis et sympathisants, représente ma muse, mon idole en tout et pour tout. Nous avons les mêmes traits, lui et moi. Le même sourire. La même fougue. Nous nous exprimons de la même manière. Donc, ce qui nous lie est très précieux ; ça va au-delà d’un lien sanguin. Je dirais plutôt que c’est une connexion particulière’’.

Malgré cette absence de figure paternelle, Gaëls ne s’est pas laissée abattre par le destin, certainement pour faire honneur à sa mère, sa ‘’Jambar’’, et rendre fiers les anciens compagnons de son père. La passionnée de cuisine et fans du leader du Super Etoile a ainsi décroché son Bac à l’âge de 16 ans, au collège privé Yavuz Selim où elle a effectué son cursus secondaire. Dans cet établissement également, elle a marqué son empreinte, en présidant le gouvernement scolaire. L’ancienne pensionnaire de l’école franco-sénégalaise Dial Diop suit actuellement des études en droit international. 

Célibataire sans enfant, Ghaëls Babacar Mbaye souhaite d’abord se construire davantage avant de franchir le cap de la vie conjugale. Son futur prétendant devrait toutefois avoir des points de convergence avec sa personne. Pour elle, toutes les femmes méritent un homme qui puisse être au-delà de leurs espérances, les épauler, les accompagner tout au long de leur vie.   

 Fille unique d’une famille de quatre enfants, Ghaëls a été le porte-drapeau du Sénégal, lors de grandes conférences mondiales sur des questions de jeunesse, d’engagement citoyen et de justice sociale. La Walo-Walo d’origine est également blogueuse sur des questions de politiques publiques et de développement. Elle a d’ailleurs été lauréate du Global Development Project. Passionnée de langues et polyglotte, elle fut lauréate des Olympiades internationales de langue turque, en étant 1re en Afrique et 3e mondiale, et du prix YWS en anglais.

HABIBATOU TRAORE

 

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