Publié le 30 Apr 2015 - 15:02
LUTTE - TYSON / GRIS BORDEAUX DU 3 MAI

Roi du ‘’Bul faale’’ et du business

 

Malgré ses déboires et plus de dix ans sans succès dans l’arène, Mohamed Ndao ‘’Tyson’’ va affronter, ce dimanche, Gris Bordeaux, le Tigre de Fass. Le chef de file de l’écurie Bul faale va tenter de sauver son ‘’Sport business’’.

 

Les griots ont chanté ses louanges, ses exploits ont fait fantasmer les jeunes et amateurs de lutte des années 1990, son charisme a forcé l’admiration et son image a attiré les sponsors. En une décennie, Mohamed Ndao alias ‘’Tyson’’ était devenu l’idole de quasiment tous les jeunes lutteurs qui aspiraient à avoir la même trajectoire et le même succès. Le leader de la ‘’Génération Bul faale’’ avait tout balayé sur son chemin qui l’a mené à la gloire. Manga II, Mor Fadam, Moustapha Guèye… personne n’avait pu arrêter l’ouragan Tyson. C’est Bombardier qui va finalement stopper le ‘’phénomène’’ de l’époque, au début des années 2000.  Et depuis lors, l’enfant de Kaolack n’a plus gagné un seul combat. Yékini, Balla Gaye 2 l’ont battu sans bavure.

Mais la légende est toujours vivante. Oui, la saga Tyson continue ! Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, l’ancien mentor d’Eumeu Sène est toujours présent dans l’arène et continue de faire parler de lui. Malgré sa très mauvaise série marquée par plus d’une dizaine d’années sans succès sportif, le leader de la ‘’Génération Bul faale’’ résiste à une logique qui l’aurait impitoyablement relégué d’une voire de plusieurs classes. Mais l’enfant de Kaolack garde toujours et quasiment le même statut, celui de VIP incontournable pour rehausser et agrémenter une affiche. Comme celle-ci qui va le mettre aux prises avec Gris Bordeaux, dimanche prochain, au stade Demba Diop de Dakar.

Un business à sauvegarder

Cette résistance de Tyson semble un grand paradoxe dans cette sphère parfois cruelle pour certains. Parce que l’ancien roi des arènes n’est plus cette coqueluche qui faisait rêver. Il a adopté le concept de ‘’sport-business’’ dans ses activités. La recherche de gain l’emporte sur le résultat sportif. Le promoteur Gaston Mbengue a été obligé de sortir un gros chèque de 100 millions F Cfa pour le sortir de sa retraite et affronter Yékini. Malgré la défaite, il a su garder la même valeur marchande. Il a repoussé un chèque à plusieurs millions en 2013. Ce qui a eu le don de diviser dans le milieu de la lutte. ''Tyson ne mérite pas plus de 75 millions F Cfa'', a estimé le patron de Gaston Productions. Quelques jours après, le promoteur Aziz Ndiaye décaisse environ 100 millions F Cfa (selon les estimations) pour le leader de la ''Génération Bul faale'' pour un combat contre Gris Bordeaux. Le défi de Tyson est aujourd’hui de vaincre le 3e Tigre de Fass pour sauvegarder son ‘’sport-business’’. ‘’Je fais du sport-business mais au prix de ma vie’’, avait-il clamé lors d’un face-à-face avec Balla Gaye 2. Voici quelques avis sur le débat posé en 2013

Max Mbergane, directeur technique de l’écurie Lansar

''Il a révolutionné la lutte''

 ''Tyson mérite bien les 120 millions qu'on lui a payé, sa personnalité dans la lutte le lui permet. Plus que quiconque, il est celui qui a révolutionné la lutte et poussé tous les jeunes à vouloir être lutteurs. C'est lui qui a porté les cachets à un niveau inimaginable et fait des lutteurs des nobles. Avant, la lutte était considérée comme une affaire d'agresseurs ; mais dès qu'il est arrivé au sommet, il a changé les mentalités et fait aimer la lutte à tout le monde. Il a su garder sa valeur marchande''.

Malick Thiandoum, journaliste à la Sen Tv

‘’Sa force, c'est le mythe qu'il entretient autour de lui’’

 ''Tyson est un adepte du sport business et du montage financier. Ces deux concepts sont apparus dans la lutte grâce à lui. C'est un fin négociateur. Malgré son statut de lutteur qui ne gagne plus, il peut négocier plus de 100 millions comme cachet. Contre Balla Gaye 2, par exemple, il avait reçu plus de 120 millions ; et malgré la défaite, il ne veut pas descendre de la barre des 100 millions. Sa force, c'est le mythe qu'il entretient autour de lui, il sait gérer son image. Car après 9 années sans victoire, la logique voudrait que sa valeur marchande chute, mais cette logique marche avec tous sauf avec lui''.

ADAMA COLY

 

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