Jeux de dupes
Consigne de vote
Si l’odyssée n’est pas terminée, nous nous approchons d’une certaine façon de la fin de la première partie de l’aventure de l’ex-Pastef. La décision de la Cour Suprême prise le 17 novembre dernier à propos de la radiation du Maire de Ziguinchor sur les listes électorales est une sorte d’acte final d’un théâtre politique tragi-comique.
Ainsi, les radicaux qui s’étaient accrochés bec et ongle sur la seule candidature de Ousmane Sonko, comme étant l’unique plan de A à Z des extrémistes de la scène politique, se sont englués dans une impasse. Bassirou Diomaye Faye devient, ainsi, le premier recours et le candidat obligé de ces partisans d’un changement radical du pays de la Téranga. Cela est, certainement, le début du commencement du réalisme pour les tenants de ce camp. Et très certainement, avec le temps, le réalisme va les conduire à faire preuve de plus de pragmatisme encore jusqu’à, peut-être, aller adouber une candidature qui ne soit issue de leur camp. Ce n’est, peut-être, pas la fin de l’histoire dans le combat frontal entre la République, l’Etat et ceux que le Président Macky Sall traite de conjurés voulant précipiter le pays dans le chaos.
L’erreur stratégique des tenants de la posture radicale a été de confondre la proie pour l’ombre. Car, de 2014 à maintenant, les soubresauts politiques qui ont pourri le second mandat de Macky Sall ont pu faire croire à ces adeptes de la guérilla urbaine que s’opposer frontalement à l’Etat et aux Institutions de la République équivalait à combattre les partis formant la coalition de la Majorité présidentielle. Tout au début de la mise en application de ce « Sopi version année 2000 », le désenchantement des années Wade, le confinement de la période Covid et la montée de la crise économique des années 2010 ont pu faire croire à ces partisans de la violence comme règlement des contradictions politiques que l’heure a sonné pour un nouveau changement politique majeur, après les alternances de 2000 et 2012.
Le problème étant de savoir, maintenant, si l’heure a bel et bien sonné pour une nouvelle alternance avec la montée de la colère et des déceptions d’une partie de la population et si cet électorat potentiel est bien arrimé autour de l’ex-Pastef et de son leader qui croupit en prison actuellement.
Je crois comprendre que le calcul du nouveau résidant de la prison du Cap Manuel et de ses partisans, à défaut d’être le favori et le principal challenger au candidat de la Majorité Benno Book Yaakar, est celui d’être l’arbitre de la prochaine présidentielle de Février 2024. Voilà pourquoi si les radicaux de l’ex-Pastef semblent accepter l’insoutenable scénario de Ousmane Sonko exclu des élections, ils veulent en être les faiseurs de roi en faisant pencher la victoire pour le candidat qu’ils auront choisi par défaut. Pourtant, est-il sûr que si l’ex-Pastef a bien su canaliser la colère d’une partie de la population jusqu’à rafler des mairies et avoir plus d’une vingtaine de députés à l’Assemblée Nationale en 2022, cet électorat serait bel et bien le sien comme le Pape du Sopi a su le construire avec les Wadistes qui sont véritablement les seuls Baye Fall de la scène politique.
Retenez que l’Histoire nous enseigne qu’au Sénégal, les Senghoristes ont disparu à l’avènement du Président Diouf et que les Dioufistes ont été éradiqués avec l’élection de Wade, l’électorat de la colère qui a fait les bonnes affaires de Sonko jusqu’à présent lui serait-il fidèle alors qu’il est hors-jeu politiquement ? Ousmane Sonko a, déjà, donné une première consigne avec la collecte de signatures pour le parrainage et pourtant quelques-uns de ses affidés sont allés contre ce mot d’ordre avec les candidatures de Guy Marius Sagna, de Birame Soulèye Diop, El Malick Ndiaye, entre autres. Il devra, peut-être, donner une nouvelle consigne mais de vote cette fois-ci avec le rejet probable de la candidature de Bassirou Diomaye Faye du fait de son statut judiciaire actuel.
L’accueil de ce mot d’ordre partisan que le corps électoral fera à ce candidat adoubé par lui sera le meilleur indicateur de sa crédibilité électorale et de son leadership politique. Un pari risqué et périlleux pour lui car qu’il soit gagnant ou perdant, Sonko ne pourra plus être la locomotive de la scène politique entre 2024 et 2029. Si son candidat sort vainqueur du 25 février prochain, ce dernier aura les mêmes habits que Adama Barro en Gambie lors de la chute de Yaya Jammeh. Et s’il n’arrive pas à triompher face au candidat du pouvoir et des autres prétendants de l’opposition, Sonko et ses ouailles auront montré les limites de leur pouvoir électoral qui ne serait pas en adéquation avec leur communication politique et leur propagande permanente sur les réseaux sociaux.
Les petits mystères de la Présidentielle (4)
Mais où est, donc, passé Idrissa Seck ? Et qu’attend, donc, Karim Wade pour s’offrir une rentrée politique triomphale et historique au pays natal ? A quatre mois des élections, alors que la pré-campagne bat son plein avec la collecte de signatures pour le parrainage, le cas de ces deux héritiers de Me Wade soulève beaucoup de questions et de mystère.
Certes, l’appareil électoral du PDS a été remis en ordre de bataille et ne paraît éprouver aucune difficulté dans sa campagne de collecte de signatures, seulement le mystère le plus total jette un flou troublant et inquiétant sur la date de retour du fils du Pape du Sopi, même si d’ores et déjà des responsables du PDS assurent que Karim Wade est le principal financier de l’opération de renouvellement des instances du parti et de collecte de signatures pour la présidentielle.
La question qui se pose est de savoir que fait encore Karim Wade au Qatar ? Y est-il retenu contre son gré ou alors l’épée de Damoclès des décisions née des pénalités financières de son procès sur l’enrichissement illicite l’empêche-t-elle de revenir au bercail ?
Nul ne sait, encore, avec exactitude ce que le candidat officiel du PDS va faire et déjà au sein de son parti, des menaces de démission se font entendre, si jamais Karim Wade faisait l’impasse sur sa candidature pour 2024 obligeant, ainsi, les Bleus du Sopi à désigner un candidat par défaut ou pire à soutenir une candidature hors du parti.
Avec Idrissa Seck, le mystère est encore le plus total. Certains de ses détracteurs assurent que son silence actuel et son absence de visibilité sur la scène politique ne sont que la traduction de ses difficultés et son désarroi à mettre en place un appareil électoral capable de lui trouver le nombre de signatures requis pour un parrainage citoyen.
D’aucuns voient dans la posture actuelle du leader de Rewmi les conséquences de sa stratégie de ces dernières années. Car soutiennent-ils, entre 2019 et 2022, les allers et retours de Idrissa Seck entre la Majorité Benno Book Yaakar et l’Opposition au régime de Macky Sall lui ont fait perdre des lieutenants comme Abdourahmane Diouf et Déthié Fall parmi les plus connus de son état-major, mais aussi une grande partie des représentants locaux de Rewmi implantés à l’intérieur du pays. Le parti de Idrissa Seck serait devenu, selon eux, un appareil rabougri avec un leader de dimension nationale mais esseulé du fait de ses zigzags.
Il faut craindre qu’une présidentielle, déjà, sans Macky Sall et Ousmane Sonko, mais en plus avec l’absence virtuelle de Karim Wade et de Idrissa Seck ne perde en intensité, même si elle sera, encore, plus ouverte avec tous les autres candidats qui parviendront à franchir la barre des parrainages.
L’on peut comprendre d’une certaine façon pourquoi Macky Sall paraît si confiant en la victoire certaine de son favori, même si le scénario qui s’est imposé au Kenya lors de la succession de Uhuru Kenyatta n’est pas celui que ce dernier avait concocté. A Nairobi, le candidat du Président sortant a été battu sur le fil.
Israël, unique superpuissance mondiale
Si les faits sont têtus et que seule la réalité compte, il faut, donc, accepter que la politique d’Israël soit la meilleure. Et que, donc, comme l’écrivait Cheikh Hamidou Kane dans son livre L’Aventure Ambiguë : « il faut apprendre à vaincre sans avoir raison ».
Le gouvernement israélien de Ben Yamin Netanyahou applique, ainsi, contre le Hamas et les Palestiniens la loi du plus fort. La doctrine de l’Etat juif est celle consistant à mettre la sécurité d’Israël et des Juifs au-dessus de toute autre éthique humaniste ou valeur morale. Les lois de la guerre, les résolutions des Nations-Unies, les prises de position de la communauté internationale ne sauraient passer avant celles sur la sécurité de l’Etat juif et de ses habitants.
Cette doctrine israélienne dérive de la même idéologie que celle que Donald Trump a défendu avec sa philosophie de « America First » et son slogan « Make America Great again », tout comme la posture de Vladimir Poutine avec son ambition de faire renaître la « Grande Russie » (Russie, Biélorussie et Ukraine) est du même acabit.
Israël démontre à la face du monde, comme Poutine avec l’Ukraine, qu’il vaut mieux être craint que d’être respecté. Et à voir l’assujettissement de tous les pays occidentaux, ainsi que celui de leurs vassaux de la planète sur les positions israéliennes, aide à mieux comprendre le poids et la puissance de la communauté juive sur les affaires du monde. Aucun dirigeant politique européen, américain et même arabe et asiatique n’ose braver le diktat de ce que certains appellent « le lobby juif mondial » qui exige la solidarité de tous sur le droit d’Israël à exercer sa revanche sanguinaire contre le peuple errant palestinien.
N’est-il pas étonnant de relever que si la « Rue arabe » s’agite de partout pour dénoncer la violence inhumaine que déploie l’armée israélienne dans sa traque pour l’éradication du Hamas, les dirigeants arabes, eux, paraissent très timorés ou mesurés dans leur dénonciation de cette « solution finale » appliquée par Israël contre les Palestiniens. Ces derniers ne devraient s’en prendre qu’à ceux qui les ont mis dans cette posture. C’est-à-dire les Iraniens et les Qataris, chacun d’eux ayant toujours mis leurs intérêts diplomatiques et politiques avant la défense des droits légitimes d’un peuple que la communauté internationale a condamné à l’errance permanente, depuis la création de l’Etat d’Israël en 1947 sur les terres de la Palestine alors sous mandat britannique.
Abdoulaye Bamba DIALLO