Publié le 24 Jun 2016 - 22:26
LIBRE APRES 5 ANS DE DETENTION

Le trio avait lynché un voleur qui a fait une chute mortelle

 

Après avoir passé près de six ans derrière les barreaux, les accusés Mamadou Koné, Babacar Kouyaté et Moussa Tine ont recouvré la liberté hier, à l’issue de leur procès. Car, la Chambre criminelle de Dakar a disqualifié les faits de meurtre qui leur étaient initialement reprochés en homicide involontaire et les a condamnés à quatre années d’emprisonnement ferme.

 

Le sort de Mamadou Koné, Babacar Kouyaté et Moussa Tine devrait pousser certains Sénégalais enclins à lyncher des voleurs à savoir qu’on ne doit pas se faire justice soi-même. En effet, ce trio a passé 5 ans 8 mois et 1 jour en prison pour avoir lynché un voleur. Ce dernier, sous la violence des coups, avait sauté du deuxième étage et s’était fracassé le crâne, rendant l’âme sur le coup. Les faits ont eu lieu le 13 octobre 2010 à HLM Grand-Yoff. Mamadou Koné se rendait au deuxième étage de l’immeuble où il habitait avec son cousin Babacar Kouyaté, lorsqu’il a croisé dans les escaliers un inconnu. Interrogé sur sa présence, l’individu lui avait répondu qu’on l’avait envoyé à la salle de jeux qui se trouvait au rez-de-chaussée. Ce qui a suscité des soupçons chez Babacar Kouyaté sorti de la chambre où il dormait. Ayant fouillé le sac du suspect, il y a découvert ses habits.

‘’Je lui ai donné un coup et j’ai repris mes habits, avant de retourner dans la chambre’’, a déclaré Babacar Kouyaté hier, à la barre de la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Dakar. Mais Mamadou Koné a pris son contre-pied, en déclarant que son cousin et le gardien de l’immeuble, Moussa Tine, avaient conduit le voleur à la terrasse pour le bastonner. Tout en reconnaissant avoir giflé la victime, Mamadou Koné a soutenu avoir suggéré à ses coaccusés de conduire le voleur à la police, mais Moussa Tine s’y est opposé.

Lorsqu’il a été entendu, le gardien a déclaré qu’il était dans la rue lorsque des enfants l’ont informé de la présence d’un voleur dans la maison. ‘’Lorsque les enfants m’ont appelé, je suis entré dans le magasin pour prendre mon téléphone, en vue d’appeler la police. Arrivé au premier étage, j’ai entendu qu’il s’était enfui et je suis redescendu pour fermer l’appartement d’en bas’’, a déclaré Moussa Tine. Lui également a nié avoir touché le voleur. ‘’Je suis vigile, depuis 1976 et je n’ai jamais levé la main sur un voleur. A chaque fois que j’en appréhende un, j’appelle la police ou mon patron’’, s’est-il défendu.

10 millions F CFA au père de la victime

Alors que les accusés se sont obstinés à dire qu’ils n’ont pas bastonné le voleur, qu’il a sauté sous la menace de la foule, les témoignages et les constatations ont prouvé le contraire.  Selon la dame Aïda Diène, elle a entendu des cris et a vu un jeune homme vêtu d’une culotte et d’un Lacoste suppliant des gens qui le bastonnaient. Il s’y ajoute que, lorsqu’il est tombé, le voleur était torse nu et portait des éraflures et des traces de blessures.

Ainsi, pour le substitut Adama Ndiaye, les coups sont constants mais ne sont pas de nature à donner la mort. Relevant que le voleur a sauté, car il ne pouvait plus supporter les sévices corporelles, il a estimé qu’il n’y a ni meurtre ni coup mortel. Toutefois, il a soutenu qu’il y a négligence de la part des accusés qui devaient se comporter en ‘’bons pères de famille’’, en conduisant le voleur à la police. ‘’Ils ont involontairement causé la chute qui a occasionné la mort’’, a déploré le maître des poursuites, avant de demander une requalification des faits en homicide involontaire.

La défense a soutenu que les 5 ans requis par le parquet ne se justifient pas, car il n’y a même pas d’homicide involontaire, puisqu’il n’est pas établi que la victime soit décédée à cause des coups. ‘’Tine n’est pas coupable d’homicide involontaire, car il n’a même pas eu de contact direct avec le voleur. Il est temps qu’il sorte et il doit être acquitté’’, a martelé Me Ibrahima Mbengue. Après délibéré, la chambre criminelle a suivi le réquisitoire du parquet, mais a condamné les accusés à une peine de quatre ans ferme. Ce qui fait qu’ils sont tous libres. Ils doivent verser la somme de 10 millions F CFA au père de la victime. 

FATOU SY

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