Publié le 8 Apr 2021 - 14:26
JOURNEE MONDIALE DE LA SANTE

L’accès aux soins de santé primaires, un défi pour le Sénégal  

 

La pandémie de Covid-19 a plus durement frappé certaines couches sociales que d’autres. Ce qui a aggravé les inégalités existantes en matière de santé et de bien-être. Au Sénégal, les soins de santé primaires constituent un énorme défi, malgré les efforts fournis. À l’occasion de la Journée mondiale de la santé, le 7 avril 2021, l’Organisation mondiale de la santé a lancé un appel pour des mesures urgentes visant à améliorer la santé pour tous.

 

En Afrique en général et donc aussi au Sénégal, les soins de santé primaires sont inaccessibles pour une majorité de la population. Hier, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la santé, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a réaffirmé que le repositionnement des soins de santé primaires (SSP) pour l’atteinte de la couverture sanitaire universelle, reste toujours une priorité pour le gouvernement du Sénégal.

Selon le ministre,  dans le  but  de  réduire  les  inégalités  sociales  à  l’accès aux soins,  le pays  a  régulièrement  mis  en  œuvre  toutes  les  déclarations portant sur les soins de santé primaires, depuis la conférence d’Alma Ata de 1978.  L’adoption des  soins  de  santé  primaires  a  marqué  un  tournant  décisif dans  la  mise  en  œuvre  de  la  politique  de  santé  du  pays  et  a nécessité plusieurs  réformes  majeures dans  le  système  de  santé  et  de l’action sociale.

Au titre de ces réformes, le ministre a, entre autres, cité  la  création  des  districts  sanitaires  en  1992,  représentant  l'unité opérationnelle  de  la  stratégie  des  soins  de  santé  primaires, qui marque  la  décentralisation  de  l’offre  de  soins  au  niveau  le  plus périphérique. Pour Abdoulaye Diouf Sarr, d’autres actes sont posés par le gouvernement du Sénégal pour lutter contre l’exclusion    d’une    frange    importante    de    la    population économiquement faible par rapport aux coûts ou géographiquement éloignée des prestations sanitaires. Il s’agit de la mise en place de la Couverture maladie universelle (CMU) qui  a permis aux citoyens à faible revenu  d’accéder à des soins de qualité à moindres coûts. Il a également noté l’adoption d’une  stratégie  nationale  de  financement  de  la  santé, lancée  en  2017 par  le  chef de l’État. Celle-ci a contribué fortement à la couverture sanitaire universelle. Enfin, l’amélioration de la couverture du risque maladie de la population sénégalaise, à travers les mutuelles de santé communautaires et l’assistance médicale.

‘’Le  Sénégal, lors  de  sa  participation  à  la  rencontre  d’Astana  tenue  au Kazakhstan  en  octobre  2018,  a  réaffirmé  son  engagement  à  veiller  à l’égalité dans l’accès aux soins de toutes les couches de la communauté, en réalisant la  couverture  sanitaire  universelle  dans l’objectif de la santé pour tous. Cette politique a été illustrée par la gestion de la pandémie Covid-19 et est marquée par la décentralisation des structures de diagnostic et de prise en charge. Ainsi, des laboratoires de détection et des centres de traitement des épidémies sont déployés sur l'ensemble du territoire national’’, a renseigné le ministre.

Toutefois, il a souligné qu’il est plus que nécessaire de suivre et d’évaluer les programmes de santé et d'action sociale. Il faut, précise Abdoulaye Diouf Sarr, les adapter aux besoins des populations, avec la participation effective de tous les acteurs notamment les bénéficiaires, la société civile, le secteur privé, les autres sectoriels et les partenaires au développement. Mais surtout, il faut agir sur  les  facteurs  socio-environnementaux par  une  prévention  accrue  et  une promotion  soutenue  de  la  santé  et  du bien-être.

Consacrer 1 % du PIB en plus aux soins de santé primaires

Pour sa part, l’Organisation mondiale de la santé demande aux gouvernements des pays d’investir dans les soins de santé primaires. Car la moitié de la population mondiale au moins ne bénéficie toujours pas d'un accès aux services de santé essentiels.

Selon le directeur général de l’OMS, plus de 800 millions de personnes consacrent au moins 10 % de leur revenu familial aux soins de santé. Chaque année, près de 100 millions de personnes tombent dans la pauvreté, en raison de frais médicaux à leur charge.

 Pour le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS,  à mesure que les pays se relèveront de la pandémie de Covid-19, il sera essentiel d’éviter les coupes dans les dépenses publiques consacrées à la santé et à d’autres secteurs sociaux, car de telles coupes seraient susceptibles d’accroître les difficultés parmi les groupes déjà défavorisés, d’affaiblir l'efficacité du système de santé, d’accroître les risques sanitaires, d’augmenter la pression budgétaire à l’avenir et de saper les acquis en matière de développement.

Selon lui, les gouvernements devraient plutôt s’efforcer d’atteindre l’objectif recommandé par l’OMS de consacrer 1 % du PIB aux soins de santé primaires. Il est prouvé, a-t-il soutenu, que les systèmes de santé axés sur les soins de santé primaires, ont constamment donné de meilleurs résultats en matière de santé, favorisé une plus grande équité et amélioré l’efficacité.

‘’Intensifier les interventions relevant des soins de santé primaires dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires, pourrait sauver 60 millions de vies et augmenter l’espérance de vie moyenne de 3,7 ans d’ici à 2030’’, a-t-il fait savoir, avant de souligner que les gouvernements doivent également réduire la pénurie de personnel soignant au niveau mondial, sachant que 18 millions d'agents de santé supplémentaires sont nécessaires pour parvenir à la couverture sanitaire universelle (CSU) d’ici à 2030.

‘’Cela signifie qu'il faut créer au moins 10 millions d’emplois supplémentaires à temps plein dans le monde et renforcer les efforts en matière d’égalité des genres. Les femmes fournissent la plupart des soins de santé et de l'aide sociale dans le monde, représentant jusqu’à 70 % de tous les personnels de santé et d'aide à la personne. Pourtant, elles ne bénéficient pas des mêmes chances de les diriger’’, a indiqué le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus.

VIVIANE DIATTA

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