Publié le 25 Mar 2021 - 17:43
LUTTE CONTRE LA TUBERCULOSE

Dakar engorge le plus grand nombre de cas 

 

La tuberculose continue à faire des ravages au Sénégal, malgré l’énorme succès de pris en charge. Six régions ont enregistré plus de 80 % de cas. Dakar, à elle seule, regroupe un taux de 44 %. Dans le pays, 1/3 des personnes infectées n’est pas encore vu dans les structures sanitaires.

 

Malgré la gratuité du traitement et du dépistage, la lutte contre la tuberculose reste un grand défi pour les pays africains. Au Sénégal, son incidence est de 118 nouveaux cas par tranche de 100 000 habitants.  Sa mortalité est estimée à 17 décès pour 100 000 habitants.

Selon le secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Action Sociale, Alassane Mbengue, qui a présidé hier la cérémonie de la journée mondiale, la pathologie est diagnostiquée à plus de 80 % dans six régions : Dakar, Thiès, Diourbel, Kaolack, Saint-Louis et Ziguinchor. La région de Dakar recense, à elle seule, près de 44 % de tous les cas de tuberculose.

En 2020, le pays a enregistré 12 808 nouveaux cas de tuberculose dont 67 % sont de sexe masculin. La létalité est de 3,28 %, soit 420 décès. ‘’Une analyse primaire de ces résultats a montré qu’environ 1/3 des cas de malades attendus n’ont pas été reçus dans les structures de santé. Ces cas manquants, qui ne sont ni diagnostiqués ni traités, favorisent et entretiennent la transmission communautaire de la maladie’’, souligne le secrétaire général. Il révèle qu’au Sénégal, la tuberculose est restée longtemps contrôlée, grâce à la progression constante des taux de détection et de succès.

 ‘’Aujourd’hui, nous travaillons à relever le défi de l’élimination. Cette année, la célébration de la JMT est fortement marquée par la Covid-19 qui, il faut le souligner, a entrainé une baisse de la fréquentation des structures sanitaires. Cela d’autant plus que des similitudes étaient établies entre   la   Covid-19   et   la   tuberculose’’, renseigne-t-il. Avant d’ajouter que ces similitudes sont, entre autres, les circonstances de transmission, la symptomatologie, la plateforme de diagnostic, les stratégies de prévention et de prise en charge.

Par ailleurs, souligne Alassane Mbengue, divers facteurs sont susceptibles d’accroître le risque de   contamination pour les deux maladies. C’est le non-respect des mesures barrières, le contact entre les prestataires de soins et les patients, le non-respect des rendez-vous pour le suivi du traitement, l’interruption des activités de sensibilisation des communautés.

Dans cette dynamique, l’édition 2021 met l’accent sur l’importance du dépistage, pour s’assurer que les personnes souffrant de tuberculose se soignent et évitent ainsi de transmettre la maladie à d’autres personnes.

‘’Plus de 500 mille Africains perdent la vie chaque année’’

La journée mondiale de la tuberculose a été célébrée sous le thème ‘’L’horloge tourne’’. Un thème, soutient Alassane Mbengue, en phase avec les mesures spécifiques que les dirigeants mondiaux avaient pris, lors de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la lutte contre la tuberculose en 2018. Ces mesures concernent, entre autres, la mise sous traitement curatif de 40 millions de personnes, la mise sous traitement préventif de 30 millions de personnes, l’investissement d’au moins 13 milliards de dollars par an pour l’accès universel à la prévention, au diagnostic, au traitement et à la prise en charge de la tuberculose. Mais également le financement d’au moins 2 milliards de dollars par an pour la recherche sur la tuberculose.

Pour le secrétaire général, la non-réalisation de ces engagements, d’ici décembre 2022, risque de compromettre la réalisation de l’objectif de développement durable de mettre fin à la tuberculose, d’ici 2030.

La représentante résidente de l’Organisation mondiale de la santé au Sénégal a magnifié les progrès du pays sur l’intégration de la multisectorialité dans la lutte contre la tuberculose, du taux de succès thérapeutique de 89 % pour la tuberculose pharmaco-sensible, en 2019, pour un objectif de 90 %.  Selon le docteur Lucille Imboua, dans certaines régions à forte morbidité de TB, comme Kaolack, Saint-Louis et Thiès, ce taux dépasse les 90 %. Cependant, précise-t-elle, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour le tiers des patients tuberculeux non encore vus dans les structures sanitaires.

 A son avis, l’intensification de la recherche active de la tuberculose chez les contacts de tuberculeux, les PVVIH, les diabétiques et les enfants, la chimio-prophylaxie à l’isoniazide chez les contacts sains et chez les PVVIH indemnes de tuberculose sont indispensables pour le contrôle de cette maladie au Sénégal. Elle souligne que le dépistage et le traitement de la tuberculose pharmaco-résistance devront être également améliorés. ‘’Plus de 500 mille Africains perdent la vie chaque année, à cause de la tuberculose. Il n’y a aucune excuse pour cette situation, le dépistage et le traitement étant gratuits. Trop de personnes tombent dans la pauvreté, après avoir contracté la TB, à cause des pertes de revenu subies et des frais de transport et autres dépenses à supporter’’, dénonce le Dr Imboua.

VIVIANE DIATTA

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