Publié le 22 Sep 2020 - 13:23
LA FRANCE ET NOUS…

Recherche patriotes désespérément

 

Dans une de ses chroniques récentes, le journaliste malien Bakary DIARRA se dit être à la recherche de «patriotes désintéressés» pour gérer au mieux la crise malienne. Et il préconisait des mesures radicales et très originales pour remettre le MALIBA sur les rails du travail, de l’honneur et de la dignité recouvrée.

En écho à son appel, moi je suis désespérément à la recherche des VRAIS PATRIOTES dans notre cher Sénégal et plus généralement dans notre chère Afrique.

En effet, l’un des problèmes sinon le plus grand problème auquel sont confrontés nos pays ,c’est l’absence de PATRIOTISME . On n’aime pas NOS PAYS. OUI ..Il faut le dire ..

Et cela c’est l’œuvre machiavélique du colon français qui aura réussi dans son entreprise funeste de dépersonnalisation de l’Africain et de son apatridie.

Je l’ai déjà dit dans une publication antérieure : « je m’émeus beaucoup plus des ravages du colonialisme sur nos âmes plutôt que sur nos paysages en réponse aux réactions de destructions systématiques des symboles pétrifiés de cette page de notre histoire préconisées par certaines chroniqueurs madrés dans leurs certitudes académiques.

Il faut reconnaître que la plus grande victoire de Faidherbe et de ses compatriotes colonialistes, aura été d’avoir réussi à faire de Nous, les Africains francophones particulièrement les sénégalais, des zombies françaises.

La France a réussi à faire de ses africains, ses créatures sociales, économiques, politiques qui, plus de soixante ans après leur « indépendance » politique continuent toujours à la servir dans une sorte de soumission servile  incroyable. Les français ont été très forts dans leur entreprise de domination des territoires, de formatage des esprits et d’exploitation effrénée des richesses. Sous ce rapport, Faidherbe et tous ses comparses ont bien rempli leur mission. On l’oublie souvent ou feint de l’oublier mais Faidherbe était un agent français qui était en mission commandée de conquérir pour la grandeur de la France, le territoire du Sénégal, de le pacifier, de l’administrer et ..de pervertir les âmes des indigènes pour qu’ils adoubent la France en TOUT. Et là , la réussite est TOTALE. Il faut en convenir..

A ce jour, plus de soixante ans après notre souveraineté internationale recouvrée ou octroyée c’est selon, le tableau est très sombre. Jugez-en vous-mêmes.

 Tout d’abord, nos premières élites qui avaient été envoyées se former en France et qui étaient censées retourner au pays pour nous montrer la voie du Nationalisme et du travail organisé et soutenu pour développer nos pays en se servant des savoirs acquis à bonnes écoles, ne nous sont pas revenues. Ils ont presque tous choisi de rester en France pour y vivre. Car nombre d’entre eux ont succombé aux charmes des sirènes françaises et les ont épousées pour rester et continuer à jouir des mirages de la France. Un acte de «Haute trahison » de la Nation qu’on ne relève pas toujours. Ils devraient logiquement rembourser jusqu’au dernier centime, les deniers publics qui ont financé leurs études. Passons.

Ceux qui nous sont revenus, seront des clones imparfaits des Toubabs dans tous les domaines. Nos « toubabos » comme on appelait nos « francénabés » d’alors, nous sont Tous revenus, en costumes et cravates même à quarante degrés à l’ombre, l’air hautain, condescendant voire méprisant et snobant leurs compatriotes restés au pays. Bref, dans leur mimétisme grotesque, ils sont devenus des suppôts de la France contre leur propre peuple, obéissant au doigt et à l’œil aux oukases des maîtres français dans tous les domaines de la vie économique, sociale, politique, éducationnelle de leur pays. En véritables succédanés de leurs maîtres français, ils se sont empressés de les remplacer pour perpétuer en leur nom et pour leur compte, les actions de vol, de pillage, de spoliation et de prédation des ressources de leurs pays pour la douce France. Une situation qui persiste encore de nos jours.

En effet, on continue toujours à former nos élites en Europe et surtout en France avec des Valeurs françaises snobant Notre université nationale qualifiée de sous-campus. Qui, malgré toutes les tares plus supposées que réelles dont on voudrait l’accabler, aura pourtant réussi à former et continue de former dans tous les domaines : littéraire, philosophique, économique, social, juridique, politique, scientifique, médicinal, pédagogique et autres, plein de cadres de très haut niveau. Et jusqu’au Président de la République  qui est un pur produit de l’école sénégalaise. Le problème si problème il y’a, se situe ailleurs : dans le complexe atavique envers la France. REKK.

Nos gros cerveaux qui devraient être les têtes de file de l’émancipation intellectuelle du pays, ne se sentent valorisés que s’ils sont cooptés dans les Universités américaines ou de France. Ce n’est même pas une critique, tout juste un constat. Professeur à Princeton, ou à Columbia University, ou à Nanterre, ou à Chicoutimi, ou à Durban etc..çà sonne mieux qu’Enseignant à l’UCAD. N’est-ce pas ? Et il ne nous restera qu’une glorification par contumace du genre : « Premier sénégalais enseignant à .. », «Seul africain titulaire de chaire à »  etc.. C’est pourquoi, on les voit tous, courir vers ces pays qui n’ont que faire de leur «savoir exotique»  qui aurait  été beaucoup plus utile aux étudiants du pays s’ils avaient une once de sentiment patriotique.

Comme Cheikh Anta DIOP qui refusa les Honneurs pour conserver son Honneur et rester servir son pays. Ah ! Complexe quand tu nous tiens. Et ce sont ceux-là qui sont souvent les plus prompts à nous abreuver de concepts ésotériques sur tout et sur rien pour masquer l’appât du gain et le mercantilisme sous-jacent de leur exil académique. Au-delà de toute autre considération, l’exil de l’intellectuel particulièrement de l’universitaire, s’il n’est pas forcé, est toujours quelque part,  une forme de fuite en avant, de trahison, d’abandon de son pays et de mercenariat déguisé. Car on peut bien rester à l’UCAD et dispenser des cours de vacation et autres séminaires et sessions thématiques dans toutes les universités du monde. Pourquoi faut-il toujours partir pour de bon? Vaste question.

Dans la même veine, on continue toujours surtout pour ceux qui en ont les moyens, à se soigner en France laissant nos hôpitaux dans la dèche totale malgré l’expertise avérée de nos toubibs et personnels soignants. On continue toujours à « copier-coller » notre code des Lois sur celui de la France sans référence à notre culture nationale. Etc.. etc.. la liste des psittacismes de mauvais aloi est longue ,très longue et témoigne s’il en était encore besoin de notre dépendance atavique extrême à la France dans tous les domaines de la vie simplement. On est plus français que sénégalais dans notre façon de vivre, de penser, d’agir et c’est là où se trouve à mon avis, le véritable challenge. Comment faire pour devenir véritablement africain et sénégalais aimant notre pays, y travaillant, y vivant, y investissant. En somme être LE PATRIOTE, LE NATIONALISTE que je recherche désespérément.

On prête à Vladimir POUTINE, homme fort de la Russie les mots suivants, cités de mémoire : « L’Africain riche a ses comptes bancaires en Europe (Suisse et France) ; s’il est malade, il se soigne en France ; ses enfants étudient en Europe ; il passe ses vacances en France, USA, Canada. S’il meurt, il demande à être enterré en Afrique dans son pays natal. Finalement l’Afrique n’est qu’un cimetière pour l’Africain. Et comment peut-on développer un cimetière ? » Fin de citation.…Il semble avoir bien étudié l’Afrique celui là . N’est- ce pas ?  A chacun de juger.

L’autre « exploit » des français aura été -en titillant et exacerbant nos particularismes ethniques et sociaux- de nous rendre Nous africains, ennemis les uns, les autres. Ainsi jusque dans nos pays respectifs, nous en sommes à qualifier des frères, de broussards, de villageois, de «coming from » et autres quolibets dégradants qui dénotent un manque de respect notoire voire un mépris pour des compatriotes .

Ce qui n’est pas de nature à favoriser et à développer le sentiment d’appartenance nationale pour un commun vouloir de vie commune harmonieux dans un même pays. D’où des conflits ethniques, locaux, régionaux interminables et souvent alimentés par la France pour mieux se positionner ensuite en arbitre « intéressé » Quel cynisme ! Voyez le Mali. Ce clivage artificiel est encore plus flippant entre pays africains réputés frères. Ainsi, entre sénégalais, maliens, guinéens, mauritaniens, gambiens, ivoiriens, burkinabés ou nigériens, pour ne citer que ceux-là, les rivalités sont tellement fortes que parfois, un simple match de football suffit pour faire ressortir toute l’animosité sédimentée dans nos cœurs entre les uns et les autres.

C’est pourquoi, nous ne réussirons RIEN ensemble. Voyez toute la saga sans fin du franc CFA qui ne fait même plus rire. Nous sommes plus enclins à croire et à faire confiance au Toubab qu’à notre frère africain ou sénégalais. L’Africain francophone est le seul qui est capable de trahir son frère allant jusqu’à le faire tuer sur les ordres du Toubab. Les exemples de coups d’état militaires et d’assassinats de leaders charismatiques qui jalonnent l’histoire de l’Afrique noire sont assez édifiants de notre degré de traitrise entre nous pour le bonheur du Toubab qui réussira TOUJOURS à trouver des sbires et autres séides prêts à vendre leur âme africaine au diable français. De vrais RENEGATS, je vous dis.

 Pourtant et je l’ai déjà dit dans un de mes écrits : « la colonisation en soi, n’est pas une malédiction. C’est une étape normale dans la marche des pays. De grands pays comme la Chine, l’Inde, Le Japon, la Corée du Sud, Singapour, Hong Kong etc.. ont été colonisés un temps mais ont pu s’en sortir pour se développer tout en conservant leurs valeurs sociétales fondamentales. Grâce à des leaders charismatiques, visionnaires et foncièrement nationalistes et des peuples travailleurs et patriotes. C’est justement ce qui NOUS manque le plus.

Mais c’est aussi parce que la colonisation à la française a été très mauvaise voire sinistre. Elle a sapé les bases de la culture autochtone, a érodé nos valeurs locales, a dilué nos certitudes, a perverti nos mœurs et plus grave a siphonné  et continue de siphonner nos ressources, TOUTES les ressources du pays conquis au bénéfice de la France. C’est pourquoi, vous ne verrez aucun pays africain anciennement colonisé par la France sur la voie de l’émergence.  AUCUN

Et pour cause ! Déjà en 1957, François Mitterand avait prophétisé que « Sans l’Afrique, la France n’aura pas d’histoire au 21ème siècle » et Jacques CHIRAC d’ajouter sans gêne en mars 2008 que : « Sans l’Afrique, la France va glisser vers le rang de 23ème puissance économique mondiale. Ce qui est inacceptable ». C’est dire combien la France a viscéralement besoin de l’Afrique pour sa survie et son développement à Elle, LA France. 

C’est pourquoi pour sa Grandeur à Elle, la France s’est arrangée pour avoir toujours sous la main des africains traitres à leur patrie et capables des pires ignominies sur leur propre peuple pour servir la France.

Dès lors, pour les Africains, la libération de l’âme des Africains francophones du vampirisme français me semble être l’ESSENCE même de l‘émancipation future de l’Afrique. C’est le VRAI COMBAT qui mérite d’être mené.

Cela demandera du temps, des larmes et ..forcément du sang qu’il faudra être prêt à verser pour recouvrer Notre DIGNITE et notre Vraie indépendance pour pouvoir enfin disposer véritablement de toutes les ressources scientifiques, industrielles, minières, agricoles, éducationnelles, sociales, politiques et monétaires de nos pays et nous atteler à notre développement. Vaste chantier pour lequel il nous faut des PATRIOTES, de vrais qu’on recherche désespérément…

Pour terminer, ne jamais oublier que le COVID19 est toujours là. Aussi, gardons la distance,  lavons nous les mains régulièrement, mettons nos masques et que  DIEU Nous gardes et gardes l’Afrique..

Dakar le 21/09/2020

Guimba  KONATE

DAKAR

guimba.konate@gmail.come

 

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